Les Médicis chez Maillol

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 6 octobre 2010 - 685 mots

PARIS

Les fabuleuses collections de la célèbre famille florentine font une escale sans éclat au musée Maillol à Paris.

PARIS - Les expositions sont d’excellents marqueurs de l’évolution de l’offre culturelle. En 1999, le château de Blois présentait une remarquable manifestation intitulée « Trésors des Médicis, une ville et une cour d’Europe ». Le cadre prestigieux du château de la Renaissance française offrait aux visiteurs, moyennant quelques dizaines de francs pour un billet d’entrée, une sélection des plus belles pièces ayant appartenu aux collections de la prolifique dynastie médicéenne présentées dans un parcours savamment articulé. Onze ans plus tard, c’est le désormais mal nommé Musée Maillol (lire l’encadré), à Paris, qui ressert le couvert dans une version tortueuse et desservie par une scénographie inutilement tape-à-l’œil. Il faut dire que la cuisine de cette exposition a connu bien des affres. Prévue pour être montrée en 2008 au Musée du Luxembourg, à Paris, elle a été retoquée par le Sénat, propriétaire des lieux, pour cause de contentieux financier entre les deux associés dans la gestion du site, Sylvestre Verger (SVO Art) et Patrizia Nitti. En octobre 2009, cette dernière a été nommée directrice artistique de la Fondation Dina Vierny et coproduit désormais, avec Patrick Marant, un ancien de SVO, les expositions du lieu. Soutenue par les autorités italiennes (elle compte parmi ses aïeux un célèbre Premier ministre de la péninsule), Patrizia Nitti a pu bénéficier de l’expertise et des prêts de nombreux musées italiens, notamment de la Surintendance du patrimoine de Florence, déjà à l’origine de l’exposition de Blois. 

Parcours saccadé
Abstraction faite du dispositif scénographique, l’histoire du mécénat des Médicis, famille de banquiers florentins qui compta notamment deux papes (Léon X et Clément VII) et deux reines de France (Catherine et Marie de Médicis), ne manque évidemment pas d’intérêt. Au sein de ce parcours chronologique saccadé émergent quelques périodes fastes. Celles de Cosme l’Ancien, protecteur de Fra Angelico, puis de son petit-fils, Laurent le Magnifique, amateur de pierres dures qui fit aussi travailler Botticelli – dont est visible ici, accrochée sur des tentures mordorées d’un goût déconcertant, L’Adoration des Mages (1475-1476, Florence, Galerie des Offices), qui est aussi un portrait de famille. C’est le second fils de Laurent, devenu pape sous le nom de Léon X, qui s’efforcera de rétablir le prestige de la famille et de reconstituer les collections dispersées lors des guerres d’Italie menées par les troupes du roi français Charles VIII. Si les célèbres portraits du pape signés Raphaël n’ont pas le fait le voyage à Paris, celui de son bibliothécaire, Tommaso Inghirami, exécuté par le même peintre, est l’une des pièces majeures de l’exposition (1510, Palais Pitti, Florence). Suit une succession de salles évoquant les préférences de chacun des membres de la lignée, plus intelligibles dans le catalogue : l’architecture et les jardins pour Cosme Ier, mécène inspiré de Giambologna ; les mathématiques pour Ferdinand Ier, proche de Galilée ; les cires mortuaires de Zumbo pour Cosme III. L’histoire est close avec la dernière héritière de la dynastie, Anne-Marie Louise, princesse palatine qui, faute d’assurer la survie du lignage, a cédé en 1737 toutes les collections familiales à la Ville de Florence. Qui sait aujourd’hui les faire fructifier.

Maillol en réserve

Installé depuis 1995 dans un hôtel particulier de la rue de Grenelle (Paris, 7e arr.), le Musée Aristide-Maillol (1861-1944) est une émanation de la Fondation Dina Vierny, reconnue d’utilité publique en 1983. Initiée par l’ancienne muse et exécutrice testamentaire du sculpteur, décédée en janvier 2009, cette fondation pilotée par ses fils, Olivier et Bertrand Lorquin a pour vocation initiale de faire connaître et de diffuser l’œuvre de l’artiste. Conformément à ses statuts, prévoyant la « constitution d’un centre culturel voué aux expressions de la vie artistique », la fondation a toujours présenté des expositions temporaires. Mais, progressivement, ce volet a pris le pas sur les collections permanentes du musée. De fait, il n’est désormais ouvert qu’entre les deux expositions temporaires annuelles, qui durent chacune quatre mois, cela sans compter le temps de montage et de démontage… Les amateurs de l’œuvre du sculpteur auront donc intérêt à viser juste pour envisager une visite.

TRÉSORS DES MÉDICIS

Jusqu’au 31 janvier, Musée Maillol, 59-61, rue de Grenelle, 75007 Paris, tél. 01 42 22 59 58, www.museemaillol.fr, tlj 10h30-19h, le ven. jusqu’à 21h30. Cat., éd. Flammarion, 280 p., 40 euros, ISBN 978-2-0812-4505-1

Commissariat : Maria Sframeli, directrice adjointe du Museo degli Argenti et directrice de la documentation et de la recherche de la Surintendance à Florence
Scénographie : Bruno Moinard
Nombre d’œuvres : 150

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°332 du 8 octobre 2010, avec le titre suivant : Les Médicis chez Maillol

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