Villeneuve-d’Ascq

Le « new look » des Trois Suisses

À Villeneuve-d’Ascq, les Trois Suisses construisent un bâtiment futuriste conçu par Naço.

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1994 - 489 mots

La crise profiterait-elle à la vente par correspondance ? Pour répondre à la demande, Les Trois Suisses consomment de plus en plus d’images pour l’édition de leur catalogue tiré à sept millions d’exemplaires, deux fois par an. Autant dire des milliers et des milliers de clichés à faire, et à renouveler. A l’heure de l’image virtuelle, le mariage entre la photographie et la publication assistée par ordinateur (PAO) a amené le géant de la vente par correspondance à s’interroger sur la définition d’un nouvel outil : un studio numérique.

VILLENEUVE-D’ASCQ - Au terme d’un concours restreint, les Trois Suisses ont retenu le projet de l’équipe Naço, duo d’architectes de talent qui s’est illustré l’année dernière avec la réalisation du restaurant de Pierre Gagnaire à Saint-Étienne. En construction à Villeneuve-d’Ascq, la ville nouvelle de Lille, ce bâtiment aux allures futuristes est avant tout moderne par son concept.

Mini Cinecittà, le studio pensé par Naço est une véritable machine à image. C’est un lieu destiné à être hanté par les mannequins et utilisé quotidiennement par dix photographes à demeure, cinq stylistes et trente personnes derrière leur écran de PAO. Ce studio "newlook" (du nom de la filiale des Trois Suisses) est conçu en termes de synergie et de communication. Les architectes ont cherché à créer les conditions d’une "cohabitation créative".

Quelle image d’architecture pour un studio d’images ? La symbolique du bâtiment devant exprimer le caractère avant-gardiste du studio, on pouvait craindre une architecture "goldorak". Il n’en est rien. Cependant l’image est forte.

Requin avec dents de verre
Le studio se présente comme une imbrication de formes. Une tête mystérieuse émerge comme un requin avec des dents de verre. Ce grand volume en ellipse est le cœur du projet, le lieu de communication par excellence. Cette excroissance de granit noir sort d’un cadre de marbre blanc en arc de cercle sous lequel se développent des façades de verre sérigraphié laissant apparaître des visages. A l’arrière, le bâtiment devient plus fonctionnel, les espaces intérieurs se prolongent par une place – elle-même un studio à l’air libre – autour de laquelle s’organisent cinq autres studios et ateliers de décor.

"Serein à l’extérieur, un peu fou à l’intérieur", telle est l’attitude adoptée par Marcelo Joulia et Alain Renk. L’intérieur promet d’être un joli petit délire. Une forêt de poteaux inclinés dans tous les sens marque l’espace central déjà animé par un jeu de passerelles. Ces fines piles vont faire l’objet d’intervention de plasticiens. Plus sage est le balcon réservé à la PAO qui se répartit sur toute la courbe du bâtiment.

D’un coût de 35 millions de francs, le studio qui se développe sur 8 000 m2 de surface (une extension est d’ores et dejà prévue) sera livré en avril 95. Spécialistes d’architecture intérieure, Naço signe là sa première œuvre construite. Les Trois Suisses leur ont confié une mission globale, de l’architecture au design, soit toute la charte graphique de ce bâtiment producteur d’images.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : Le « new look » des Trois Suisses

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