Biographie

Nadar sous les projecteurs

Un travail exhaustif retrace le parcours romanesque du célèbre photographe du XIXe siècle

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 4 janvier 2011 - 501 mots

« L’honneur de ma vie ce sont les amitiés que j’ai eues. » De Clemenceau à Nerval en passant par Baudelaire, les célébrités ont été nombreuses à défiler sous l’objectif de Nadar (1820-1910).

Tous accouraient pour se faire tirer le portrait par le célèbre photographe, dont la vie a aussi fini par alimenter la chronique des gazettes. Ou pour être plus exact, les vies de Nadar, comme le met en lumière la biographie exhaustive de Stéphanie de Saint Marc, qui relate la succession de hauts et de bas, de succès et de faillites émaillant la longue carrière de l’artiste. Si l’œuvre de Nadar a fait l’objet d’une juste mise en lumière lors de la grande rétrospective de 1994 au Musée d’Orsay, à Paris, sa vie, aux accents romanesques, restait pourtant encore à écrire. C’est désormais chose faite avec ce livre dense, qui suit les méandres du parcours de Félix Tournachon – son vrai nom –, jeune lyonnais fils de libraire en quête de réussite dans un Paris où les régimes politiques se succèdent. Nadar aurait aimé être l’auteur de sa propre biographie : ses épais cahiers, un temps baptisés Mémoires des autres et dévoilés par fragments par la presse de son époque, sont néanmoins restés dans ses cartons. La vie de Nadar, pseudonyme au départ potache qui deviendra un enjeu financier et judiciaire avec son frère Adrien – dont le rôle dans les premières œuvres n’a semble-t-il pas été négligeable – puis avec son fils Paul, démarre par le journalisme après des études de médecine avortées. À une époque où les gazettes prospèrent, la presse lui permet d’approcher le pouvoir mais aussi de côtoyer la bohème parisienne des années 1840. Devenu caricaturiste, Nadar le rouge, fervent républicain, achève son grand projet, un Panthéon des célébrités contemporaines par la photographie, nouvelle technique à laquelle il s’initie dans les années 1850, « cet art prodigieux qui de rien fait quelque chose ». Le succès sera rapide et son atelier parisien du boulevard des Capucines peut se signaler par une enseigne lumineuse à son nom. 

Personnage de légende 
Suivront une série d’engagements qui feront la légende du personnage : les aventures aériennes, qui fascineront Jules Verne mais provoqueront, suite à un accident, la paralysie de son épouse Ernestine ; la ruine après la Commune ; les nouveaux départs. Après de nombreuses discussions, Nadar finit par céder son studio, désormais installé rue d’Anjou, à son fils Paul qui obtient le droit d’utiliser le nom et le perpétuera jusqu’à sa propre mort en 1939. Un dernier challenge, à Marseille, permet à Nadar père de relancer ses affaires mais aussi de s’initier aux images sous-marines. Dans le cadre de travaux menés sur le port de la cité phocéenne, le photographe prend place dans le caisson étanche des ouvriers et livre le premier reportage de ce type. L’éternel amateur de nouveautés meurt peu avant son 90e anniversaire, après avoir mené une vie peu ordinaire. 

Stéphanie de Saint Marc, NADAR, éd. Gallimard, 2010, 375 p., 25,50 euros, ISBN 978-2-0707-8100-3

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°338 du 7 janvier 2011, avec le titre suivant : Nadar sous les projecteurs

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