Berlin

En quête d’énergie

Malgré de réelles améliorations, Art Forum n’a pas reflété l’identité berlinoise.

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 20 octobre 2010 - 514 mots

L’énergie créative d’une ville ne parvient pas toujours à infuser la foire qui s’y déroule. Le côté déglingué et alternatif de la capitale allemande fait ainsi cruellement défaut à Art Forum, qui s’est tenue cette année du 7 au 10 octobre à Berlin.

BERLIN -  Le niveau du salon s’est certes nettement bonifié par rapport à l’an dernier, offrant même quelques beaux moments comme l’hommage mi-respectueux mi-ironique d’Isa Melsheimer à Adolf Loos chez Nächst St. Stephan (Vienne), ou la vidéo The Hottest Day of the Year d’une Keren Cytter très inspirée par Chris Marker chez Schau Ort (Zurich).  Aidé par un aménagement ingénieux en quinconce, le secteur « Focus » dédié aux jeunes galeries a fait un réel bond en avant, avec quelques bonnes prestations comme le road-movie américain du duo suisse Taiyo Onorato & Nico Krebs chez Kunstagenten (Berlin), ou le conte contemporain Kempinski tourné au Mali par le jeune Neil Beloufa chez Kai Middendorf (Francfort-sur-le-Main). Mais, à l’inverse de l’événement voisin « ABC », consacré cette année au film et à la vidéo, l’ensemble est resté propret et ennuyeux. Le visiteur trouvait plus de respiration et de fraîcheur dans l’un des deux halls, où exposaient des galeries au profil très divers comme la Parisienne Nathalie Obadia ou le Berlinois Mehdi Chouakri. Ceux qui étaient venus à Berlin dans l’espoir de dénicher de jeunes espoirs trouvaient peu de grain à moudre. Car une bonne partie des jeunes artistes exposés ne dépassaient pas la nostalgie pour les mentors des années 1960. Regard figé sur une Arcadie perdue chez Ingo Gerken, montré par Pianissimo (Milan), admiration de Matt Golden pour l’histoire de l’art conceptuel chez Bischoff/Weiss (Londres). Faute de découvertes, qui devraient pourtant être l’essence du salon, on s’attardait sur les vieux routiers de l’art, avec la longue marche de Hamish Fulton sur le mont Everest présentée par Häusler Contemporary (Munich, Zurich), ou le magnifique stand d’Hans Mayer (Düsseldorf) conçu autour de François Morellet, Olivier Mosset et Michael Heizer. Quelques galeries ont tiré leur épingle d’un jeu commercial difficile. Yvon Lambert (Paris, New York) a vendu à un collectionneur européen sept tables d’archives de Douglas Gordon. Les participants de la foire se sont habitués aux résultats en dents de scie. « Même si vous ne vendez pas à Berlin, la ville offre tellement de choses que cela vaut le coup d’y être », affirme Marina Schiptjenko, codirectrice d’Andréhn-Schiptjenko (Copenhague). Mais pour résister face à ses concurrentes, Art Forum aurait tout intérêt à s’appuyer à l’avenir de ce qui constitue la matière vive de Berlin : les artistes.

Une Pop-up Gallery à Berlin

Essai encourageant pour la « Pop-up Gallery » de Christophe Gaillard, installée pendant un mois dans un espace de 450 m2 dans la Halle am Wasser, à Berlin. Le galeriste parisien a même vendu quatre pièces de Chiharu Shiota aux collectionneurs allemands Alison et Peter W. Klein. « Je voulais un laboratoire hors les murs. Je partais dans l’inconnu, et je ne pensais pas trouver autant d’intérêt que j’en ai rencontré », déclare-t-il. Celui-ci entend renouveler à l’occasion l’expérience dans une autre ville.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°333 du 22 octobre 2010, avec le titre suivant : En quête d’énergie

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