Sélection des ventes de la quinzaine (10.06-23.06.11)

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 8 juin 2011 - 901 mots

ARTS PREMIERS VENTE DES 14 ET 15 JUIN À PARIS CHRISTIE’S ET SOTHEBY’S

En ouverture d’une sélection d’art d’Afrique et d’Océanie, Sotheby’s présentera, à Paris, un ensemble exceptionnel de dix œuvres africaines provenant de l’ancienne et prestigieuse collection Pierre Guerre (1910-1978), initiée par son père à l’aube du XXe siècle. Deux œuvres majeures retiennent l’attention : une statue féminine Dogon du Mali, attribuée au « Maître d’Ogol », estimée 300 000 euros. « Publiée dès 1934 dans l’ouvrage-manifeste Negro Anthology de Nancy Cunard, elle s’impose, par la géométrie de ses formes et ses volumes exceptionnels, comme la plus importante des œuvres attribuées au Maître d’Ogol », rapporte l’expert Marguerite de Sabran. L’autre chef-d’œuvre est une figure de reliquaire Fang Mvaï du Gabon, attendue autour de 2 millions d’euros (ill. ci-contre). Pour l’expert, « elle porte à son paroxysme l’impression de force et d’intériorité des témoins les plus aboutis de l’art Fang ». Chez Christie’s, à Paris, l’Afrique est aussi à l’honneur avec la collection Dennis Hotz, comprenant une figure de reliquaire Kota Ndassa du sud-est du Gabon. Estimée 600 000 euros, elle a fait partie de la collection Charles Ratton, avant d’intégrer la collection Hubert Goldet dispersée en 2001 à Paris. On s’arrête aussi sur un masque Dan de Côte d’Ivoire visuellement singulier, toujours issu de la vente Goldet. Estimée 120 000 euros, cette pièce est très recherchée pour son expression plaintive et son épaisse patine. Signalons encore un masque Songye Kifwebe du Congo (est. 150 000 euros) et une figure féminine Dogon de style Tomo-Ka du Mali, provenant de l’ancienne collection Solvit (est. 120 000 euros) et dont l’allure associe des formes sensuelles à des lignes très anguleuses, voire architecturales.

Sotheby’s, 14 juin

Expert : Pierre Amrouche et Susan Kloman
Estimation : 3,5 à 5,3 millions d’euros
Nombre de lots : 201

Sotheby’s, 15 juin

Expert : Marguerite de Sabran et Patrick Caput
Estimation : 5,5 à 8,5 millions d’euros
Nombre de lots : 111

OTTO WOLS VENTE DU 15 JUIN À DROUOT, PARIS SVV APONEM ET SVV SOPHIE RENARD

« Toutes les œuvres présentées dans cette vente sont celles que possédait Otto Wols (1913-1951) à sa mort prématurée à 38 ans. Sa femme les aura transmises à son troisième mari qui lui-même les a léguées. Parallèlement à une dation consentie au profit du Musée national d’art moderne, les ayants droit de ce dernier ont décidé de mettre ce fonds provenant directement de l’artiste aux enchères », indique le commissaire-priseur Denis Antoine. Voilà qui devrait raviver l’intérêt des amateurs pour l’univers de l’artiste, à la fois considéré comme l’initiateur du tachisme, le chef de file de l’abstraction lyrique et un acteur du surréalisme. Ses dessins, aquarelles et tableaux sont offerts par les SVV Aponem et Sophie Renard à Paris, sur des estimations très raisonnables, avec de grands espoirs de voir la cote de Wols s’envoler. Parmi les aquarelles, citons Adam et Ève (1939) et Le Tank (1940, ill. ci-dessus), estimées 15 000 euros chacune. Plus rare, les toiles incluent Visage (1932), Objets flottants (la banane) (1932), Les Petits Poissons (1940), Les Poissons et les vagues (1940) ; Sadness, Cassis (1941), estimées 80 000 euros pièce. Sur une mise à prix de 200 000 euros, le tableau abstrait lyrique La Blême (1949), signé Wols par grattage, correspond à la démarche esthétique d’un Jackson Pollock, chef de file de l’action painting, « même si les deux artistes ne se connaissaient pas », soutient le commissaire-priseur. Un tableau de Wols de la même veine, qui était estimé 100 000 livres sterling (118 000 euros), est parti au prix record de 2,6 millions de livres sterling (3 millions d’euros), le 10 février 2011 à Londres chez Sotheby’s.

Expert : Ewald Rathke
Estimation : 2,5 millions d’euros
Nombre de lots : 161

ART ORIENTALISTE VENTE DES 20, 21 ET 23 JUIN À DROUOT, PARIS SVV GROS & DELETTREZ

Une vente fleuve, chez Gros & Delettrez à Paris, aborde l’orientalisme dans différents domaines artistiques. Ainsi les tableaux sont-ils illuminés par Jeunes filles récoltant des dattes, composition signée Jacques Majorelle, exécutée au Maroc à la détrempe avec des inclusions d’oxydes métalliques et estimée 100 000 euros. On remarque également Village de Bebec sur les bords du Bosphore, huile sur toile signée Fabius Brest (120 000 euros) ainsi que Deux musiciennes d’Édy Legrand (est. 40 000 euros), représentées dans leur flamboyant costume de fête. Du côté des livres, on note la première édition du Coran en arabe, dans son intégralité, par le théologien protestant Abraham Hinkelmann, publiée en 1694 à Hambourg pour la première fois après deux siècles de tentatives infructueuses (est. 8 000 euros) ; une édition originale posthume de la Grammaire égyptienne de Champollion (est. 4 000 euros) ; ou encore le Recueil des historiens orientaux des croisades (1872, est. 3 000 euros). Parmi les écrits arabes, émerge un manuscrit autographe inédit du milieu du XIIIe siècle du grand polygraphe arabe Ali ibn Said al-Maghribi, dont les deux tiers de l’œuvre sont réputés perdus. Selon l’expert Abdelaziz Ghozzi, «  pour ce document [une anthologie de poètes andalous des Ve, VIe et VIIe siècles de l’hégire] qui représente une découverte majeure, l’estimation de 150 000 euros est simplement indicative. En juin de l’année dernière, sur une estimation équivalente, un manuscrit arabe de grammaire, de même origine et datant d’un siècle plus tôt, a été adjugé 1,6 million d’euros ».

Experts : Frédérick Chanoit (tableaux), Abdelaziz Ghozzi (livres et manuscrits) et Antoine Romand (photographies)
Estimation : 2 millions d’euros
Nombre de lots : 650

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°349 du 10 juin 2011, avec le titre suivant : Sélection des ventes de la quinzaine (10.06-23.06.11)

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