Madrid

L’Arco revivifiée

Le salon espagnol a montré des signes encourageants

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 1 mars 2011 - 486 mots

MADRID - Malgré l’omniprésence de vanités, de la danse des morts de Javier Pérez chez Mario Mauroner (Vienne) au squelette renfermé dans un cercueil de verre de Barthélémy Toguo chez Lelong (Paris, New York), l’ambiance de la trentième édition de l’Arco ne fut pas mortifère.

Le nouveau directeur, Carlos Urroz, a su rectifier le tir des années précédentes en offrant un salon plus resserré et d’une qualité globalement honorable, malgré une très faible présence internationale. Certains stands se détachaient particulièrement, comme celui de Michael Stevenson (Le Cap) avec le face-à-face entre les photos de Pieter Hugo et les sculptures de Meschac Gaba, ou celui de Mehdi Chouakri (Berlin) qui montrait une exposition personnelle d’Hans-Peter Feldmann – condensé de la monographie au Museo Reina Sofia, à Madrid –, ou encore l’esprit rigoureux d’Àngels Barcelona (Barcelone). En revanche, les expositions personnelles dédiées à la scène latino-américaine furent très décevantes, tout comme la section « Opening » dédiée aux jeunes. 

De l’ambition
Le bilan commercial fut comme toujours mitigé. Mehdi Chouakri a réalisé de bonnes affaires, la collectionneuse Carmen Thyssen-Bornemisza ayant même réservé Adam et Ève de Feldmann. Lelong a d’emblée vendu une pièce de Jane Hammond et un dessin de Jaume Plensa, tandis qu’Eigen Art (Berlin) s’est séparé de deux petites pièces de Matthias Weischer et de deux peintures de David Schnell. « Nous sommes satisfaits, mais ce n’est pas spectaculaire », admettait pour sa part Jan De Clercq, de la galerie Messen De Clercq (Bruxelles). La majorité des piliers ibériques s’en sont bien sortis grâce au sursaut d’activité d’institutions pourtant sévèrement atteintes dans leurs budgets. Le Museo Reina Sofía a soutenu les exposants espagnols en achetant vingt œuvres pour 680 260 euros. « C’était mieux que ce qu’on pouvait attendre dans une année de crise et de transition », confiait Emilio Alvarez, de la galerie Àngels Barcelona. Celui-ci a vendu une pièce d’Esther Ferrer à la Fondation Arco, un dessin d’Efrén Álvarez au Centro Gallego de Arte Contemporánea, à Saint-Jacques-de-Compostelle, et une photographie de Joan Fontcuberta à la Fondation Foto Colectania. La banque Caixa a aussi réservé la vidéo Serious Games d’Harun Farocki.
La galerie Nogueras Blanchard (Barcelone), qui avait hésité à revenir après les mauvais résultats de l’an dernier, avait le sourire. « Les gens ont voulu que la foire marche. C’était l’année ou jamais », indiquait Alex Nogueras, après avoir cédé une pièce d’Annelise Coste au musée de Santander. Si l’Arco a bien amorcé sa mue, l’Espagne doit en faire autant. « Les Espagnols ne sont pas forcément conscients de l’importance de l’art contemporain, regrette la galeriste Helga de Alvear (Madrid). Il faudrait pour cela baisser la TVA sur l’art, qui est de 18 %. Cela changerait les mentalités. Pour les Espagnols, c’est plus intéressant d’acheter à New York qu’à Madrid. Il faut recréer un marché. L’Arco a été, à une époque, parmi les dix meilleures foires du monde, il faut qu’elle le redevienne. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°342 du 4 mars 2011, avec le titre suivant : L’Arco revivifiée

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