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Evènement

Robert Irwin, lumières magnétiques

L’exposition de l’Américain Robert Irwin à la galerie Xippas invite à expérimenter le sensible

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 4 novembre 2010 - 502 mots

Attention, l’exposition de l’artiste californien Robert Irwin organisée par la galerie Xippas, à Paris, est un événement!

Non seulement parce que la dizaine d’orgues de lumières exposés dans la galerie est purement magnétique. Mais surtout, parce qu’après avoir abandonné pendant quarante ans son atelier pour se concentrer sur une logique in situ, aménageant notamment le jardin du Getty Museum, à Los Angeles, cet adepte de la phénoménologie du sensible produit à nouveau des objets. Il offre à cette occasion sa première exposition dans une galerie française.

Pour le fondateur du mouvement « Light and Space », « le seul sujet de l’art est la perception humaine. Lorsque vous avez cette position, cela change toutes les règles du jeu pour ce que vous faites et comment vous le faites. Je ne vois pas le monde avec des cadres, mais j’en vois toutes les dimensions en même temps, et en mouvement ». C’est ainsi qu’il coupe le cordon ombilical avec la peinture, abandonnant la gestuelle expressionniste pour la rigueur minimale de la ligne. Suivront des alignements de points rouges et verts s’annulant les uns les autres, puis des cercles d’acrylique translucides explosant l’idée du cadre. La voie vers la dématérialisation est désormais ouverte. L’expérience d’Irwin dans le désert de Mojave (États-Unis) aiguise ses perceptions. « C’est un désert de pur sentiment. Vous regardez un arbre et cela finit par être de la pure énergie », indique-t-il. Son œuvre arpente dès lors les modes de création d’une image, la manière dont les couleurs imprègnent notre rétine. Le credo de ce platonicien pour qui beauté et vérité se confondent ? « Je sens, donc je pense, donc je suis. »

Stupeur contemplative
Après avoir tenté d’y échapper, Irwin semble renouer avec le cadre dans ses « tableaux » lumineux exposés chez Xippas. Ces derniers explorent les relations entre la couleur et la lumière par le biais de quatre positions d’allumage. Ainsi, dans l’une des pièces situées dans la seconde salle de l’exposition, le tube de néon central bleu pâle n’est-il jamais allumé, quelle que soit la position choisie. Il n’en capte pas moins toute l’attention. Même éteints, les tubes gainés de plusieurs filtres produisent une palette infinie de couleurs, certains mats, d’autres brillants. L’artiste ménage les surprises pour le spectateur plongé dans une stupeur contemplative. Ainsi un tube chromé, en apparence quasi opaque, acquiert-il une brillance éclatante une fois allumé. À chaque pose, Irwin joue aussi bien avec les ombres produites par les tubes, qu’avec la lumière naturelle de l’espace. Les glissements de perception que suscite le rythme syncopé des allumages ne sont pas sans rappeler le jazz. La deuxième œuvre accrochée dans l’exposition s’appelle d’ailleurs So Cal Swing. C’est à cette musique que l’artiste emprunte l’idée d’improvisation où, à partir des mêmes accords et des mêmes harmonies, d’autres sons émergent. D’autres émotions aussi.  

ROBERT IRWIN, WAY OUT WEST,

Jusqu’au 20 novembre, galerie Xippas, 108, rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris, tél. 01 40 27 05 55, www.xippas.com, tlj sauf dimanche et lundi 10h-13h et 14h-19h, samedi 10h-19h

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°334 du 5 novembre 2010, avec le titre suivant : Lumières magnétiques

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