Sauvons l’hôtel de la Marine !

L’émoi est d’autant plus fort que ce bâtiment est intimement lié à l’histoire de France. Dessiné par l’architecte de Louis XV, Ange-Jacques Gabriel, cet hôtel méconnu du public est pourtant l’« un des neuf lieux insignes de la représentation de la Nation et de l’État », selon l’architecte en chef des Monuments historiques Étienne Poncelet, auteur en 2009 d’une Étude sur la valeur patrimoniale de l’immeuble.

Après avoir servi de Garde-Meuble sous l’Ancien Régime, il abrite aujourd’hui l’état-major de la Marine, et ce jusqu’en 2014, année de l’inauguration du Pentagone à la française voulu par le président de la République à Balard (15e arr.). Aussi, trois ans avant ce transfert, y a-t-il vraiment urgence à sceller le sort de ce monument historique pour les soixante ou quatre-vingts années futures ? C’est en tout cas ce que semble penser France Domaine, chargé de donner l’immeuble en concession, qui a publié en catimini un appel d’offres aussi opaque qu’expéditif. La date de dépôt des candidatures, initialement fixée au 17 janvier, a finalement été repoussée au 7 février. Soutenu par l’ancien ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, le projet de l’entrepreneur Alexandre Allard fait figure de favori, à moins que l’État ne fasse machine arrière. Un appel à sauver l’hôtel de la Marine, lancé par le G8 patrimoine (groupement des principales associations de défense du patrimoine), avec l’appui de journalistes spécialisés, devrait paraître prochainement dans la presse et venir rejoindre les protestations de nombreuses personnalités de tout bord. Mais sera-t-il suffisant ?