Commissaires-priseurs

Divorces : Tajan perd un Ader et Binoche son Godeau

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1994 - 629 mots

PARIS - Me Rémi Ader s’en va. Après la dissolution de la Société civile professionnelle Ader-Tajan prononcée le 26 janvier par le tribunal de grande instance de Paris, Me Rémi Ader se sépare de Me Jacques Tajan et de son frère Me Antoine Ader, pour s’installer dans de nouveaux bureaux au 14, rue Favart, tout à côté de ceux de ses anciens associés. Ces derniers vont rester au numéro 12 jusqu’au mois de juin ou juillet, lorsqu’ils déménageront dans de nouveaux locaux, rue des Mathurins.

"Je ne souhaite pas rester dans la même maison parce que je n’ai pas les mêmes méthodes que mes anciens associés. Je tiens à me démarquer autant sur le plan financier que professionnel", dit Rémi Ader qui prévoit de déménager le 15 mars. Il emmène avec lui, dans 200 mètres carrés de bureaux, une dizaine de collaborateurs – "pour la plupart des amis qui vont travailler avec enthousiasme" – ainsi que toutes les archives de l’étude d’avant 1972, et une partie des plus récentes qui lui reviennent par jugement du tribunal.

Parmi les premières prestations de Me Rémi Ader, la suite de la bibliothèque musicale de la comtesse de Chambure, dont la première partie fut adjugée en mai dernier, des objets d’art, linge et argenterie de paquebots, qui seront dispersés chez Christofle, rue Royale, le 26 mars, une vente d’objets et de meubles XVIIIe siècle, ainsi qu’une vente de vins.

Cette dernière séparation n’est que le dernier épisode dans l’histoire pour le moins animée de la première étude de France.
Rémi Ader reprochait à Me Tajan d’avoir mis en péril leur étude par des ventes "désastreuses" au Japon et des dépenses de publicité et de promotion "inconsidérées," notamment pour les ventes de prestige à l’Hôtel George V. Me Tajan, quant à lui, accusait son associé de ne pas avoir rempli ses devoirs envers la société.

Avec un chiffre d’affaires de 460 millions de francs (frais inclus) l’étude Ader-Tajan a connu un accroissement de son volume d’affaires de 32 % en 1993.

Le tribunal de grande instance qui a prononcé la dissolution de la société a également nommé un expert comptable pour examiner les comptes de l’étude, notamment en ce qui concerne ses activités à Monaco, en Suisse et au Japon. Après l’expertise comptable, chacun des trois anciens associés devra recevoir un tiers du reliquat de feu Ader-Tajan.

"Sans rancune"
Jean-Claude Binoche, 51 ans, et Antoine Godeau, 42 ans, les commissaires-priseurs associés de l’étude Binoche-Godeau, 5, rue La Boétie à Paris, ont décidé de se séparer "sans rancune" après onze ans. La fin de leur association s’est formalisée par le dépôt d’un dossier auprès du Procureur.

"Cette séparation est un choix de carrière qui s’est fait de façon conviviale et amicale, une séparation aussi exemplaire que notre association. Chacun voit son intérêt ailleurs. Notre association n’était pas un mariage, on ne se demandait pas une fidélité à vie," dit Me Binoche, qui prit Antoine Godeau comme clerc en 1979, quatre ans avant que celui-ci ne prête serment comme commissaire-priseur, pour ensuite devenir son associé à 50% .

Me Godeau, pour sa part, achète une nouvelle étude en s’associant avec un ami, Alain Leroy, expert en meubles et objets d’art, qui a beaucoup travaillé avec Binoche-Godeau. L’étude a fait un chiffre d’affaires de cent millions de francs en 1993, dont la moitié dans le domaine de l’art moderne et contemporain. Elle avait été achetée à Me Roger Aper pour 50 000 mille francs en 1970 par Me Binoche, fraîchement commissaire-priseur.

Me Binoche a racheté 499 des 500 parts de Me Godeau dans l’étude, lui laissant la part nécessaire pour qu’il reste commissaire-priseur en titre. Me Godeau compte organiser des ventes d’objets d’art, meubles, art d’Extrême Orient, photographies et art contemporain. "On sera concurrent. Ce sera amusant."

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : Divorces : Tajan perd un Ader et Binoche son Godeau

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