Bras de fer aux Archives nationales

Face aux menaces du ministère de la Culture, l’intersyndicale ne désarme pas

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 18 janvier 2011 - 557 mots

Tandis que le chantier du futur siège des Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine avance à grands pas, le site historique de l’institution à Paris est toujours occupé par l’intersyndicale. Au cœur du conflit, la future Maison de l’histoire de France, dont le ministre de la Culture vient d’officialiser la composition du comité d’orientation scientifique.

PARIS - Le ministre tient au projet de Maison de l’histoire de France (MHF) et veut le faire savoir. Le 13 janvier, faisant fi du maintien de l’occupation du site des Archives nationales par l’intersyndicale qui se poursuit depuis le 16 septembre 2010, Frédéric Mitterrand a procédé à l’installation du comité d’orientation scientifique de la future institution. Malgré les difficultés à mobiliser la communauté scientifique suite à la publication de la tribune de l’historien Pierre Nora, fustigeant un projet qui « aura beaucoup de mal à se remettre de son origine impure et politicienne » (Le Monde, 11 novembre 2010), Jean-François Hebert, chargé de la préfiguration du projet, est parvenu à enrôler 19 membres dans l’aventure. 

Déminer le terrain
Si le comité compte un nombre significatif de professionnels honoraires, deux prises sont toutefois de taille : Jean Favier, célèbre médiéviste et ancien directeur des Archives de France, qui assurera la présidence d’honneur du comité, mais aussi Benjamin Stora, qui s’était pourtant élevé contre le débat sur l’identité nationale en déclarant à la presse : « Il faut se méfier des initiatives étatiques relatives à l’écriture de l’histoire de la nation. » Tout reste cependant à faire pour ce comité nommé pour deux ans afin de « définir et d’écrire les contenus du projet » : établir une programmation, concevoir la galerie du temps, élément clé du projet, constituer un réseau de musées – sous une forme juridique qui reste à définir –, mais aussi obtenir un budget de fonctionnement et trouver 10 000 mètres carrés disponibles sur le site déjà occupé des Archives nationales. De son côté, le ministère de la Culture tente de déminer le terrain, après qu’une lettre adressée aux syndicats le 27 décembre par Pierre Hanotaux, a remis le feu aux poudres en exigeant la levée immédiate de l’occupation. « Ce n’est que dans ces conditions que les manifestations ouvertes au public prévues à l’hôtel de Soubise, dont la prochaine exposition « Menus plaisirs », pourront avoir lieu », menaçait le directeur de cabinet du ministre. Reçus le 14 janvier par ce dernier, les syndicats ont obtenu verbalement plusieurs engagements, portant notamment sur la répartition des espaces entre les deux institutions, le maintien des fonds du Minutier central et la poursuite des activités culturelles et pédagogiques des Archives nationales sur le site du Marais. Les discussions, « menées sur la base d’un dialogue constructif » selon le cabinet du ministre, se poursuivaient toujours lundi 17 janvier dans la journée alors que l’occupation était maintenue. À l’heure où nous bouclons notre édition, la menace de suspension de « Menus plaisirs », d’un budget de plus de 200 000 euros, pèse donc toujours. Le ministre de la Culture a par ailleurs réfuté toute possibilité d’installation de la MHF à l’hôtel de la Marine (place de la Concorde), comme l’ont proposé plusieurs historiens, dont Pierre Nora. « Je n’ai pas à me faire dicter l’implantation des projets que je souhaite porter. Ce sont deux problèmes tout à fait différents », a tranché Frédéric Mitterrand.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°339 du 21 janvier 2011, avec le titre suivant : Bras de fer aux Archives nationales

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