Paris

Éclectisme dans le 3e

Le quartier parisien du Haut-Marais accueille des jeunes galeries aux visages variés

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 1 mars 2011 - 736 mots

PARIS - Lentement mais sûrement, un nouveau centre de galeries prend forme dans le Haut-Marais, dans un périmètre situé entre le Conservatoire national des arts et métiers et la place de la République (3e arr.).

La B.A.N.K. fut la première à s’installer, en 2005, dans ce quartier mixte et populaire, mêlant ateliers, restaurants chinois et commerces de gros. Après Lucile Corty, arrivée en 2007, plusieurs galeries s’y sont établies depuis l’an dernier, telles que Farideh Cadot, Paris-Beijing, New Galerie et Backslash.

À la différence de la rue Saint-Claude (3e arr.), de Belleville (20e arr.) et de la rue Louise-Weiss (13e arr.) ancienne mouture, la formule « Haut-Marais » ne correspond guère à une étiquette générationnelle, encore moins à un creuset esthétique commun. Les modes de fonctionnement et les expériences des uns et des autres se révèlent aussi très divers. La B.A.N.K. et Backslash conçoivent ainsi leurs vernissages comme de vrais événements avec tapage garanti. La B.A.N.K. privilégie des foires dans des contrées moins courues comme Marrakech ou Dubaï, tandis que New Galerie et Lucile Corty naviguent dans d’autres réseaux, tels Liste (Bâle) ou Independent (New York). Offrant beaucoup de caractère, à mille lieues du « White Cube », les espaces eux-mêmes se suivent et ne se ressemblent pas. Avec ses 250 m2, Backslash est sans doute la plus grande des jeunes galeries parisiennes ! « Les galeries du Marais ne se détachent pas forcément les unes des autres, alors qu’ici il y a des identités très marquées, remarque Lucile Corty. Je ne voulais pas être une galerie de Belleville, car la connotation est trop marquée. » Même son de cloche du côté de Marion Dana (New Galerie), arrivée rue Borda en avril dernier. « J’avais envie d’un endroit neutre, explique-t-elle. C’est un très bon espace pour démarrer sur le plan financier, moins cher que dans le Marais, mais aussi parce que nous ne sommes pas sous pression. Nous avons des plages pour travailler tranquillement. » Pour l’équipe de Backslash, il était nécessaire d’ouvrir à proximité du Marais, car la mobilité des collectionneurs parisiens reste réduite… Si le Haut-Marais tire sa force de sa mixité, toute idée de cohésion ou de vernissages communs achoppe aussi sur les différences de programmation. « Les galeries sont pour la plupart implantées depuis peu, elles doivent trouver leur public, se mettre en place de manière indépendante avant de penser collectivement », admet Lucile Corty. « Nous n’avons pas non plus le même problème que dans le 13e arrondissement, où les galeries devaient faire venir du monde. Nous sommes plus centraux. Pour nous, ce qui est important, c’est de ne pas faire nos vernissages en même temps que Ropac ou Lambert, car il y a un déplacement massif dans leur coin », estime pour sa part Marie-Céline Somolo, codirectrice de la B.A.N.K. Du coup, malgré l’initiative d’un plan par la B.A.N.K. et d’une page sur Facebook sur le Haut-Marais, on ne peut pas encore parler de dynamique de quartier. Mais les mentalités pourraient évoluer peu à peu. « Nous ne croyons pas au principe de la concurrence, nous avons des artistes très différents les uns des autres. Dans notre blog « Samedi c’est galeries », nous traitons de toutes les galeries », explique Séverine de Volkovitch, codirectrice de Backslash. 

Vers un nouveau visage du quartier
Bien qu’il existe encore beaucoup de locaux disponibles rue Notre-Dame-de-Nazareth et rue du Vertbois depuis l’hémorragie des ateliers textiles, il n’est toutefois pas si aisé de dénicher des baux, car la Société d’économie mixte d’aménagement de l’est de Paris (Semaest) tend à préempter les ateliers laissés vacants dans le but d’y diversifier les commerces plutôt que de renforcer le quota déjà étoffé des galeries du 3e arrondissement. Lentement mais sûrement, le quadrilatère devrait toutefois prendre un nouveau visage, d’autant plus qu’en 2013, la place de la République deviendra partiellement piétonne. « Il y a, dans ce quartier, des espaces somptueux alors que la rue Saint-Claude est saturée et les lieux sont de petite taille, constate Farideh Cadot. Ici, cela fait penser au Marais des années 1980. Le samedi, lorsqu’une personne se déplace dans le quartier, c’est pour les galeries. Il y a du passage. Ce n’est pas encore la foule, car les gens ont encore du mal à traverser la rue à partir [du marché couvert] du Carreau du Temple. Mais les propriétaires d’appartements, dans ce quartier, sont plus amateurs d’art que les habitants du Marais. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°342 du 4 mars 2011, avec le titre suivant : Éclectisme dans le 3e

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