Départ

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Baudis quitte l’IMA

Le futur défenseur des droits laisse un bilan controversé à l’Institut du monde arabe

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 21 juin 2011 - 559 mots

PARIS

Président depuis 2007 de l’Institut du monde arabe, à Paris, Dominique Baudis quitte son poste. Son passage aura été marqué par des choix stratégiques controversés. L’institution, qui a vu son rayonnement culturel diminuer ces dernières années, attend toujours un successeur.

PARIS - L’Assemblée nationale a d’ores et déjà donné son accord et le Sénat devrait bientôt faire de même. D’ici peu, Dominique Baudis, président de l’Institut du monde arabe (IMA) depuis 2007, endossera le rôle de défenseur des droits et quittera l’institution des quais de Seine, créée en 1987 par François Mitterrand et financée en partenariat avec une vingtaine de pays arabes. À en croire la teneur d’une pétition circulant dans la maison depuis mars, ils seront peu nombreux à le regretter. Dans leur texte, les personnels de l’IMA dénoncent la baisse de leurs effectifs alors que l’organigramme de la direction s’est étoffé depuis l’élection de leur président, en juin 2009, au Parlement européen : deux présidents, deux directeurs généraux adjoints, un directeur de cabinet, un chef de cabinet et un conseiller diplomatique. Rien de moins. Cela alors que le président – désormais à temps partiel – venait d’obtenir une revalorisation de ses émoluments, portés à 10 000 euros mensuels en décembre 2008. En 2009, la publication par l’hebdomadaire Backchich d’un échantillon de ses notes de frais avait par ailleurs révélé une propension à la dépense, au détriment de l’institution. De quoi attirer l’attention de la Cour des comptes, qui remettra au Quai d’Orsay, en septembre, un rapport sur la gestion de l’institution.

Outre ces dérives financières, les personnels s’alarment de l’indigence des activités culturelles de l’IMA, dont la dernière grande exposition patrimoniale remonte à 2009. Il s’agissait de « Bonaparte et l’Égypte », une exposition dont les 350 000 euros réservés à la communication ont notamment permis de rappeler que Dominique Baudis avait publié un ouvrage sur le sujet. Le mélange des genres ne dérangeait pas : la femme du président n’a pas hésité à se faire elle-même commissaire d’exposition pour l’IMA. En 2007, le directeur historique du musée, Brahim Alaoui, avait été écarté brutalement après une accusation fallacieuse de vol. Cette affaire a valu à Dominique Baudis d’être condamné par le tribunal de grande instance de Paris pour diffamation.

Récemment, l’institution est aussi apparue comme étant totalement autiste aux bouleversements agitant le monde arabe. En décembre 2010, des politologues invités dans le cadre d’une conférence sur l’Égypte auraient ainsi été incités par Badr-Eddine Arodaky, ancien directeur commercial devenu directeur du musée et directeur général adjoint, à ne pas parler de politique. Les relations de Dominique Baudis avec la plupart des dignitaires des pays arabes, en particulier tunisiens et égyptiens, y seraient-elles pour quelque chose ?

En janvier 2011, Dominique Baudis était encore reçu en Syrie par le président Bachar el-Assad. Et en 2008, il faisait voter par son conseil d’administration l’engagement de rémunérer un cadre libyen par l’IMA, en contrepartie du règlement d’une partie de l’ardoise financière de la Libye. Qui n’a toutefois toujours pas été soldée. Ces relations avec des régimes aujourd’hui honnis feraient-elles désormais mauvais genre ? Quoi qu’il en soit, les candidats à la succession ne se bousculent pas. Cela alors que l’IMA doit aussi faire face à une nouvelle concurrence : celle du département des Arts de l’Islam du Louvre, qui rafle déjà la mise auprès de mécènes auparavant engagés auprès de l’IMA.    

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°350 du 24 juin 2011, avec le titre suivant : Baudis quitte l’IMA

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