Éditorial

Crise de mécénat

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 20 octobre 2010 - 339 mots

Si la crise n’a que relativement affecté le marché de l’art, qui « a retrouvé son niveau du début de l’année 2008 », selon Simon de Pury, le président de la maison de ventes Phillips de Pury & Company, il est un secteur qui en subit de plein fouet les contrecoups : le mécénat culturel. Selon les derniers chiffres publiés par l’Association destinée à promouvoir le mécénat d’entreprise (Admical), il avait bénéficié en France en 2008 de la somme de 975 millions d’euros. En 2010, ce montant a baissé de 61 % pour atteindre 380 millions d’euros seulement. Pourquoi un tel effondrement ? Certes, le mécénat dans son ensemble a subi une baisse, de l’ordre de 20 % depuis 2008. Mais la culture est plus affectée que les autres secteurs parce que, en période de crise, les décideurs la considèrent comme moins valorisante en termes de communication interne et externe que le mécénat social ou celui, très à la mode, touchant au développement durable. Dans un contexte de réduction des budgets des musées – les subventions des grands établissements publics que sont le Louvre, Orsay ou le Centre Pompidou vont baisser de 5 % par an pendant trois ans –, cet effondrement du mécénat culturel arrive au plus mauvais moment. Déjà le rythme des expositions temporaires s’est ralenti. L’accessibilité aux collections permanentes est de plus en plus altérée, quand, par exemple, des salles du Musée national d’art moderne/Centre Pompidou sont fermées à tour de rôle faute de gardiens. Les musées doivent donc aujourd’hui hiérarchiser leurs priorités. L’Institut du monde arabe vient, lui, de bénéficier des déboires d’un mécène, Chanel. Après avoir lancé en grande pompe un module dessiné par Zaha Hadid et destiné à exposer des commandes passées à des artistes, la maison avait prématurément mis un terme à ce projet dispendieux. Depuis, Chanel ne savait que faire de cette structure devenue embarrassante. C’est finalement l’institution présidée par Dominique Baudis qui va en hériter pour y organiser des expositions d’art contemporain. Le recyclage est décidément dans l’air du temps. 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°333 du 22 octobre 2010, avec le titre suivant : Crise de mécénat

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