Arts premiers

Ruée vers l’art noir

Christie’s et Sotheby’s espèrent, pour leurs ventes d’art africain, faire aussi bien qu’en juin

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 30 novembre 2011 - 553 mots

PARIS - En juin, à Paris, les ventes d’arts premiers organisées par Sotheby’s et Christie’s ont atteint des niveaux de prix exceptionnels, pour ne pas dire spéculatifs.

15,2 millions d’euros d’enchères avaient été enregistrés chez Sotheby’s, quasiment le double de l’estimation haute. Le domaine attire de nouveaux acheteurs fortunés – déjà collectionneurs d’art moderne et contemporain. Seront-ils là en cette fin d’année pour dynamiser le marché, dans une conjoncture plus fragile ? « Nous avons d’importants acheteurs dans l’art africain qui sont restés actifs dans d’autres domaines. Et les arts premiers continuent de s’ouvrir à d’autres collectionneurs, avance Marguerite de Sabran, responsable du département parisien chez Sotheby’s. Nous avons des objets de qualité, variété et fraîcheur propres à éveiller les appétits. »

Le 14 décembre, Sotheby’s présente une solide sélection incluant deux statues d’autel Yoruba/Nago du Bénin, extraordinaires par leur qualité, leur style et leur rareté, estimées 400 000 à 600 000 euros chacune. Attendu autour de 400 000 euros, un rarissime masque Ikwara du sud du Gabon fait partie de ces masques Punu de morphologie analogue aux masques blancs mais entièrement teintés de noir. Par sa qualité, il est proche de celui conservé au Musée du quai Branly, à Paris. Provenant de l’ancienne collection Félix Fénéon, un beau masque Kwélé du Gabon, dit « à cornes enveloppantes », qui avait été exposé par l’antiquaire français Bernard Dulon à la Biennale des antiquaires, à Paris en 2006, est estimé 200 000 euros. Présenté comme une pièce dont l’épure géométrique et la forme ont inspiré Picasso, un rare masque Boa du Congo devrait séduire un amateur d’art moderne pour 200 000 euros minimum. Estimée 250 000 euros, une grande effigie commémorative de chef Yombé fait également partie des fleurons de la vente. Son acquéreur pourra la comparer à celle conservée au Metropolitan Museum of Art de New York. Estimée 300 000 euros, une cuiller anthropomorphe Dan de Côte-d’Ivoire s’impose comme la plus grande et la plus élégante de son corpus. Inédite, une statuette Lega du Congo, en ivoire, provenant de l’ancienne collection Julius et Josefa Carlebach (New York), sera proposée pour 200 000 euros.

La veille, chez Christie’s, d’autres morceaux de choix sont offerts, à commencer par un rare masque Fang Ngil du Gabon, collecté en 1922. Estimée 600 000 à 800 000 euros, cette pièce à la plastique très moderne est souvent mise en parallèle avec l’œuvre de Modigliani ou Brancusi. D’un grand classicisme, une cariatide Luba du Congo, finement sculptée, datant de la deuxième moitié du XIXe siècle, a été évaluée 500 000 euros au bas mot. Regalia de premier ordre, un rarissime lion Fon du Bénin recouvert d’argent, d’or et de laiton, certainement réalisé pour le trésor de Glélé, roi du Dahomey (actuel Bénin) décédé en 1889, est attendu au-delà de 200 000 euros. Toujours chez Christie’s, l’art océanien devrait avoir son heure de gloire grâce à la belle collection Daniel Blau, mais pour des montants plus raisonnables.

ART AFRICAIN ET OCÉANIEN COLLECTION BLAU
Christie’s le 13 décembre

Experts : Susan Kloman et Pierre Amrouche (consultant)
Estimation : 3 à 4,5 millions d’euros 500 000 euros
Nombre de lots : 102 103


ART D’AFRIQUE ET D’OCÉANIE
Sotheby’s le 14 décembre

Experts : Marguerite de Sabran et Patrick Caput (consultant)
Estimation : 5,7 à 8 millions d’euros
Nombre de lots : 99

Légende photo

Cavalier, Yoruba/Nago, Bénin, 47,5 cm, estimation : 400 000-600 000 euros, vente du 14 décembre, Sotheby’s, Paris.
© Photo : Sotheby’s/ArtDigital Studio.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°358 du 2 décembre 2011, avec le titre suivant : Ruée vers l’art noir

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