La confiance

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 15 novembre 2011 - 322 mots

Parmi les nombreux points communs que partagent l’art et la finance, la confiance prend un relief particulier en cette période de crise des dettes souveraines. Alors que les États européens s’endettaient depuis déjà de nombreuses années et que leurs obligations étaient toujours créditées de la note maximale par les agences de notation (parmi lesquelles Fitch, qui appartient au mécène du Louvre Marc Ladreit de Lacharrière), brusquement, les marchés financiers se sont mis à douter de la capacité des États à rembourser. Si des facteurs objectifs alimentent évidemment ce doute, il faut aussi compter sur une appréciation purement subjective, voire irrationnelle de la situation. C’est un peu la même chose avec l’art. Il suffit qu’un doute apparaisse sur l’authenticité d’une œuvre pour que sa cote s’effondre immédiatement. Certains antiquaires ne s’en privent pas lorsqu’il s’agit de dénigrer la marchandise d’un concurrent. Les faux, auxquels le JdA consacre tout un dossier dans ce numéro, sont l’une des plaies du marché de l’art. Certaines écoles, telle celle des expressionnistes russes, sont totalement démonétisées en raison d’un grand nombre de faux. Les bronzes de Giacometti souffrent aussi de cette image, et l’affaire du millier de faux Giacometti en Allemagne ne va pas arranger les choses.

Les marchands d’art contemporain mettent d’ailleurs de plus en plus en avant l’absence de faux dans leur secteur (pour des raisons évidentes), afin d’attirer les collectionneurs d’art ancien. À l’inverse, les acheteurs se précipitent vers les pièces de qualité au pedigree assuré, alors même que les Bourses s’affolent. À quelques blocs des indignés de Wall Street, les grandes ventes publiques d’art impressionniste, moderne et contemporain ont retrouvé leur niveau d’avant Lehman Brothers. Reste que si le segment supérieur du marché prospère en dépit de la crise, la plus grande partie du marché de l’art, plus proche de l’économie réelle, n’est pas au mieux de sa forme, tandis que celui des faux ressemble à bien des égards à une chaîne de Ponzi.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°357 du 18 novembre 2011, avec le titre suivant : La confiance

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