Bernar Venet succédera à Murakami

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 7 octobre 2010 - 528 mots

Après le Japonais Murakami, Versailles invitera deux artistes français, dont Bernar Venet, à intervenir dans les jardins l’année prochaine.

VERSAILLES - La pétition dénonçant l’exposition de l’artiste japonais Takashi Murakami au château de Versailles, diffusée sur le site www.versailles-mon-amour.fr et signée par 5 690 personnes au 1er octobre, a fait pschitt. Autant que la manifestation le 14 septembre devant les grilles du château d’une cinquantaine de protestataires. La controverse a certes été reprise dans une tribune réactionnaire de Jean Clair parue dans Le Monde daté du 3 octobre. « Plaisir de l’avilissement, reflet de ce que Proust eût appelé le snobisme de la canaille, propre aux élites en déclin et aux époques en décadence, grince l’ancien directeur du Musée Picasso. L’objet d’art, quand il est l’objet d’une telle manipulation financière et brille d’un or plaqué dans les salons du Roi-Soleil, a plus que jamais partie liée avec les fonctions inférieures, exhibant les significations symboliques que Freud leur prêtait. » Kitsch, grotesque et puérile, l’exposition de l’artiste japonais fait toutefois un tabac, profitant finalement de ce parfum de scandale. « Cela fait parler du château dans le monde entier. Il y a un effet Murakami, avec une augmentation de fréquentation de 15 à 20 % par rapport à l’an dernier à la même époque, ce qui est très positif dans un contexte réputé peu tonique pour le tourisme international », souligne Jean-Jacques Aillagon, président du château de Versailles. Celui-ci a d’ailleurs évité la passe d’armes avec la Société des amis de Versailles, alors qu’en 2008, Olivier de Rohan, son ancien président, avait publiquement critiqué l’exposition Jeff Koons au château. « Les Amis ont compris que la règle du jeu d’une société d’amis est de ne pas exprimer de sentiment hostile, sinon il ne s’agit pas d’amis », constate Jean-Jacques Aillagon. 

Des sculptures faites pour le parc
Poursuivant sur sa lancée, le château de Versailles invitera l’an prochain deux artistes français, dont Bernar Venet. Ils ne devraient intervenir que dans les jardins. « Cela ne veut absolument pas dire qu’ils ne pourront plus mettre, à l’avenir, des œuvres dans les intérieurs. J’aimerais au contraire diversifier les points de vue sur le château, dans les appartements du Dauphin et de la Dauphine par exemple. Cela dépendra de l’appétence des artistes », a indiqué Jean-Jacques Aillagon. D’après nos informations, Venet souhaiterait installer deux Arcs verticaux « qui seront comme des bras ouverts encadrant le château comme les perspectives du jardin ». Les études du sol étant terminées, il n’y a pas de renforcement nécessaire pour recevoir l’œuvre. « Je ne pense pas choquer, non pas que je sois devenu un artiste pompier, nous a déclaré Bernar Venet. Mais mes sculptures ont été faites pour le parc et non pas posées là comme celles de Koons ou Murakami. » Quid, enfin, de la prestation de l’Italien Maurizio Cattelan, pressenti pour exposer à Versailles en 2012 ? « Encore faut-il qu’il le veuille toujours. Il est difficile de construire des plans aussi lointains qui engageraient mon successeur », nous a déclaré Jean-Jacques Aillagon, qui sera atteint par la limite d’âge dans l’exercice de ses fonctions en octobre 2011.

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Légende photo

Une sculpture de Bernar Venet dans le parc Vanier à Vancouver, au Canada, en 2006 - Photographe Sporkist / Taz - Licence Creative Commons BY 2.0 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°332 du 8 octobre 2010, avec le titre suivant : Bernar Venet succédera à Murakami

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