À la conquête des collectionneurs

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 12 avril 2011 - 796 mots

Programmée du 28 avril au 1er mai, Art Brussels confirme sa position dominante au printemps en ralliant de nouveaux exposants internationaux.

Lentement mais sûrement, Art Brussels s’est imposée dans l’échiquier européen. « En prenant le parti de nous concentrer sur des galeries qui font la promotion de jeunes artistes, nous avons pu avoir une force qualitative et attirer dans un second temps des galeries établies, souligne Karen Renders, directrice de la foire. Nous avons désormais une position forte en Europe au printemps. » Une position que confirme l’arrivée de Massimo De Carlo (Milan) et de la galerie OMR (Mexico).

Le régiment britannique n’a cessé de croître ces deux dernières années, avec la présence des Londoniens Simon Lee et Lisson, et la venue cette année de Bernard Jacobsen (Londres, New York). Autre contingent capital, celui des marchands allemands. Si le salon a pu éviter cette année le choc frontal avec la foire Art Cologne, la tenue simultanée du Gallery Weekend berlinois est gênant. Johann König (Berlin), qui avait participé l’an dernier à Art Brussels, a passé son tour. En revanche, ses confrères berlinois Wentrup et Esther Schipper consentent au grand écart en partageant leurs stands respectivement avec Ibid Projects (Londres) et Air de Paris (Paris). « On a réussi à convaincre les organisateurs d’Art Brussels de faire le preview [vernissage] le mercredi, ce qui nous permet d’être dès le lendemain dans nos galeries. Il est important pour nous d’être à Bruxelles car on y verra des collectionneurs belges qui ne vont pas forcément à Berlin », indique Tina Wentrup. Celle-ci présentera des œuvres de la très prometteuse jeune Turque Nevin Aladag, ainsi que des pièces de Gregor Hildebrandt et Matthew Hale. « Quand on a commencé à faire une foire, et que l’on veut garder une certaine continuité, on ne peut pas ne pas revenir l’année suivante, surtout quand cela a bien marché, ajoute Esther Schipper. Ce n’est pas un salon lourd à faire, mais cette année, c’est un vrai problème. On sera là sans être là, car c’est le moment le plus important de l’année à Berlin. »

Défections françaises
Le nombre d’exposants français a été nettement révisé à la baisse, et compte onze galeries de moins qu’en 2010, et l’absence notable des Parisiens Frédéric Giroux et Praz-Delavallade. Le commerce souvent aléatoire explique parfois les défections. « C’est une foire sympathique, de qualité, mais elle ne m’est pas indispensable », admet Bruno Delavallade. De leur côté, les Parisiens Dominique Fiat et Polaris ont préféré organiser ensemble un événement dans une ancienne maison Art déco, située rue de la Concorde à Bruxelles. « J’avais constaté une baisse régulière des visiteurs flamands, relate Bernard Utudjian, directeur de Polaris. Si on ne veut pas perdre son métier, il faut le réinventer. Avec moins de coûts, on va se donner plus de temps pour faire des rencontres, dépasser les trente secondes d’attention sur un stand ou trois minutes à la galerie ! », lance-t-il. En revanche, Yvon Lambert (Paris) amorce son entrée avec des artistes qui ne sont pas représentés en Belgique, comme Shilpa Gupta, Douglas Gordon ou Roman Opalka.

D’après une bonne part des exposants hexagonaux, Bruxelles reste incontournable pour la qualité de ses acheteurs. « C’est un vrai bonheur, affirme Fabienne Leclerc de la galerie In Situ (Paris), en présentant des pièces de Mark Dion et Martin Dammann. J’adore les collectionneurs belges qui osent acheter des jeunes artistes, regardent et prennent des risques. Il y a tous les niveaux d’amateurs, et j’ai vraiment l’impression de faire mon métier sur cette foire. » Il n’est d’ailleurs pas anodin que des galeristes parisiennes comme Almine Rech et Nathalie Obadia aient choisi de prolonger l’expérience en ouvrant depuis trois ans des dépendances à Bruxelles. L’antenne a ainsi permis à Nathalie Obadia de rencontrer des collectionneurs qu’elle ne connaissait pas. « Il y a chez les Belges trois ou quatre locomotives qui drainent chacun des groupes de quarante personnes », affirme-t-elle. Un collectionneur belge peut en cacher beaucoup d’autres !
  

L’exposition « After Images »

La précocité des collectionneurs belges peut se mesurer à l’aune de leurs prêts pour l’exposition « After Images », organisée du 28 avril au 28 mai au Musée Juif de Belgique, à Bruxelles. Portant sur la création américaine récente, cet événement orchestré par le curateur Fionn Meade avec le soutien de la galeriste Catherine Bastide réunit des artistes tels Liz Deschenes, Trisha Donnelly, Gedi Siboni ou Ryan Trecartin. Comme l’indique Fionn Meade dans le catalogue de l’exposition, l’objectif est de montrer comment ces artistes « réordonnent, reséquencent, déplacent les accents, à la suite des associations et des références que suscite en nous la contemplation de la pléthore d’images et d’informations », ce à coup de répétition, grattage ou obscurcissement.

Musée Juif de Belgique, rue des Minimes 21, www.new.mjb-jmb.org

ART BRUSSELS

Directrice : Karen Renders

Tarif du stand : 227 euros le mètre carré frais fixes (ex. : 1 300 € le stand de 50 m²) ; section « First Call » : 165 euros le mètre carré

Nombre de visiteurs en 2010 : 26 131


ART BRUSSELS, 28 avril-1er mai, Brussels Expo, halls 1 et 3, place de Belgique, Bruxelles, www.artbrussels.be, tous les jours 11h-19h

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°345 du 15 avril 2011, avec le titre suivant : À la conquête des collectionneurs

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