Galerie

Enquête

Un réseau original

Opera Gallery entend représenter David Mach et Ron Arad, et se rapprocher des musées

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 1 mars 2011 - 475 mots

PARIS - Il possède 12 galeries dans le monde, 120 employés et affiche un chiffre d’affaires de 160 millions de dollars (120 millions d’euros) en 2010.

« Il », ce n’est pas Larry Gagosian mais le Français Gilles Dyan. Peu connu des amateurs d’art, il est à la tête d’Opera Gallery, un réseau d’enseignes constituées en dehors du milieu traditionnel de l’art et des foires, avec une programmation et une clientèle souvent différentes de celle de ses confrères. Si le goût ambiant fait parfois tousser, le modèle semble, lui, payant. L’histoire remonte à 1994, lorsque Gilles Dyan jette la première pièce de l’édifice à Singapour, avec un système de développement inédit. « Dans chaque nouvel espace, je suis actionnaire à 51 %. L’argent vient de banquiers ou d’industriels locaux qui disposent de 49 % des actions », explique l’entrepreneur. Après Singapour, le système s’est diffusé à Paris en 1995, avant d’essaimer à Dubaï, Hongkong, Miami ou Séoul. En septembre prochain, le groupe ouvrira 1 200 m2 à Pékin, avec un capital de 10 millions de dollars apporté par des investisseurs chinois. Deux mois plus tard, il inaugurera un lieu à Taipei avant de réfléchir à Mumbaï. Gilles Dyan espère se constituer, à terme, une chaîne de vingt à vingt-deux galeries. 

Fonds d’investissement
En marge d’une partie de ses confrères, Dyan a toutefois noué des liens avec les marchands d’art moderne Mugrabi ou Nahmad. S’il ne participe pour l’heure à aucune foire, il prête volontiers des œuvres à des galeries telles Boulakia (Paris), Salis & Vertes (Salzbourg, Zurich) ou encore Thomas Modern (Munich). Opera Gallery a d’ailleurs lancé, en 2006, un fonds d’investissement luxembourgeois, baptisé « Opera Masters » et destiné à l’achat d’œuvres d’art moderne. Parmi les investisseurs, on retrouve des cadres de J.P. Morgan, de la World Bank ou de la Bank of America. Ce fonds, qui sera clôturé en 2013, détiendrait pour 120 millions d’euros de tableaux. Gilles Dyan envisage déjà la création d’un autre fonds de 300 à 400 millions d’euros.

Opera Gallery compte également entrer dans une nouvelle phase de développement qui ne serait pas seulement géographique ou capitalistique. La holding entend recruter de nouveaux employés avec pour mission de tisser des liens auprès des musées. Gilles Dyan veut surtout assurer la promotion de certains créateurs, comme Seen, artiste graffiti, David Mach, créateur représenté par Jérôme de Noirmont en France et, enfin, le designer Ron Arad. « On peut leur offrir des vernissages dans des endroits où ils n’ont pas de galeries, explique le marchand. Nous allons proposer trois expositions à David Mach à Genève, Hongkong et Dubaï. » Mais trois expositions dans une même année comporte le risque de transformer un artiste en stakhanoviste de la planche à billets ou de dissuader ses collectionneurs, inquiets d’une telle surproduction. Enfin, ces artistes pourraient aussi connaître des tiraillements avec leurs marchands habituels…

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°342 du 4 mars 2011, avec le titre suivant : Un réseau original

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