Foire & Salon

Marrakech Art Fair - Une place au soleil

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 20 octobre 2010 - 640 mots

La Marrakech Art Fair a su cristalliser l’intérêt des collectionneurs marocains et français installés sur place.

MARRAKECH - Monter une foire d’art contemporain de stature internationale au Maroc était un pari. Au vu de sa première édition, la Marrakech Art Fair semble être en passe de le réussir.  Installée au palace Es Saadi, la manifestation a d’abord bénéficié d’une organisation professionnelle sans faille, sur le plan aussi bien des infrastructures que de l’accueil. De ce dernier point de vue, la réputation des Marocains n’est pas usurpée. Les visiteurs sont ensuite venus en nombre, surtout le soir du vernissage où l’on sentait une vraie effervescence. Le salon a pu compter sur une portion des dix mille Français qui possèdent une résidence dans la ville rouge, parmi lesquels un grand nombre de collectionneurs. Certains ont d’ailleurs ouvert les portes de leur propriété pour l’occasion, à l’exemple de Xavier Guerrand-Hermès ou de l’écrivain Thierry Martin de Beaucé. « Les galeristes européens ont découvert que les Français installés à Marrakech étaient plus nombreux qu’ils ne l’imaginaient, constate Renaud Siegmann, directeur artistique de Marrakech Art Fair. Mais la foire a aussi agi comme un électrochoc sur le goût des Marocains ». Ce fut ainsi le cas sur le stand d’André Magnin, qui défend la création africaine subsaharienne. « Les grandes fortunes de Marrakech et de Casablanca ont pratiquement acheté tout ce que j’avais à vendre, notamment les Samba, Bodo, Sidibé… », se félicite le marchand qui proposait en même temps une saisissante exposition dans les anciens locaux de la Banque du Maroc, place Djemaa El Fna. « Les Marocains ne connaissaient pas ces artistes parce qu’il existe très peu de relations culturelles entre le Maghreb et l’Afrique noire. Et Cheikh Hassan ben Mohamed ben Ali al-Thani du Qatar a demandé à ses conseillers de rédiger des fiches sur les artistes que je représente ! » Le fondateur du Musée arabe d’art moderne (Mathaf) à Doha, la capitale du Qatar (lire p. 7), qui visitait Marrakech Art Fair avant de se rendre à Londres pour Frieze Art Fair et à Paris pour la FIAC, a acquis notamment Divine graffiti/Al Jabbaar de Mounir Fatmi sur le stand de Hussenot (Paris) et la sculpture Le Rituel de Zoulikha Bouabdellah à la Bank Galerie (Paris). Un dessin de la même artiste était acheté par le président de l’Association pour la diffusion internationale de l’art français (Adiaf), Gilles Fuchs.  De son côté, Dominique Fiat (Paris) vendait cinq œuvres de la série

I have a dream de Tania Mouraud, tandis que JGM. Galerie (Paris) cédait le grand cheval blanc de Jean-François Fourtou à un collectionneur marocain. La galerie Di Meo faisait un tapage en vendant deux David Reimondo, respectivement à Paris et à Marrakech, et un dessin de Michaux à un Français expatrié au Maroc, qui emportait aussi une table basse contenant du pigment bleu IKB d’Yves Klein. Enfin, la galerie cédait un Degottex à un Français qui possède une résidence à Marrakech. La propriétaire de l’Es Saadi, Élisabeth Bauchet-Bouhlal, également collectionneuse, emportait notamment un tableau de Khaled Hafez sur le stand de Caprice Horn (Berlin) et l’ours Wild Thing, de David Mach, présenté par la galerie Jérôme de Noirmont (Paris). L’Atelier 21 (Casablanca) trouvait preneur de son côté pour des pièces de Mahi Binebine et de Mohamed El Baz. Hicham Daoudi, président d’Art Holding Morocco, qui organisait l’événement, a lancé lors d’une table ronde un appel à l’État marocain. « Aujourd’hui, les pouvoirs publics de mon pays ne prennent pas la mesure de la dimension historique de la culture », a-t-il déploré. La manifestation, visitée par le ministre de la Culture, Bensalem Himmich, pourrait faire évoluer les choses, dans une ville qui a montré lors de cette première tout son potentiel. Pour sa deuxième édition, en 2011, la foire devrait s’agrandir et s’ouvrir plus largement aux galeries du bassin méditerranéen.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°333 du 22 octobre 2010, avec le titre suivant : Marrakech Art Fair - Une place au soleil

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