Arts premiers - Un bon cru

Pour ses dix ans, le Parcours des mondes a misé sur la qualité

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 20 septembre 2011 - 508 mots

PARIS - Du 6 au 11 septembre à Saint-Germain-des-Prés, le Parcours des mondes a fêté sa 10e édition avec un éventail d’expositions exceptionnelles, d’une qualité supérieure aux années précédentes.

Pierre Moos, qui dirige l’organisation du Parcours, parle d’un « succès sur toute la ligne ». En vedette, une exposition sur les figures de reliquaire Kota, merveilleusement mise en scène par le Parisien Yann Ferrandin, complétait celle très pointue de son confrère Bernard Dulon. Une exposition époustouflante, proposée par l’Espagnol Antonio Casanovas (galerie Arte y Ritual [à Madrid], hébergée au 11, rue des Beaux-Arts), présentait de rares paniers en vannerie des Indiens Pomo de Californie, issus d’une vieille collection européenne. Certains paniers étaient décorés de plumes : les plus beaux ornements provenaient de colibris et de carouges. Le galeriste en demandait 35 000 euros au minimum pour un modèle sans plumes, et plus de 500 000 euros pour les plus beaux spécimens avec plumes.

« Totems miniatures »
Le climat de crise économique de la rentrée aura un peu ralenti les transactions qui ont, de l’avis général, été moindres en début de Parcours. Sauf pour les objets exceptionnels, qui ont été emportés dès le vernissage, à l’instar d’une poignée de fabuleux objets eskimos et d’une ceinture en peau de raie des îles Kiribati (Micronésie), datée du XIXe siècle et provenant d’une collection privée berlinoise, chez Anthony Meyer. « J’aurais pu les vendre dix fois », commente le galeriste parisien. Un masque Makondé d’Afrique de l’Est, auréolé de multiples publications dirigées par le Musée Dapper à Paris, a rapidement été vendu chez le Canadien Jacques Germain (installé dans la galerie Aittouares, rue des Beaux-Arts), tandis que le marchand qualifiait d’« achats plus réfléchis » la vente d’un chien Bakongo, d’un masque Dan, de deux figures Songuyé et d’un masque Léga. On pouvait s’étonner de voir des points rouges (signalant la conclusion d’une vente) avant même l’ouverture officielle des galeries, le mardi 6 septembre à 15 heures Mais les marchands résistent peu à la pression de leurs fidèles clients qui les poussent à une visite privée avant l’heure ou qui achètent à l’avance sur catalogue. Cela a été le cas pour une caryatide Luba Upemba du Congo, le lot phare du marchand parisien Lucas Ratton (en exposition chez Bob Vallois, rue de Seine), et pour plusieurs cuillères sculptées des Indiens du nord de l’Amérique présentées par la galerie Dodier d’Avranches (hôte de l’antiquaire Michel Giraud, rue de Seine). Si cette dernière exposition, intitulée « Totems miniatures », fut très remarquée, certains collectionneurs à l’œil averti s’étonnaient pourtant de voir, à côté de « pièces fantastiques, d’autres cuillères plus récentes qui sont des objets à touristes ».

L’annonce de la création d’un vetting cette année sur le Parcours a eu un petit effet purificateur, puisque la plupart des galeries ont elles-mêmes fait le tri. Reste aux organisateurs à se montrer plus rigoureux sur le retrait des pièces signalées comme douteuses par le comité d’experts mis en place. Ce que promet Pierre Moos, qui sanctionnera les très mauvais élèves l’an prochain par des exclusions

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°353 du 23 septembre 2011, avec le titre suivant : Arts premiers - Un bon cru

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