Distinction

L’architecture mise à prix

Par Gilles de Bure · Le Journal des Arts

Le 23 mai 2011 - 544 mots

David Chipperfield a obtenu le prix Mies van der Rohe pour sa reconstruction exemplaire du Neues Museum à Berlin.

Ainsi donc, face à face, les six projets finalistes (sélectionnés parmi 343 projets examinés dans 33 pays européens) pour l’obtention du prix Mies van der Rohe et les huit jurés en charge de le décerner, parmi lesquels Lluis Hortet, directeur de la Fondation Mies van der Rohe de Barcelone. Grosses cylindrées cette année que ces six finalistes, puisqu’il s’agit du Britannique David Chipperfield (pour le Neues Museum à Berlin), les Belges Martine De Maeseneer et Dirk Van den Brande (le Théâtre jeune public à Bruxelles), l’Anglo-Irakienne Zaha Hadid (le Maxxi à Rome), les Français Jean Nouvel (le Concert Hall de Copenhague, Danemark) et Bernard Tschumi (le Musée de l’Acropole à Athènes), et le Hollandais Koen van Velsen (le Centre de réhabilitation Groot Klimmendaal à Arnhem, Pays-Bas).

Écriture fluide et puissante
C’est finalement David Chipperfield qui l’a emporté pour sa brillante reconstruction du Neues Museum. Situé sur l’Île aux Musées, à Berlin, le Neues Museum, édifié entre 1843 et 1855 par l’architecte Friedrich August Stüler, est un parfait exemple, avec sa structure en fer et son style néoclassique, de l’architecture industrielle masquée propre au XIXe siècle. La pièce majeure des collections du Neues Museum demeurant, à l’instar de La Joconde pour le Louvre, le buste de Nefertiti (v. 1338 av. J.-C.).
En grande partie détruit lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, il a été laissé quasiment à l’abandon pendant près de soixante-dix ans. Jusqu’à ce que, à la suite de la réunification de l’Allemagne, la municipalité de Berlin décide de restaurer l’Île aux Musées. En quatre ans de travaux (2005-2009), David Chipperfield a réalisé là une œuvre remarquable, alliant dans une écriture fluide et puissante à la fois hier et aujourd’hui. Un travail que le président du jury, Mohsen Mostafavi, définit ainsi : « La reconstruction du Neues Museum est une réussite extraordinaire. Il est rare qu’un architecte et son client mènent à bien un travail d’une telle importance historique et d’une telle complexité, notamment lorsque ce travail associe conservation et nouvelle construction. Le projet soulève et résout de nombreuses questions esthétiques, éthiques et techniques. Il démontre de manière exemplaire ce que la collaboration permet d’obtenir de la pratique architecturale européenne d’aujourd’hui. » Architecte important [on lui doit, entre autres, le River and Rowing Museum à Henley, en Grande-Bretagne ; le Figge Art Museum de Davenport (Iowa) et l’Anchorage Museum (Alaska)], David Chipperfield reçoit cette année l’un des trois prix d’architecture les plus convoités, aux côtés du Pritzker Prize américain, considéré comme le Nobel de l’architecture, et du Praemium Imperiale, japonais. Fondé en 1988 par la Fondation Mies van der Rohe et l’Union européenne, ce prix s’adresse aux vingt-sept pays de l’Union européenne auxquels s’ajoutent la Croatie, l’Islande, le Liechtenstein, la Macédoine, la Norvège, la Serbie et la Turquie.

Parmi les douze lauréats depuis sa fondation, un seul Français : Dominique Perrault, qui l’obtint en 1997 pour la Bibliothèque François Mitterrand à Paris. 

(1) doté de 60 000 euros, il est assorti depuis peu d’une mention spéciale « jeune architecte », dotée de 20 000 euros et décernée cette année à Ramón Bosch et Bet Capdeferro pour la Casa Collage à Gérone en Espagne.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°348 du 27 mai 2011, avec le titre suivant : L’architecture mise à prix

Tous les articles dans Création

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque