Entretien

Alexandre Carel - Directeur du département Art d’après-guerre et contemporain, Christie's, Paris

« On retrouve des niveaux de vente d'avant crise »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 1 décembre 2010 - 660 mots

En 2006, vous être entré très jeune (22 ans) chez Christie’s, à Paris, en tant que spécialiste en art contemporain. Quel a été votre parcours ? 
L’art contemporain me passionne depuis longtemps. Adolescent, je flânais dans les ateliers d’artistes, les galeries, à Drouot. Après mes études à Sciences Po, j’ai intégré le département Art contemporain de Christie’s à Paris, comme spécialiste. Après deux années passées à New York, je suis rentré pour reprendre la direction du département parisien. Le marché de l’art contemporain est mondialisé. C’est pourquoi je voyage beaucoup, à New York, mais aussi un peu partout en Europe. 

Les résultats des ventes de novembre à New York reflètent-ils la reprise de ce secteur ?
2009 était une année de transition pour les ventes publiques. Le marché doutait, et il a fallu plusieurs saisons pour regagner la confiance des acheteurs et des vendeurs. Depuis la fin 2009, le volume des ventes recommence à progresser. Les ventes de novembre à New York confirment cette reprise, et on retrouve des niveaux de vente d’avant crise.

En tête, un tableau de Roy Lichtenstein s’est vendu au prix record de 42,6 millions de dollars (31 millions d’euros)…
C’est un prix exceptionnel pour une œuvre exceptionnelle. Ce tableau avait changé de main en transaction privée il y a deux ans, pour environ 50 millions de dollars. C’est un prix sensationnel quand on pense que l’œuvre la plus chère vendue dans notre vente de novembre 2009 était de 10,1 millions de dollars pour un tableau de Peter Doig de 1996. L’art d’après-guerre a retrouvé son niveau d’avant crise, à l’exemple des œuvres de Warhol pour lesquelles il y a eu un très fort intérêt dans cette vente [15 œuvres pour 70,3 millions de dollars]. 

Qu’en est-il des artistes plus récents ?
Les artistes plus contemporains ont obtenu des prix soutenus, à l’exemple de Richard Prince, Christopher Wool, ou encore Glenn Ligon qui fera l’objet d’une rétrospective au Whitney Museum de New York l’an prochain. Nous avons vendu un Balloon Flowers de Jeff Koons à son estimation haute pour 16,8 millions de dollars, un montant honorable par rapport aux années précédentes. On a vu apparaître peu de nouveaux artistes dans le circuit des enchères ces dernières saisons, mis à part peut-être Matthew Day Jackson. Le marché est attaché aux valeurs sûres. 

Comment voyez-vous ce marché évoluer ?
Ce marché ne cesse d’attirer de nouveaux amateurs venus du monde entier. Ils commencent parfois avec l’art impressionniste et moderne, et leur goût se déplace souvent vers le plus contemporain. Ces nouveaux acheteurs, qui viennent des États-Unis, d’Europe, mais aussi de Russie, du Brésil, du Moyen-Orient ou de Chine, ont une puissance d’achat très importante et sont déterminés à constituer des collections de grande qualité rapidement, ce qui bouscule à la fois la géographie du marché et la structure des prix. 

Vous organisez une vente du soir à Paris. Voilà un autre signe de la reprise… 
Oui, cela faisait deux saisons que nous avions renoncé à la vente de prestige du soir dans notre salle parisienne. Nous allons à nouveau nous y consacrer avec des œuvres phare, tels un tableau de Jean-Michel Basquiat de 1982 (est. 1 à 1,5 million d’euros) ; L’Issue lumineuse, une peinture de Vieira da Silva de 1983-1986 (est. 700 000 à 1 million d’euros) ; ou encore un tableau magistral peint par Georges Mathieu en 1956, acheté par son propriétaire en 1957 (est. 600 000 à 800 000 euros). J’ai aussi souhaité que cette vente soit plus internationale, avec des œuvres d’artistes tels que Cy Twombly, Christopher Wool, Roman Opalka ou Günther Uecker. Nous présenterons enfin la collection d’un célèbre joueur de football portugais, Artur Jorge. Assemblée dans les années 1980 et 1990, elle comprend des œuvres d’Yves Klein, Sol LeWitt, Hans Hartung, Julian Schnabel, Edouardo Chillida, Luis Feito ou encore Antoni Tàpies. 

Christie’s, 9, avenue Matignon, 75008 Paris, tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com, vente d’art contemporain les 8 et 9 décembre

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°336 du 3 décembre 2010, avec le titre suivant : Alexandre Carel - Directeur du département Art d’après-guerre et contemporain, Christie's, Paris

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