Drouot

Vente des familles

La dispersion de la collection Paul-Louis Weiller a redonné des couleurs à l’hôtel Drouot

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 27 avril 2011 - 529 mots

PARIS - Du 5 au 8 avril, la dispersion de l’ancienne collection Paul-Louis Weiller (1893-1993) par la SVV Gros & Delettrez, aura été l’événement de la saison à l’hôtel Drouot, à Paris.

Les bonnes vieilles collections françaises comme celle-ci sont du pain béni pour les salles de ventes. Les objets estimés très raisonnablement se sont arrachés à prix d’or par un nombreux public très international. Au final, 29 millions d’euros ont été récoltés, soit près de trois fois l’estimation haute. Cette somme comprend 5 millions d’euros de vente d’objets de diverses provenances, rajoutés au catalogue Weiller. Ce choix stratégique a payé, notamment pour une grande coupe libatoire chinoise des XVIIIe-XIXe siècles, en corne de rhinocéros blond (est. 40 000 euros) et pour un rare et important plat rond chinois de la dynastie Yuan du XIVe siècle, en porcelaine blanc-bleu (est. 700 000 euros), issus de deux autres successions et partis respectivement à 1,3 et 2,8 millions d’euros.

Parmi les temps forts de la collection Weiller, un vase chinois impérial Longwei Gong de 22,5 cm, en forme de queue de dragon, en jade vert marqué de brun-rouille, d’époque Qianlong, daté 1785 (est. 400 000 euros), est monté à 2 millions d’euros. D’une très grande qualité et rareté, les manuscrits enluminés ont obtenu des résultats exceptionnels à l’instar d’un livre d’heures à l’usage de Rome dites « Heures de Petau » (vers 1500-1510), orné de 16 miniatures en forme de médaillons peintes par le Tourangeau Jean Poyet (est. 400 000 euros), et du livre d’heures de la reine Claude de France (vers 1515-1517) illustré de 27 miniatures réalisées par un enlumineur non identifié, appelé « Maître de Claude de France » (est. 400 000 euros), respectivement envolés à 2,3 et 2,6 millions d’euros. La section des tableaux a récompensé une toile de l’entourage d’Antoine Watteau représentant Cinq personnages de la comédie italienne (vers 1720, est. 40 000 euros), adjugée 1,3 million d’euros.

Une déception est venue du mobilier : les acheteurs russes ont boudé les meubles impériaux, à savoir une commode XVIIIe (vers 1762-1765) au chiffre de l’impératrice Catherine II de Russie (est. 500 000 euros) et un bureau à cylindre à caissons du XVIIIe ayant appartenu à Paul Ier de Russie (est. 200 000 euros) qui n’ont pas trouvé preneurs.

« En revanche, les Russes se sont lâchés sur les objets d’art », lance l’expert Antoine Lescop de Moÿ. Par exemple, des coupes XVIIIe du service de l’ordre de Saint-Georges, en céramique de Moscou, ont été emportées 181 000 euros la paire (six fois l’estimation). Le petit mobilier classique français et les objets de décoration ont aussi flambé sous l’effet du pedigree Weiller, à l’exemple d’une table de milieu en bois sculpté et doré, annoncée de style Louis XVI et datant du XIXe, estimée au mieux 5 000 euros et emportée pour 23 750 euros. La vente Weiller a ainsi apporté une bouffée d’oxygène au temple parisien des enchères, dont la réputation a été ternie par l’interminable affaire des vols de commissionnaires. 

COLLECTION PAUL-LOUIS WEILLER

Estimation : 8 à 10 millions d’euros

Résultats : 29 millions d’euros

Nombre de lots vendus/invendus : 685/41

Pourcentage de lots vendus : 94 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°346 du 29 avril 2011, avec le titre suivant : Vente des familles

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque