Dessin

Papiers baroques à Rouen

Rubens, Van Dyck et Jordaens illustrent un XVIIe siècle anversois complexe

Le Journal des Arts

Le 9 mai 2011 - 492 mots

ROUEN - L’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (Ensba) abrite dans ses murs une des plus belles collections de dessins en France. Depuis plusieurs années, elle a mis en place des expositions en partenariat avec différentes institutions, afin de montrer certaines pièces encore inédites et d’une qualité de conservation exceptionnelle.

Dans cette logique, l’exposition « Le baroque en Flandres », après avoir été montrée à l’Ensba à Paris en 2010, vient orner les cimaises du Musée des beaux-arts de Rouen. Pierre Paul Rubens, Antoon Van Dyck, Jacob Jordaens et leurs proches collaborateurs ou suiveurs, Abraham Van Diepenbeeck, Frans Snyders ou Pieter Soutman, sont ainsi évoqués au travers de leurs dessins, certes peu nombreux (une trentaine environ), mais choisis avec soin et précision. Rouen a profité de l’occasion pour compléter l’accrochage parisien avec son propre fonds, grâce à un ensemble de grisailles d’Otto Vaenius, un des maîtres de Rubens. De 1517, date à laquelle Luther publie ses premières thèses, à 1648, année de signature des traités de Westphalie qui entérinent l’indépendance des Provinces-Unies et la non-ingérence en matière de religion, les artistes anversois vont être confrontés à de profonds bouleversements sociaux, religieux et artistiques. 

Un Martyre en diagonale 
Étude d’homme nu pour un Baptême du Christ, dessin inédit précédemment attribué à Sebastiano del Piombo, aujourd’hui revenu à Rubens, ouvre la présentation. Cette étude, exceptionnelle par sa qualité, illustre les apports du séjour italien effectué par Rubens entre 1600 et 1608. Des ignudi (« nus ») de Michel-Ange pour la chapelle Sixtine au Torse du Belvédère, le peintre anversois travaille sur le canon idéal de l’antique, et les jeux de clair-obscur rendus par de fines hachures de pierre noire. Rubens, passé par Rome, Gênes et Mantoue, crée des typologies qui vont marquer durablement la production flamande. Six dessins de Van Dyck sont présentés, parmi les plus exemplaires de sa manière et de sa production peinte. Un Martyre de sainte Catherine (1618-1621) retient l’attention par sa composition en diagonale d’un dynamisme puissant, où l’aspect très pictural de son œuvre ultérieure perce déjà. Exécuté à la pierre noire et à la plume, un lavis brun venant éclairer l’ensemble, cette œuvre est sans doute la plus belle pièce de la présentation rouennaise. De Jacob Jordaens, on retiendra l’usage que le peintre fait de la couleur, dans des dessins au trait vif et enlevé, où la couleur joue un rôle essentiel. Gouaches, sanguines ou « trois couleurs », Jordaens explore une multitude de techniques, recherchant inlassablement la synthèse du motif. La suite de l’accrochage permet de cerner le travail des artistes anversois face à ces trois grandes figures tutélaires. Ces dessins, pour la plupart destinés à la gravure, illustrent de manière pertinente l’activité d’imprimerie de la capitale des Provinces-Unies. « Le baroque en Flandres » est une exposition soignée sur la place du dessin dans les arts anversois du XVIIe siècle. 

LE BAROQUE EN FLANDRES

Commissariat : Emmanuelle Brugerolles, conservatrice générale du patrimoine

Nombre d’œuvres : env. 40

LE BAROQUE EN FLANDRES : RUBENS, VAN DYCK, JORDAENS, DESSINS DE L’ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES BEAUX-ARTS

Jusqu’au 3 juillet, Musée des beaux-arts, esplanade Marcel-Duchamp, 76000 Rouen, tél. 02 35 71 28 40, www.rouen-musees.com, tlj sauf mardi 10h-18h. Catalogue, éd. Beaux-Arts de Paris, 160 p., 22 €, ISBN 978-2-84056-322-8

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°347 du 13 mai 2011, avec le titre suivant : Papiers baroques à Rouen

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