Foire & Salon

Liban

Une nouvelle foire au Proche-Orient

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 8 juillet 2010 - 644 mots

Dédiée à l’art du Moyen-Orient, du Maghreb et de l’Asie du Sud-Est, Menasart fait ses premiers pas à Beyrouth, à la mi-juillet.

BEYROUTH (LIBAN) - L’intérêt croissant pour les artistes du Moyen-Orient a eu pour conséquence la création des foires de Dubaï et d’Abou Dhabi (Émirats arabes unis). Un troisième événement, Menasart, vient se greffer à ce socle encore balbutiant. Organisé par Laure d’Hauteville, ancienne cheville ouvrière d’Art Paris Abou Dhabi, et par le spécialiste d’art contemporain chinois Jean-Marc Decrop, ce salon prend ses marques à Beyrouth. « Par rapport à Art Dubaï, Menasart est une «boutique-style fair» limitée à trente galeries et très spécialisée. Elle se veut concentrée sur les artistes du monde arabe et asiatique », précise Jean-Marc Decrop. Le mélange Moyen-Orient, Afrique du Nord et Sud-Est asiatique élargit le monde arabe à toute la sphère musulmane jusqu’à la Malaisie. Mais l’idée sous-jacente de ce salon est surtout de repositionner Beyrouth comme capitale culturelle du monde arabe.

L’événement, qui aura lieu les 13 et 14 juillet, ressemble toutefois à un ballon d’essai. Pour cette année zéro, les organisateurs ont invité les galeries à ne présenter qu’une seule œuvre. « Les gens du Moyen-Orient ont besoin de voir, sentir, toucher. La galerie donne ainsi une idée de son identité. C’est mieux qu’une conférence de presse avec de belles promesses », indique Laure d’Hauteville. JGM (Paris) prévoit une pièce de Chourouk Hriech, tandis qu’Artfact’Paris apporte une édition de Mounir Fatmi. La plupart abordent la foire comme un test. « Je le vois comme un essai peu contraignant », confie Lilia Ben Salah, de la galerie El Marsa (Tunis). En se calant sur la saison des festivals et le retour de la diaspora, Menasart entend profiter du pouvoir d’aimantation du Liban. Mais ce calendrier estival ne fait pas l’unanimité. « L’idée est bonne, mais pas en juillet quand les familles reçoivent leurs enfants et ont la tête à toute autre chose », affirme Naila Kunigk, codirectrice de la galerie Tanit (Hambourg, Beyrouth), grande absente de cette édition. Une autre enseigne importante de Beyrouth, Sfeir-Semler, n’a pas non plus adhéré au projet. « Comment peut-on annoncer un salon à peine deux mois à l’avance ? Ce n’est pas professionnel. Cet événement, comme Art Paris Abou Dhabi, va disperser les énergies », tranche Andrée Sfeir-Semler. Car il n’est pas sûr qu’il y ait de la place pour une foire supplémentaire au Moyen-Orient. « J’espère que Menasart se développera rapidement, tempère la galeriste Isabelle Van den Eynde (Dubaï). Tout dépendra du calendrier futur de ce salon, car il est très difficile de faire déplacer les collectionneurs internationaux en juillet, après la foire de Bâle. »

Les hauts et les bas du marché libanais

Difficile de mettre en place une plateforme de marché dans une zone géopolitique aussi turbulente que le Liban. Mais bon an mal an, le pays a gardé une dynamique, malgré un fort endettement. L’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri, en 2005, a compromis le développement malgré quelques collectionneurs actifs, comme Raymond Audi ou Ibrahim Najjar. « Quand il y a des bombardements, les gens ne sortent plus. Mais deux mois après, ils courent les vernissages pour trouver leur équilibre. Acheter de l’art fait partie de la culture des Libanais. Après les bombes, il faut reconstruire les maisons, refaire la décoration. Ils veulent ouvrir une autre page. C’est un mécanisme d’autodéfense », observe Saleh Barakat, fondateur de la galerie Agial à Beyrouth. Ayant peu profité du boom de Dubaï, le Liban n’a pas non plus été éclaboussé par la crise. Quelque part, la récession lui a même été profitable, car certaines fortunes du Golfe ont choisi d’y placer leur argent depuis deux ans. Quid de la censure ? « Il y a plus une autocensure qu’une censure, constate Saleh Barakat. Nous sommes censés exposer quelque chose qui ne touche pas à l’équilibre confessionnel du pays. »

MENASART

Les 13 et 14 juillet, Pavillon royal, Biel, Beyrouth, www.menasart-fair.com, le 13 juillet 20h-23h, le 14 juillet 16h-23h

- Organisateurs : Jean Marc Decrop, Laure d’Hauteville et Pascal Odille
- Nombre d’exposants : 30
- Tarif des stands : 1 000 dollars

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°329 du 9 juillet 2010, avec le titre suivant : Une nouvelle foire au Proche-Orient

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque