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Le Mathaf s’ancre à Doha

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 18 octobre 2010 - 571 mots

L’ouverture d’un nouveau musée d’art moderne au Qatar donne une visibilité aux artistes de la région.

DOHA - Le paysage moyen-oriental va bientôt s’enrichir d’une nouvelle institution : le Musée arabe d’art moderne (Mathaf), qui ouvrira ses portes le 30 décembre à Doha (Qatar). Cette institution abritera une partie de la collection d’art moderne et contemporain de Cheikh Hassan ben Mohamed ben Ali al-Thani, cousin de l’émir.

Cet homme aussi curieux qu’érudit a commencé à acheter en 1986 une œuvre du peintre qatari Youssef Ahmad. Sa collection a évolué au rythme de ses rencontres et de l’avancée de ses connaissances, s’étendant peu à peu à l’art contemporain du Maghreb et du Moyen-Orient, de Mona Hatoum à Ghada Amer, en passant par Mounir Fatmi et Kader Attia. « Les points forts de sa collection moderne, ce sont les artistes égyptiens surréalistes des années 1940, les artistes irakiens des années 1930 à 1980 et les artistes libanais des années 1960, précise le curateur Brahim Alaoui. Au début, il pensait monter une collection qui aille du monde arabe jusqu’au Pakistan, mais il a réduit le champ, en se disant qu’il fallait avancer progressivement. Il sait qu’il s’agit d’un travail à long terme. » Depuis trois ans, cet ensemble s’est néanmoins élargi aux artistes d’Inde, de Turquie et d’Iran.

En 1994, Cheikh Hassan décide d’ouvrir un musée privé, installé dans deux maisons jumelles, l’une dédiée à la présentation des œuvres et l’autre au stockage. Dix ans plus tard, il donne ce fonds composé de quelque 6 000 œuvres à la Qatar Foundation en vue de créer un musée public donnant un ancrage et une base de recherche autour des artistes arabes.  « Un lieu vivant » Situé sur le territoire de la Qatar Foundation, à l’extérieur du campus, le musée occupe le bâtiment d’une ancienne école réaménagée par l’architecte Jean-François Bodin. À l’édifice initial de l’école s’ajoute une extension de 1 500 m2, l’ensemble totalisant 6 000 m2. La structure compte un café au look plutôt branché et une bibliothèque. Un patio devrait être dévolu aux activités nocturnes telles que concerts ou projections. « Il y a dans l’aménagement un côté volontairement rugueux, un caractère non fini, précise Jean-François Bodin. Les dalles ont été laissées apparentes, les faux plafonds ont été retirés. » Car cet espace, ouvert dans l’urgence pour coïncider avec la célébration de Doha comme capitale culturelle du Moyen-Orient, serait temporaire. « C’est le début du projet, mais Cheikh Hassan et le Qatar Museum Authority ont plus d’ambition. Ils veulent que la collection et l’institution grandissent, explique Wassan al-Khudairi, directrice intérimaire du musée. Il est important que le projet connaisse plusieurs étapes, qui lui donnent des racines solides. On veut que la communauté locale nous suive, que ce soit un lieu vivant que les gens s’approprient. On souhaite que les étudiants s’y sentent chez eux. » Visiblement, les Qataris font preuve de plus de sagesse que leurs mégalomanes voisins d’Abou Dhabi…

L’inauguration mettra en exergue quelque deux cent vingt pièces de la collection regroupées sous le titre « Sajjil : un siècle d’art moderne ». Deux autres événements sont organisés dans un centre d’expositions, ouvert simultanément près du Musée d’art islamique. « Interventions » présentera cinq pionniers de l’art moderne, tandis que le volet « Told/untold/retold » déploiera des commandes passées à vingt-trois artistes contemporains. Ces manifestations permettront de débattre de la notion, encore mal définie, de la modernité dans le monde arabe.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°333 du 22 octobre 2010, avec le titre suivant : Le Mathaf s’ancre à Doha

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