Colloque

Nantes accueille le gratin des écoles d’art

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 20 octobre 2010 - 751 mots

Les représentants des principales formations supérieures culturelles internationales vont débattre de leur avenir sur les bords de la Loire.

NANTES - Du 26 au 30 octobre, quelque 450 représentants des enseignements artistiques supérieurs internationaux (dont plus de 300 venant de l’étranger), toutes disciplines confondues – de la danse aux arts plastiques, en passant par l’architecture ou la musique –, se rendront à Nantes pour débattre des enjeux de leurs écoles, à l’occasion du 11e congrès biennal d’ELIA (European League of Institutes of the Arts, Ligue européenne des instituts artistiques). 

Au programme, les neurones s’échaufferont dans le cadre de symposiums thématiques, colloques, tables rondes, mais aussi de plusieurs expositions proposées par les établissements de la ville ou le festival « Neu/Now », dédié à la toute jeune création internationale. De quoi permettre aux prospecteurs de talents de tenter de déceler ceux de demain.  « Accords de coopération » Lancée en 1990, ELIA est une association internationale indépendante qui regroupe près 350 écoles de plus de 45 pays, parmi lesquelles une vingtaine d’écoles d’art françaises. Pour ces dernières, ce grand raout sera l’occasion de poursuivre la réflexion ouverte avec les Assises nationales de Rennes, en 2006, alors que le bouleversement du paysage des écoles lié au processus d’harmonisation européenne des diplômes avait fait l’objet de nombreuses interrogations. « Certaines craintes perdurent, note Pierre-Jean Galdin, directeur de l’École supérieure des beaux-arts de Nantes-Métropole et coordinateur de l’événement. Comme pour tout chantier, il faut rester vigilant. Nous sommes dans un processus d’évaluation qu’il faut assumer, tout en gardant à l’esprit que nos écoles appartiennent à un domaine d’excellence. Et cette singularité doit être préservée. » 

Ces rencontres professionnelles serviront donc de plateforme de discussion sur les enjeux internationaux de la réforme des écoles d’art. « Le réseau pluridisciplinaire d’ELIA nous offre la possibilité de rencontrer nos partenaires pour mettre en place des accords de coopération », poursuit Pierre-Jean Galdin. Car l’avenir des écoles d’art sera à l’international ou ne sera pas. « Aujourd’hui, une carrière d’artiste doit s’épanouir dans un contexte international et nous devons placer tout de suite nos étudiants dans ce cadre. À Nantes, tous nos élèves ont une expérience à l’étranger au cours de leur scolarité. » De fait, toutes les écoles d’art françaises se sont aujourd’hui lancées dans le programme de mobilité étudiante Erasmus. Mais cette expérience, aussi enrichissante soit-elle, n’avait pas encore de réalité administrative, les semestres effectués à l’étranger n’étant pas validés dans le cursus. Un retard a en effet été pris dans l’harmonisation de l’architecture des enseignements des écoles d’art – le passage au fameux système « LMD » (licence-master-doctorat). Le processus est toutefois en cours d’achèvement. Six écoles (à Paris : l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts, l’École nationale supérieure de création industrielle et l’École nationale supérieure des arts décoratifs, ainsi que les Beaux-Arts  de Dijon, Saint-Étienne et Nantes) ont ainsi d’ores et déjà reçu leur agrément ; une seconde vague devrait suivre. Cependant, les écoles françaises attirent encore peu d’étudiants étrangers. « Nous en accueillons 10 % à 12 % tous les ans, ce qui est peu par rapport aux autres pays, confirme Pierre-Jean Galdin. Le problème principal demeure la langue, car nous ne dispensons aucun cours en anglais. Mais nos écoles disposent d’autres atouts, comme celui d’un enseignement peu cher, ou d’un environnement artistique exceptionnel. »

« Population créative » D’autres sujets feront également débat au cours de ces séminaires, comme celui de la place de recherche au sein des écoles, ce qui pourrait être l’occasion de lancer de nouveaux ponts avec l’Université. L’objectif affiché des membres d’ELIA est de faire des écoles non des conservatoires mais de véritables laboratoires de création intégrés à leur territoire. Cela alors que la créativité devient un facteur de plus en plus important de la concurrence entre métropoles. « En termes d’attractivité, le discours ne porte plus uniquement sur les routes ou les aéroports, mais aussi sur la population créative d’un territoire, souligne Pierre-Jean Galdin. Nantes a fait ce pari déjà depuis vingt ans et les résultats sont là. Dans ce contexte de course à l’attractivité, les artistes sont invités pour la première fois à la table de décision. » Nantes, où seront bientôt regroupées sur un même site, au cœur du projet urbain de l’Île de Nantes, les principales formations supérieures créatives (architecture, design, arts graphiques, université…), entend montrer à cette occasion qu’elle endosse ce rôle d’hôte exemplaire.

HEART, L’ART AU CŒUR DU TERRITOIRE, 11e congrès biennal d’ELIA

Du 27 au 30 octobre, Nantes, différents sites, informations sur www.esba-nantes.fr, www.eliabiennial.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°333 du 22 octobre 2010, avec le titre suivant : Nantes accueille le gratin des écoles d’art

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