Écouen

La majolique humaniste

Par Hélène Brunel · Le Journal des Arts

Le 29 novembre 2011 - 475 mots

Belle démonstration de la persistance des thèmes iconographiques dans la majolique de la Renaissance.

ÉCOUEN - Pour sa première exposition depuis bien longtemps dans un musée français, la faïence italienne s’invite au Musée national de la Renaissance - Château d’Écouen (Val-d’Oise). Dans les appartements de Catherine de Médicis, le public découvre des œuvres peintes aux couleurs lumineuses et au décor érudit. Organisée suivant un parcours thématique en trois espaces, leur présentation illustre la redécouverte par les humanistes des textes anciens et leur influence sur les décors de la faïence italienne, entre 1480 et 1530.

Afin que le visiteur prenne la véritable mesure de cet art décoratif, souvent méconnu et pourtant témoin des bouleversements culturels du XVIe siècle, la première section de l’exposition présente certaines des plus belles pièces, de la vaisselle principalement. Issues de collections françaises, britanniques et italiennes, 60 des 100 œuvres réunies, donnent à voir des scènes relatant des épisodes historiques, religieux, mythologiques ou allégoriques, réutilisés pour évoquer les préoccupations contemporaines de leurs commanditaires. Dépeignant un « type » plus qu’un personnage, le portrait témoigne lui aussi de cette récupération iconographique de modèles idéalisés, facilitée dès 1500 grâce à l’invention de la gravure et de l’imprimerie. Les peintres sur majolique puisent alors leur répertoire décoratif dans des textes traduits, commentés et illustrés. Lesquelles sources graphiques sont exposées dans une salle distincte, aux côtés de courtes explications sur l’origine de cet art et les caractéristiques de sa réalisation.

Art majeur
Dans la troisième salle, consacrée à l’ornement et l’héraldique, les motifs décoratifs « à la manière antique » participent encore de cette réappropriation de thèmes issus du passé. Les services de table, celui d’Isabelle d’Este notamment, réalisé vers 1524 par le plus grand peintre en majolique de la Renaissance, Nicola da Urbino, démontrent enfin que ces artistes n’étaient pas de simples copistes. Dans une composition adaptée à la forme de l’objet, les armoiries reprennent un schéma répandu dans les arts majeurs par les cours du Nord, tandis que d’autres motifs semblent découler des dernières créations picturales de Raphaël et de son atelier. La parenté de style entre Nicola da Urbino et Timoteo Viti est d’ailleurs attestée par un autre service, celui du Museo Correr, à Venise, qui sort d’Italie pour la première fois. Destiné à être vu, il devait initialement se prêter aux sujets de conversation des convives de l’époque. Cinq siècles plus tard, les commissaires de l’exposition souhaitaient défaire la majolique de toute connotation élitiste pour la livrer au grand public.

MAJOLIQUE. LA FAÁ?ENCE ITALIENNE AU TEMPS DES HUMANISTES (1480-1530)

Commissariat : Thierry Crépin-Leblond, directeur du Musée national de la Renaissance ; Françoise Barbe, conservatrice au département des Objets d’art du Musée du Louvre
Nombre de pièces : 100

Jusqu’au 6 février 2012, Musée national de la Renaissance - Château d’Écouen, 95440 Ecouen, tél. 01 34 38 38 50, www.musee-renaissance.fr, tlj sauf mardi 9h30-12h45, 14h-17h15

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°358 du 2 décembre 2011, avec le titre suivant : La majolique humaniste

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