6e Salon de Mars

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1994 - 839 mots

Le salon du Champ de Mars se veut resserré et de prestige. Or, beaucoup de marchands importants l’ont délaissé.

PARIS - Avec près de 80 exposants, dont une dizaine de l’étranger - contre un total de 92 l’année dernière et 120 en 1991 – le sixième Salon de Mars se tiendra du 18 au 27 mars (vernissage le soir du jeudi 17) de 12h00 à 21h00 sous sa traditionnelle tente blanche au Champ de Mars.

Les organisateurs et fondateurs du salon, Florence Benhaim et Daniel Gervis ont, disent-ils, voulu restreindre le nombre d’exposants français et étrangers cette année afin de présenter une exposition "de très haut prestige". Mais un marché toujours brimé par la récession, et le foisonnement d’autres salons importants – et concurrents – avaient déjà découragé beaucoup de marchands.

Parmi les défections parisiennes, celles de Jacqueline Boccador et d’édouard Bresset, tous deux spécialisés dans la Haute Époque, et de Jean-Jacques Dutko, marchand d’art africain et d’art contemporain. Certains marchands étrangers qui avaient abandonné le Salon de Mars, lui reprochant sa dimension par trop parisienne, comme Gisèle Croës de Bruxelles, spécialiste d’art chinois ancien, ne sont toujours pas revenus. Tout comme Maurice Segoura et Jacques Perrin du groupe des cinq "Antiquaires à Paris", leaders mondiaux dans le mobilier XVIIIe français.

Miracle, après l’annulation du Salon du dessin 1994 qui n’a pu trouver à se loger convenablement après la fermeture du Grand Palais, neuf de ses participants, et non des moindres sont venus trouver refuge au Champ de Mars : Bruno de Bayser, Galerie Paul Prouté, Galerie La Scala, Baroni, Brame et Lorenceau, Galerie Cailleux, François Perreau-Saussine de la Galerie du Carrousel, Galerie Fischer-Kiener et Patrick Perrin rejoignent ainsi Huguette Bérès, spécialiste des peintres "nabis" et de gravures japonaises, et fidèle participante à la fois au Salon de Mars et au Salon du dessin.

L’art primitif
Le mobilier XVIIIe-début XIXe français sera défendu cette année par Claude Lévy (galerie Etienne Lévy), un ancien des "Antiquaires à Paris", avec, entre autres, un ensemble de coffrets de voyage et une presse à estamper portative. Yves Mikaeloff aura un stand entièrement consacré à des dessins français et italiens des XVIIIe et XIXe siècles. Il présentera également tapis et tapisseries, ainsi qu’un choix de mobilier français allant du XVIIIe siècle – une table et des banquettes Louis XVI estampillées Leleu et Dupain – à l’Art Déco, avec la collection Zaltumbide de meubles exécutés par Jules Leleu en 1923-25.

L’un des points forts du Salon de Mars à ses débuts fut l’art contemporain. Mais ces dernières années les pièces importantes se sont avérées invendables à Paris. L’année dernière, on ne voyait qu’une poignée de galeries d’art contemporain au Champ de Mars, et très peu d’œuvres inédites. Cette année, seize galeries d’art contemporain sont présentes. Mais hormis quelques vedettes comme Daniel Templon, la galerie Durand-Dessert qui présentera des œuvres par Gérard Garouste, Barry Flanagan, Mario Merz, Yan Pei-Ming et Gerhard Richter, ou Jean-Gabriel Mitterrand toujours fidèle à Niki de Saint Phalle et Igor Mitoraj, ou encore Stefano Contini de Venise, cela sent malheureusement très fort le remplissage.

L’art primitif, en revanche, reste un des grands attraits du Salon, l’une des très rares vitrines internationales pour ce qu’il est politically correct d’appeler "art premier". Celui-ci sera richement représenté grâce à des marchands comme Deletaille et Giumiot, tous deux de Bruxelles, Alain de Monbrison et l’un de ses voisins de la rue des Beaux-Arts, Anthony Meyer, seul marchand dans la capitale spécialisé uniquement dans l’art océanien . Parmi ses objets, une collection de bijoux, d’ornements et de symboles de richesse en coquillage, écaille et plumes, et un personnage masculin "Iniet", fort rare, qui figure dans le livre "L’art océanien" paru en décembre chez Citadelles & Mazenod.

Designers années 40
L’Art Déco, spécialité parisienne s’il en est, se trouvera sur le stand de la Galerie Doria (mobilier de Jacques-émile Ruhlmann) ainsi que chez Bob et Cheska Vallois (Galerie Vallois – meubles d’Eugène Printz et Eileen Gray). La galerie l’Arc en Seine, quant à elle, propose un important ensemble de mobilier de Jean-Michel Frank aux côtés de sculptures et meubles par les frères Alberto et Diego Giacometti qui, tout comme Dali et Bérard, collaborèrent avec lui. Des meubles de Frank figureront aussi sur le stand de la Galerie Neo Senso, avec des œuvres d’autres grands designers des années 40 – Marc du Plantier, André Arbus, Jean Royère et le maître ferronnier et ornementiste Gilbert Pollerat.

La galerie Les enluminures, la seule à Paris à être spécialisée dans les manuscrits enluminés médiévaux, participe pour la première fois au Salon de Mars aux côtés d’un autre nouvel arrivant, Sam Fogg, expert londonien mondialement connu dans le domaine des manuscrits et des miniatures en provenance d’Europe, de Byzance et du Proche-Orient.

Dick Temple de The Temple Gallery, de Londres, apporte un choix imposant d’icônes russes des XVe et XVIe siècles – dont trois des plus belles proviennent de la collection de la Menil Fondation de Houston, et qui furent acquises à la vente de Couturier et Nicolay à Drouot au mois de décembre dernier.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : 6e Salon de Mars

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