Chine - Musée

Asie

Un « Museum Plus » pour la Chine

Par Katie Hunt · Le Journal des Arts

Le 17 janvier 2012 - 720 mots

Le « M+ » est un vaste projet de musée d’art contemporain à Hongkong. Son directeur, Lars Nittve, en révèle les grandes lignes.

HONGKONG - À en croire Lars Nittve, l’Asie manque cruellement de talents dans le métier de la conservation. Responsable du projet « Museum Plus » (M+ ), un vaste musée dédié à l’art contemporain situé dans le quartier culturel de West Kowloon à Hongkong, Lars Nittve révèle que son « plus grand défi » est de trouver le personnel adéquat. Car il présente cet ambitieux projet comme le pendant oriental du Museum of Modern Art de New York.

« M+ » figure parmi les musées en préparation les plus importants, avec ceux de l’île de Saadiyat à Abou Dhabi (Émirats arabes unis). À l’image du Guggenheim-Abou Dhabi, « M+ » a connu quelques revers, ainsi le départ de Graham Sheffield cinq mois après avoir pris les rênes du projet du quartier culturel de West Kowloon. Un concours international d’architecture doit se tenir au printemps – le budget alloué à l’édifice s’élèverait à 468 millions d’euros. Les espaces d’exposition s’étendront à eux seuls sur 20 000 mètres carrés, soit près du double de la surface de la Tate Modern. Directeur fondateur de ce musée londonien, le Suédois Lars Nittve était à la tête du Moderna Museet à Stockholm depuis 2001 au moment de partir assurer la direction du « M+ ». La pénurie de grands musées internationaux en Asie expliquerait, selon lui, son incapacité à pourvoir des postes à responsabilité tel celui de chef de la conservation, ce malgré une avalanche de dossiers : « Nous pourrions très facilement recruter des équipes en Europe, aux États-Unis ou en Australie, car le projet est très séduisant. Mais cela ne conviendrait pas car il faut pouvoir comprendre le contexte et l’environnement, tant sur le plan local que régional. » Lars Nittve préférant engager des personnes de la région fortes d’une expérience professionnelle dans les grands musées occidentaux, l’équipe en cours de constitution est jeune, car seule la nouvelle génération de conservateurs a voyagé.

Alliages de dons et d’achats
Une fois sur pied, l’équipe de conservation s’attellera à la constitution d’une grande collection. 1,7 milliard de dollars hongkongais (168 millions d’euros) ont été apportés par le gouvernement pour ce fonds, qui sera axé sur l’art hongkongais et chinois de la fin des années 1970 à nos jours. Lars Nittve affine actuellement sa politique d’acquisition ; il est en pourparlers avec quelques-uns des plus grands collectionneurs d’art contemporain chinois et asiatique qui verraient bien leurs œuvres accueillies de manière permanente en Asie. Il entend mettre en place des « alliages de dons et d’achats », à l’image du modèle mi-don mi-vente imaginé par Anthony d’Offay, la Tate et les National Galleries of Scotland. En 2008, ces musées britanniques ont déboursé 31,7 millions d’euros pour acquérir la collection d’art contemporain du galeriste londonien, alors estimée à 150 millions d’euros. « Lorsque vous bâtissez une collection, c’est un mélange de recherches, d’évaluation et d’opportunité. Dans le cas présent, l’opportunité pourrait donner le ton », explique le directeur suédois.

Hongkong aura droit à un avant-goût de « M+ » au mois de janvier, avec la première exposition temporaire « Mobile M +» prévue à l’occasion du Nouvel An chinois. L’équipe de Lars Nittve a commandé quatre œuvres à des artistes locaux qui seront exposées au Théâtre Bamboo de West Kowloon. Lars Nittve souhaite que « M+ », loin d’imiter les meilleurs musées occidentaux, apporte son lot d’innovations. L’une de ses idées est l’utilisation de techniques numériques pour simuler l’acte intime de dérouler, accrocher et admirer un rouleau peint à l’encre, plutôt que de le présenter sur un mur.

Si le musée, dont l’ouverture est prévue en 2018, vise pour l’instant le million et demi de visiteurs par an, les attentes sont grandes au vu du budget alloué, de l’emplacement du bâtiment en front de mer et de la réputation de Lars Nittve. Son défi principal sera de créer un musée capable d’attirer les foules mais aussi de dissiper l’image de Hongkong comme impasse culturelle où les gens ne se préoccupent que d’argent. Un an après avoir pris ses fonctions, Lars Nittve se sent « étonnamment confiant » : « Si nous y parvenons, je pense que nous allons être stupéfaits par l’appétit [du public]. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°361 du 20 janvier 2012, avec le titre suivant : Un « Museum Plus » pour la Chine

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