XVIIe siècle

Rebâtir Richelieu

Trois expositions font revivre le luxueux château et les collections pléthoriques du cardinal

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 12 avril 2011 - 510 mots

ORLÉANS, TOURS, RICHELIEU - Avec son élévation parfaitement ordonnancée, la Grande-Rue de Richelieu (Indre-et-Loire), bordée d’hôtels particuliers, demeure l’un des vestiges les plus significatifs de la gloire passée des lieux.

Au XVIIe siècle, le cardinal éponyme y a fait bâtir de toutes pièces une ville nouvelle à proximité de son nouveau château. Les candidats à l’installation dans cette bourgade située aux confins de la Touraine et du Poitou étant peu nombreux, les acheteurs étaient alors exonérés d’impôts pendant plusieurs années. Aujourd’hui encore, Richelieu reste une petite ville déserte de quelque 2 000 habitants, vouée à la mémoire d’un cardinal dont le château a été dépecé au XIXe siècle. Il n’est pas rare que quelques vestiges de son architecture ou de ses collections réapparaissent ici ou là dans les maisons de la ville. 

Édifié sous la direction de Jacques Lemercier à partir de 1631, le château de Richelieu passe pour l’une des plus belles constructions du XVIIe siècle. Il abritait une exceptionnelle collection de peintures et d’antiques, que le cardinal faisait acheter directement à Rome. Ceux-ci ornaient les façades de l’édifice, tout comme les Esclaves de Michel-Ange – non exposés– , offerts par Henri de Montmorency.

Richelieu renaît aujourd’hui le temps d’une triple exposition, d’une reconstitution virtuelle et d’un très riche catalogue, qui sont aussi un bel exemple de coopération entre musées. Le Musée de Richelieu s’est ainsi associé à ceux de Tours et d’Orléans pour monter une ambitieuse présentation, soutenue par des prêts importants concédés par le Louvre et Versailles. Les deux grands établissements conservent en effet bon nombre d’œuvres ayant transité par les pléthoriques collections de Richelieu.  S’il implique une dispersion géographique qui pourrait décourager les visiteurs, ce triptyque a fait l’objet d’une répartition cohérente. À Orléans ont été privilégiés l’architecture et le décor extérieur. 

À Tours, les organisateurs ont tenté de faire revivre les décors intérieurs de tapisseries et de peintures, qui comprenaient le prestigieux ensemble de peinture provenant du studiolo d’Isabelle d’Este à Mantoue, remonté dans des boiseries de l’appartement du roi. Les Mantegna, Costa, Pérugin, Poussin et Stella ont ainsi fait l’objet de prêts exceptionnels. Pour l’appartement du cardinal, des commandes avaient été passées à Claude Vignon ou Nicolas Prévost, un artiste protégé du cardinal et longtemps mal connu.

À Richelieu, où se trouvent à demeure les belles portes rescapées du château, six des douze grandes peintures de bataille, qui ornaient une galerie de 70 m de long, sont enfin mises en valeur. Conservées jusqu’à présent dans les collections du château de Versailles, les douze toiles rescapées – sur vingt – ont fait l’objet d’une importante restauration. À l’issue de l’exposition, elles seront mises en dépôt dans les trois musées. Un geste précieux pour le modeste Musée de Richelieu qui s’évertue de longue date à faire parler les vestiges de grandeur d’une ville habitée par le fantôme du cardinal. 

RICHELIEU À RICHELIEU

Commissariat général : Annie Gilet, conservatrice en chef, Tours ; Isabelle Klinka-Ballesteros, directrice, Orléans ; Philippe Le Leyzour, directeur, et Danielle Oger, conservatrice en chef, Tours

Production spécifique : un film 3D, société Aristeas

RICHELIEU À RICHELIEU, ARCHITECTURE ET DÉCORS D’UN CHÂTEAU DISPARU

Jusqu’au 13 juin, Musée des beaux-arts, 1, rue Fernand-Rabier, 45000 Orléans, tél. 02 38 79 21 55, tlj sauf lundi 10h-18h

Musée des beaux-arts, 18, place François-Sicard, 37000 Tours, tél. 02 47 05 68 73, tlj sauf mardi 10h-18h

Musée municipal, 1, place du Marché, 37120 Richelieu, tél. 02 47 58 10 13, tlj sauf mardi 10h-12h, 14h-18h. Catalogue, éd. Silvana Editoriale, Milan, 370 p., 45 euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°345 du 15 avril 2011, avec le titre suivant : Rebâtir Richelieu

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