1900

Bâle à l’heure de la Sécession

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 18 octobre 2010 - 441 mots

Retour sur les années fastes de la Sécession viennoise à la Fondation Beyeler. Une première en Suisse.

RIEHEN / BÂLE - L’Autriche a beau partager quelques centaines de kilomètres de frontière avec la Suisse, la Sécession viennoise fait pour la toute première fois l’objet d’une exposition en Confédération helvétique, avec « Vienne 1900. Klimt, Schiele et leur temps », présentée à la Fondation Beyeler à Riehen, près de Bâle.  En choisissant d’évoquer l’époque et sa saine émulation artistique, la manifestation se distingue salutairement de l’approche purement esthétique proposée par Serge Lemoine, commissaire de l’exposition des Galeries nationales du Grand Palais à Paris, en 2005, sur les quatre électrons libres qu’étaient Gustav Klimt, Egon Schiele, Koloman Moser et Oscar Kokoschka. Par la force de leur art, Klimt et Schiele dominent encore le parcours, qui s’ouvre aux autres artistes de l’avant-garde viennoise – moins puissants, les peintres Richard Gerstl et Arnold Schönberg souffrent d’ailleurs de la comparaison. À défaut de véritable nouveauté sur un plan scientifique, l’atout de la Fondation Beyeler est sa puissance de négociation, aussi les prêts obtenus sont-ils de grande qualité – en particulier ceux du Leopold Museum, à Vienne (Autriche), qui accueille actuellement en échange une sélection d’œuvres de la collection Beyeler. À titre d’exemple, une délicate paire de vitraux dessinée par Koloman Moser, aujourd’hui dans une collection particulière, est présentée pour la première fois depuis la quatorzième exposition de la Sécession en 1902. Comptant à son actif différentes collaborations avec l’Eli Broad Foundation à Los Angeles, le Musée Guggenheim de New York et l’Albertina de Vienne, la commissaire Barbara Steffen a posé sur les œuvres son regard de spécialiste de l’art contemporain ; ainsi voit-elle dans un relief de dessus-de-porte de Josef Hoffmann (1870-1956), lui aussi présenté à la quatorzième exposition sécessionniste, le premier relief abstrait connu. Ce regard fait particulièrement honneur aux dessins érotiques de Schiele et confirme leur force intemporelle. Côté peinture, l’accrochage met merveilleusement en valeur la qualité textile des portraits iconiques de femmes peints par Klimt en les opposant à ses paysages à la surface tissée, rassemblés sur le mur d’en face.  Le portrait de l’époque ne serait pas complet sans la salle consacrée aux arts appliqués et à l’architecture. Les dessins préparatoires de Moser pour les vitraux de l’église St. Leopold am Steinhof (Vienne) côtoient une maquette de l’édifice pensé par Otto Wagner, lequel signe également du mobilier d’avant-garde. Et Josef Hoffmann, à qui l’on doit un ensemble raffiné de verrerie et orfèvrerie, est l’architecte se cachant derrière la décoration intérieure du Cabaret Fledermaus (Cabaret de la chauve-souris), dont la maquette achève cette évocation réussie de la Vienne du début du XXe siècle.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°333 du 22 octobre 2010, avec le titre suivant : Bâle à l’heure de la Sécession

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