Un tour des Galeries : New York

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1994 - 579 mots

NEW YORK - Certes l’indivisibilité était, l’un des traits marquants de l’exposition Barbara Kruger, il y a 3 ans, à la galerie Mary Boone où elle avait décoré toutes les surfaces disponibles – sols, plafonds, murs et même  le rideau de fer de la galerie – de ses typographies si caractéristiques, noires, rouges et blanches, et d’agrandissements photographiques. Pour savoir si ses œuvres les plus récentes sont tout aussi indivisibles, rendez vous chez Mary Boone entre le 5 mars et le 30 avril.

Barbara Kruger n’est que l’une de ces nombreuses artistes femmes qui, à l’heure actuelle, se spécialisent dans l’art total. Carolee Schneemann a été un pionnier du genre et l’on peut voir ce mois-ci, à partir du 19, chez Penine Hart, son invention "Mortal Coils," à la mémoire de onze de ses amis décédés l’an dernier, parmi lesquels John Cage, Hannah Wilke et Peter Moore, le photographe du monde de l’art. Pour cette installation, elle a habillé les murs d’extraits de nécrologies, de photographies et onze cordes projettent leur ombre ondoyante sur le décor des diapositives. L’exposition se termine le 16 avril. Si vous souhaitez écouter Carolee Schneemann discuter de son travail, vous n’avez qu’à passer au Whitney Museum le 24 mars à 18h15, date à laquelle elle participera à la série des colloques d’artistes de cette institution.

Les récentes installations d’Adrian Piper ont souvent mis les spectateurs en présence d’écrans vidéo placés dans des compositions architecturales manipulables. Du 3 au 26 mars, l’espace Paula Cooper, 149 Greene Street, présente l’amorce de l’engagement de cette artiste autour de la notion d’espace enveloppant dans son "Hypothesis Series," son enquête photographique sur l’extérieur et le moi, faite entre 1968 et 1970. Adrian Piper considère qu’il s’agit là d’un pont jeté entre ses productions conceptuelles plus anciennes et son travail récent plus marqué politiquement.

A la 303 Gallery, Kristin Oppenheim entoure le visiteur de bruit, rien de plus rien de moins... (à partir du 12 mars). La dernière création en date de Sherrie Levine, "Newborn", telle qu’elle a été disposée l’automne dernier dans le grand hall du Philadelphia Museum of Art, ne relève pas de l’art des installations. "Newborn" consiste, en effet, en une douzaine de pianos à queue alignés servant de supports à autant de moulages de verre mat du marbre ovoïde (1915) de Constantin Brancusi. (Le Philadelphia Museum possède ce Brancusi dans la  Collection Arensberg). Marian Goodman a réussi à en faire entrer six dans sa galerie de la 57ème rue (jusqu’au 26 mars).

Renée Green était pensionnaire, il y a peu de temps encore, à l’incomparable Fabric Workshop, l’Atelier du Tissu de Philadelphie, qui a facilité, sans qu’on le sache, le rêve de plus d’un artiste, et elle a modifié des motifs traditionnels d’étoffes françaises du XVIIIe siècle pour y inclure des images faisant référence aux événements de notre époque. Dans son installation chez Pat Hearn, elle s’est servie de ce tissu pour recouvrir divers meubles et les murs sont tapissés en harmonie (5 mars - 13 avril).

On trouve de grandes aquarelles figuratives de Joseph Raffael chez Nancy Hoffman du 5 mars au 13 avril. Quelques portraits de l’homme méticuleux qu’est William Bailey font partie de son exposition chez Emmerich du 3 mars au 9 avril. L’un d’eux, "Portrait of S.", date de 1964 (prêt de l’University of Virginia Museum) et un autre, "Portrait of N.", de 1980 (prêt du Whitney Museum). Ils nous permettent de mieux comprendre son évolution jusqu’à sa production la plus récente.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : Un tour des Galeries : New York

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