São Paulo

Design do Brazil

Un salon du design a été organisé pour la première fois au Brésil, du 15 au 19 juin

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 21 juin 2011 - 784 mots

SÁO PAULO - C’est une première : un Salon du design au Brésil, dans sa plus grande ville, São Paulo, mégalopole frisant les 20 millions d’habitants. Il s’intitule « Salão Design São Paulo » et a eu lieu du 15 au 19 juin.

L’idée de cette foire trottait dans la tête de Waldick Jatobá« depuis quatre ans », avant qu’il ne passe à l’action, en parallèle à la déjà installée « Fashion Week », qui fête, elle, ses 15 printemps en 2011. Ce banquier et collectionneur a donc réuni, pour ce premier opus, quelques sponsors de poids – parmi lesquels UBS – et 20 exposants, le tout sous la « Oca » du parc Ibirapuera, étrange bulle de béton construite en 1954 par le fameux architecte carioca Oscar Niemeyer. Outre son volet commercial, tout salon qui se respecte se doit d’exhiber un vernis un tant soit peu « culturel ». C’est le cas ici avec l’organisation d’une série de conférences impliquant des personnalités du monde du design ainsi que des expositions. Une mini-rétrospective revient sur le travail du duo de stylistes Maurizio Galante et Tal Lancman, condensé d’une exposition ayant transité par le Musée d’art et d’industrie de Saint-Étienne et par la Triennale de Milan. Sans oublier l’incontournable « prix du Designer de l’année ». Pour cette session inaugurale, celui-ci ne pouvait échapper aux deux designers brésiliens les plus connus de la planète et résidents paulistes : les frères Campana, Fernando et Humberto. À vrai dire, hors du Brésil, on ne connaît pratiquement qu’eux. Ledit salon est donc aussi une occasion de découvrir d’autres noms locaux, aussi bien de fabuleux anciens tels Joaquim Tenreiro, José Zanine Caldas, Jean Gillon et Sergio Rodrigues, que des créateurs issus de la génération montante comme Rodrigo Almeida, Mana Bernardes ou Leo Capote. 

Exposants hétéroclites
Déployés sur quelque 4 000 m2, au niveau bas de l’Oca, les exposants sont plutôt hétéroclites : du fabricant de luminaires Lumini investi avec un bijoutier, António Bernardo, pour la suspension 360°, en or et en série limitée de 7 pièces (20 000 réals, env. 8 800 euros), jusqu’au plus ancien marchand pauliste d’art contemporain, la Galeria Luisa Strina. Celle-ci montre des créations d’un artiste phare de la scène brésilienne, Marepe – une « tour » de bassines bariolées (8 800 euros), un muselé surdimensionné en bois (13 230 euros) –, ainsi que trois suspensions conçues avec des matériaux recyclés (entre 2 650 et 4 400 euros) par la créatrice de bijoux Mana Bernardes. Côté production actuelle, la firme de luminaires Bertolucci a édité la lampe en bois Siricutico de Mauricio Arruda et Guto Requena (440 euros) et une lampe en cuivre rose de Claudia Moreira Salles (1 400 euros). Pendant que, sur le stand de l’entreprise Miniloft, le designer Rodrigo Almeida a disposé la collection qu’il leur a dessinée pour l’occasion, dont une chaise enveloppée dans un ample tissu (2 650 euros) et un sofa convertible à deux places (10 000 dollars, env. 7 000 euros).

Les anciens ne sont pas en reste. À la Galerie Passado Composto, une paire de fauteuils Tião en jacaranda signée Sergio Rodrigues est proposée à 5 73 euros, tandis qu’un bel ensemble rigoriste – deux tables basses, deux fauteuils et un sofa de trois places – datant de 1958 et dessiné par Joaquin Tenreiro, est annoncé à… 101 440 euros. Autre designer vedette brésilien : José Zanine Caldas (1918-2001). La galerie Collectors exhibe un très bel et minimal ensemble datant de 1949, comprenant trois fauteuils et une table d’angle pour 15 430 euros. Directrice de la galerie, Clara Sancovsky est ravie de participer à ce premier Salão : « Cela ne fait que quelques années que les Brésiliens redécouvrent le travail des designers de leur pays, c’est pourquoi ce Salon arrive au bon moment. Il permet, en outre, d’être en phase avec cette nouvelle génération de jeunes gens qui, actuellement, achètent de l’art contemporain ».

Reste que ce premier salon ne sait pas encore quelle direction prendre. « On ne veut pas être trop brésilien, mais pas totalement international non plus », admet Waldick Jatobá. Bref, se cantonner au design brésilien ou s’ouvrir plus à l’international sera l’une des équations à résoudre lors de la prochaine édition. Une deuxième sera de trouver le bon agenda pour cette manifestation. Cette année, Salão Design São Paulo a eu lieu en même temps que Design Miami/Art Basel, à Bâle, privant la manifestation pauliste de visiteurs potentiels. C’est pourquoi, afin de limiter les risques, le salon a, à dessein, collé aux basques de son aînée, la Fashion Week. Cette dualité mode/design sera-t-elle aussi efficace que le tandem art contemporain/design actuellement en vigueur dans toutes les autres foires de la planète ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°350 du 24 juin 2011, avec le titre suivant : Design do Brazil

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