Paris-Berlin

D’une capitale à l’autre

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 5 janvier 2011 - 680 mots

L’échange entre galeries berlinoises et parisiennes se poursuit, mais les collectionneurs français se montrent plus actifs que leurs confrères germaniques.

BERLIN-PARIS - On reprend les mêmes et on recommence ? Pas tout à fait. Pour sa troisième édition organisée à Berlin les 14 et 15 janvier, et à Paris les 28 et 29 janvier, l’opération « Berlin-Paris, un échange de galeries » lancée par l’ambassade de France à Berlin connaît un changement de casting. Car le tout est de ne pas transformer une bonne idée en marronnier. Wentrup (Berlin) diversifie ainsi ses contacts en s’associant cette année à Frank Elbaz (Paris). De même, Carlier Gebauer (Berlin) invite Romain Torri (Paris) à montrer Florian Pugnaire et David Raffini ainsi que Braco Dimitrijevic. De nouvelles têtes font aussi leur apparition, comme Barbara Thumm (Berlin) couplée à In Situ (Paris), laquelle revient après une première expérience en 2009. New Galerie (Paris) présentera Bertrand Planes chez Ben Kaufmann (Berlin), tandis que Dohyang Lee (Paris) et PSM (Berlin) ont été mises en relation par un artiste, Mathis Collins, que toutes deux avaient trouvé intéressant. Après avoir invité Denise René, doyenne des galeries parisiennes, Sommer & Kohl (Berlin) a convié The Institute of Social Hypocrisy, un project room fictif lancé à Paris par l’artiste Victor Boullet. « Nous avons trouvé drôle et même un peu subversif d’être invité parmi des galeries «normales» alors que nous n’en sommes pas une. C’est un peu comme un cheval de Troie », sourit Lauren Monchar, membre de la structure. Inversement, Isabella Bortolozzi (Berlin), appariée la première année avec Balice Hertling (Paris), a choisi cette fois d’accueillir une exposition de Kurt Schwitters et Hans Arp amenée par Natalie Seroussi (Paris). 

Un coup de fouet dans un début d’année creux
Parmi les surprises, on relève la collaboration entre deux librairies, celle de la galerie Yvon Lambert (Paris) et Motto (Berlin). De même, Johann König (Berlin) ne fait pas d’échange de galerie à proprement parler, mais collabore avec le magazine Paradis autour d’un projet de Juergen Teller. Même si Chert (Berlin) et Gaudel de Stampa (Paris) font toujours la paire, ils révisent le genre. Au lieu de présenter leurs programmes réciproques, ils invitent l’autre à une carte blanche. Chert montrera ainsi à Paris des artistes découverts dans la capitale française. Néanmoins certaines enseignes conservent leur partenariat d’origine comme 1900-2000 (Paris) et Mehdi Chouakri (Berlin). Nelson-Freeman (Paris) et Konrad Fischer (Berlin) réitèrent aussi l’expérience de 2010. La première envoie une exposition personnelle de Marie-José Burki outre-Rhin, la seconde prévoit un accrochage de photographies de Gregor Schneider à Paris. Pour ceux qui ont participé au projet depuis le début (2009), le bilan est globalement positif. « L’expérience nous a surtout fait connaître beaucoup de collectionneurs d’art contemporain, aussi bien à Paris qu’à Berlin », indique David Fleiss, de la galerie 1900-2000. Pour Michel Rein (Paris), allié cette année à Florent Tosin (Berlin), il s’agit de donner un coup de fouet en début d’année, d’autant plus que janvier est traditionnellement creux. De leur côté, les galeries allemandes y trouvent largement leur compte. « L’engouement manifesté par les galeries allemandes pour le marché parisien – un nombre impressionnant d’entre elles participent à la FIAC, vingt-cinq en 2010, vingt en 2009, alors qu’elles n’étaient qu’une poignée les années précédentes – est un signe qui ne trompe pas sur le changement de perception par les Allemands de la scène parisienne », souligne Cédric Aurelle, directeur du Bureau des arts plastiques à Berlin. Néanmoins, l’échange reste déséquilibré, et beaucoup de galeries parisiennes pointent du doigt le manque de réciprocité. « Les Allemands n’ont pas réussi à fédérer des groupes de collectionneurs et d’amis de musées pour venir en France, alors que des groupes de collectionneurs français sont allés à la rencontre des galeries allemandes. Je n’ai vu aucun collectionneur germanique venir spécialement à Paris dans ce but », observe Cécile Barrault, directrice de Nelson-Freeman. Par ailleurs, malgré les petites touches de nouveauté apportées cette année, le format de l’opération ne pourra pas réellement évoluer sans apport financier. Ainsi les hypothèses d’échanges entre collectionneurs se sont-elles heurtées à des problèmes budgétaires.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°338 du 7 janvier 2011, avec le titre suivant : D’une capitale à l’autre

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