Collection publique

Beaubourg mondialise ses sources

Des collectionneurs étrangers vont financer les achats d’œuvres de leur pays par le Musée national d’art moderne

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 11 mai 2011 - 518 mots

Le Centre Pompidou va signer un accord avec des collectionneurs étrangers permettant l’acquisition d’œuvres de leur pays. Le Musée national d’art moderne tente ainsi de relever l’un des défis majeurs de tout grand musée d’art contemporain : constituer une collection internationale et représentative.

PARIS - Le Centre Pompidou poursuit lentement mais sûrement son programme de mondialisation lancé sous la houlette de la conservatrice du Musée national d’art moderne (Mnam) Catherine Grenier. Si l’institution parisienne a sauté tardivement dans le train par rapport à ses homologues espagnols ou américains, les premières semences commencent à porter leurs fruits. Beaubourg vient ainsi de signer un accord avec Hicham Daoudi, président d’Art Holding Morocco et organisateur de la foire Marrakech Art Fair. L’homme d’affaires va donner 150 000 euros par an pendant trois ans pour l’achat d’œuvres d’artistes originaires du Maghreb. Grâce à ce contrat, le Centre Pompidou a récemment acquis La Maquette, de Hassan Darsi, représentant le parc de l’Hermitage à Casablanca. Cet espace vert a été laissé à l’abandon par la ville marocaine. Dans une volonté d’appeler les autorités municipales à réfléchir sur le destin de cette zone verte, Hassan Darsi a conçu une maquette de 17 m2, constituée à la manière d’un puzzle de quinze pièces différentes, reproduction extrêmement fidèle de l’état du parc en 2002. L’œuvre a suscité un vaste débat public, qui a conduit la municipalité à engager un programme de réhabilitation du parc. Cette Maquette a beaucoup circulé en Europe depuis sa réalisation au Mukha de Gand (Belgique), et s’est imposée comme un emblème d’une nouvelle avant-garde marocaine. 
« J’ai signé cet accord car je pense qu’il faut défendre les artistes de mon pays, [afin] qu’ils aient une visibilité sur la scène française, qu’ils jouent le rôle d’ambassadeur du Maroc dans un lieu qui possède l’aura qu’on connaît. Je n’interviens pas dans le choix des artistes, je ne suis pas leur marchand », confie Hicham Daoudi. Ce dernier n’a pas exigé de contrepartie d’ordre matériel, mais plutôt symbolique, cette alliance lui permettant de mieux comprendre le fonctionnement d’un musée occidental. 

Mais aussi Afrique du Sud 
D’après nos informations, non confirmées par le Centre Pompidou, un accord du même type devrait prochainement être signé avec un collectionneur sud-africain, lequel envisage de mettre sur pied une fondation dédiée à l’art africain contemporain à Johannesburg. L’établissement parisien a par ailleurs instauré un groupe d’« Amis Centre Pompidou America Latina », réunis pour la première fois l’an dernier à l’occasion de la Biennale de São Paulo, au Brésil. Ce cercle regroupe pour le moment une vingtaine de personnes, parmi lesquelles la mécène Sandra Mulliez, chacun donnant 10 000 euros au Musée national d’art moderne pour l’acquisition d’œuvres. Certains membres de ce groupe ont déjà commencé à donner des œuvres. Les Brésiliens José Olympio et Andrea Pereira viennent ainsi d’offrir une pièce d’Anna Maria Maiolino. 
Le volant des acquisitions d’œuvres venant des sphères dites émergentes ayant progressé en 2010, il serait sans doute temps que le Centre Pompidou réfléchisse à un accrochage plus mondialisé que celui actuellement visible, et réécrive l’histoire de l’art à partir d’un point de vue moins ethnocentriste… 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°347 du 13 mai 2011, avec le titre suivant : Beaubourg mondialise ses sources

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