New York

La signature ne suffit pas

Le marché a été sélectif lors de la saison des ventes new-yorkaises d’art impressionniste et moderne

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 11 mai 2011 - 702 mots

NEW YORK - Les 3 et 4 mai à New York, chez Sotheby’s et Christie’s, les ventes du soir d’art impressionniste et moderne ont atteint des résultats plutôt satisfaisants, dans une saison caractérisée par un déficit d’œuvres à vendre.

Pour remplir leur catalogue, les maisons de ventes ont été poussées à accepter des exigences financières quelque peu exagérées de la part des vendeurs, et que le marché a corrigées ou sanctionnées. Chez Sotheby’s, le tableau vedette Femmes lisant (Deux personnages) (1934) de Pablo Picasso, estimé 25 à 35 millions de dollars, s’est vendu 21,3 millions de dollars (14,3 millions d’euros). 25 % des œuvres ont été ravalées, démontrant la grande sélectivité des amateurs dans une vente pourtant limitée à une cinquantaine de lots. Chez Christie’s, l’huile sur toile Les Peupliers (1891) de Claude Monet (reproduite en couverture de catalogue) est partie pour 22,4 millions de dollars, à son estimation basse, tandis qu’Iris mauve, du même artiste, estimée 15 à 20 millions de dollars, restait invendue. 
« On est passé d’un marché de signatures à un marché d’images, explique Thomas Bompard, directeur du départeur d’art impressionniste et moderne à Paris chez Sotheby’s. Les collectionneurs veulent des tableaux qui tiennent bien leur mur, c’est-à-dire qui sortent du lot par leur présence, leur force et leur magnétisme. Ils ont tendance à bouder les œuvres moyennes des grands peintres. » « Le marché est mature et se sature rapidement face à des estimations élevées », confirme Thomas Seydoux, directeur international du département impressionniste et moderne chez Christie’s. Le matin de la vacation, la maison de ventes a procédé à des réajustements en baissant quelques prix de réserve, notamment pour Nature morte à la clé (1929), tableau signé Fernand Léger, estimé exagérément 5 à 7 millions de dollars et qui a finalement été emporté pour 4 millions de dollars. 

Jawlensky, Delvaux, Vlaminck
Au final, le vrai succès de la vente chez Sotheby’s revient au tableau Frau mit grünem Fächer (Femme à l’éventail vert) (1912) d’Alexej von Jawlensky, adjugé 11,2 millions de dollars (le second meilleur prix pour l’artiste) ; à l’huile sur panneau Les Cariatides (1946) de Paul Delvaux, envolée au prix record de 9 millions de dollars, contre une estimation haute de 5 millions de dollars, et aux Joueurs de rugby (1920) peints par André Lhote, cédés au prix record de 2,5 millions de dollars (cinq fois l’estimation basse). Christie’s a obtenu de beaux résultats pour la toile Paysage de banlieue (1905) de Maurice de Vlaminck, achetée par la galerie Acquavella (New York) au prix record de 22,5 millions de dollars ; pour La Fenêtre ouverte (1911), toile d’Henri Matisse vendue 15,7 millions de dollars, au-dessus de l’estimation haute de 12 millions de dollars, ainsi que pour Notre-Dame de Paris (1900) de Maximilien Luce, peinture emportée par un amateur européen au prix record de 4,2 millions de dollars.
La sculpture, dont la cote ne cesse de progresser en ventes publiques, était aussi à l’honneur avec Jeune Tahitienne (vers 1893) de Paul Gauguin, défendue par Sotheby’s sur une estimation soutenue de 10 à 15 millions de dollars. Protégée par l’« enchère irrévocable » d’un amateur à hauteur du prix de réserve, l’œuvre est partie à 11,3 millions de dollars, un record pour une sculpture de Gauguin aux enchères. Toujours chez Sotheby’s, le marché a salué les icônes de la sculpture tels Femme debout (1956) d’Alberto Giacometti, bronze fondu du vivant de l’artiste en 1957 et vendu 7,3 millions de dollars (plus de deux fois l’estimation haute), et un très beau tirage du petit modèle du Penseur (1903) d’Auguste Rodin, réalisé du vivant du sculpteur, acheté 445 750 dollars le 7 novembre 2001 à New York et revendu 4 millions de dollars (le double de la somme escomptée). Dans la même vente, un autre sujet apprécié de Rodin, Ève (1883), fonte d’une belle taille (75,2 cm) réalisée du vivant de l’artiste et estimée 3 à 5 millions de dollars, a été ravalée. Sa ciselure n’était pas belle et sa patine, grossière. 

SOTHEBY’S, LE 3 MAI

Estimation : 158 à 229 millions de dollars
Résultats : 170,5 millions de dollars (114,4 millions d’euros)
Nombre de lots vendus/invendus : 44/15
Lots vendus : 74,6 %
Pourcentage en valeur : 84,8 %

CHRISTIE’S, LE 4 MAI

Estimation : 162 à 232 millions de dollars
Résultats : 156 millions de dollars (104,5 millions d’euros)
Nombre de lots vendus/invendus : 47/10
Lots vendus : 82,4 %
Pourcentage en valeur : 81 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°347 du 13 mai 2011, avec le titre suivant : La signature ne suffit pas

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