Arts premiers

Parcours des mondes n° 10

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 6 septembre 2011 - 747 mots

La manifestation consolide, année après année, un format original d’exposition-vente dans les galeries de Saint-Germain-des-Prés.

PARIS - Le Parcours des mondes a entamé sa dixième édition le soir du 6 septembre, dans le même esprit convivial créé à ses débuts. La notoriété en plus. Ce salon hors les murs dédié aux arts premiers, lancé en 2002 par Rik Gadella dans le quartier Saint-Germain-des-Prés, à Paris, sur le modèle de Bruneaf à Bruxelles, a su prendre une véritable ampleur internationale, tant du côté des galeries participantes que de sa fréquentation. Ce succès s’appuie sur un marché en pleine progression, où Paris a su s’imposer comme première place mondiale pour les arts premiers. Depuis 2008, le Parcours est piloté par Pierre Moos, grand amateur d’arts premiers et directeur du magazine Tribal Art. Cette publication vient de sortir une intéressante enquête sur les collectionneurs d’arts premiers (1), qui fait apparaître que le principal domaine d’intérêt reste l’art africain à 89 %. Ils sont 56 % à porter leur attention à l’art océanien et plus de 32 % sont également des amateurs d’art moderne. Près de la moitié consacre un budget annuel d’acquisition de moins de 10 000 euros. 32 % dépensent entre 10 000 et 30 000 euros. Moins de 8 % investissent plus de 100 000 euros chaque année.

Leurs interlocuteurs sont de préférence les marchands pour plus de 75 % des collectionneurs, contre un taux de fréquentation de 60 % pour les ventes publiques. Enfin, toujours selon cette enquête, le Parcours des mondes reste l’événement le plus suivi. Un bon point pour ses organisateurs, qui ont toujours revendiqué le rôle majeur des galeristes dans la formation de nouveaux collectionneurs. 

« Année millésimée »
On regrettera que, pour marquer ce dixième anniversaire, aucune exposition n’ait pu être organisée, à l’instar des deux précédentes à la Monnaie de Paris. Mais l’implication des galeries dans l’événement est de taille, avec des expositions pertinentes accompagnées de catalogues, et c’est ce qui fait la réputation de l’événement. Pierre Moos parle d’une « année millésimée pour le Parcours 2011 ».
Le marchand parisien Renaud Vanuxem a choisi d’honorer les dix ans avec une exposition intitulée « 10 ans/10 sculptures » incluant une émouvante et très expressive statuette Bangwa Mupo du Cameroun, recouverte de cuir d’antilope et qui a appartenu à Salvador Dalí. Sous le titre « Sacrifice : du sang et du sens », l’antiquaire bruxellois Joaquin Pecci a réuni, à la galerie Sellem, des sculptures et masques africains dont la patine est composée d’ajouts sacrificiels conférant aux objets une dimension sacrée. Les arts classiques de Polynésie sont à l’affiche de la galerie parisienne Flak, où l’on peut admirer un superbe éventail de dignitaire des îles Marquises datant de la première moitié du XIXe siècle, collecté avant 1847. Pour sa première participation au Parcours, la galerie new-yorkaise Jacaranda Tribal a sélectionné de très beaux objets d’Afrique du Sud à la galerie Forêt Verte, tandis que le Français Lucas Ratton (Saint-Ouen), qui a élu domicile dans la galerie de sculptures Vallois, a intelligemment composé avec son hôte. Vallois montre un ensemble de sculptures et dessins réalisés en 2010 par l’artiste béninois Dominique Zinkpè, dont le travail entre en résonance avec la quinzaine de pièces africaines apportée par Ratton.

Une forêt de cuillères sculptées des Indiens de la côte nord-ouest du Canada, de Colombie britannique et des populations du Sud-Est de l’Alaska est à découvrir à la galerie Dodier (Avranches), qui expose chez Olivier Vanuxem. Ce sont de véritables « totems miniatures » comme les appelle le galeriste, qui a mis une vingtaine d’années pour  réunir un tel ensemble. Les classiques figures de reliquaire Kota, canons de l’art africain, sont à voir chez les Parisiens Bernard Dulon et Yann Ferrandin. 
Signalons encore une exposition originale de la part d’Alain Dufour (Saint-Maur) à la galerie Louis Cane, sur les Abron et Koulango, deux ethnies vivant entre la Côte d’Ivoire et le Ghana. « C’est une sculpture africaine peu connue – en majorité des statues de représentation féminine en bois mi-lourd, à patine noire brillante –, qui est abordable bien que rare [entre 2 000 et 20 000 euros] », souligne le galeriste. Avis aux amateurs à petit budget.  

(1) À partir d’un sondage réalisé en avril 2011 auprès de 5 000 lecteurs de Tribal Art, avec un taux de réponse de 12 %

Parcours des mondes

Du 7 au 11 septembre, quartier Saint-Germain-des-Prés, 75006 Paris, www.parcours-des-mondes.com, tlj 11h-19h, 8 septembre jusqu’à 21h, 11 septembre jusqu’à 17h. Catalogue, 10 €

PARCOURS DES MONDES

Organisation : Tribal Art Management (Arquennes, Belgique)

Nombre d’exposants : 64

Frais de participation : 4 900 euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°352 du 9 septembre 2011, avec le titre suivant : Parcours des mondes n° 10

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque