Fondation Kress

Chefs-d’œuvre de la peinture baroque

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1994 - 550 mots

La fondation Kress a su réunir l’une des collections de peinture baroque les plus remarquables des États-Unis en quelque trente-cinq ans (1925-1960).

NEW YORK - Samuel H. Kress, patron d’un magasin à succursales multiples, a fait don de la majeure partie de sa collection à la National Gallery of Art de Washington, et s’est également montré généreux à l’égard de plus d’une dizaine d’autres musées. Sous le titre, "Un cadeau pour l’Amérique : chefs-d’œuvre de la peinture européenne provenant de la collection Samuel H. Kress", celle-ci est présentée jusqu’au 24 avril au musée d’art de la Caroline du Nord, situé à Raleigh. Elle regroupe des œuvres provenant de 16 musées disséminés à travers tous les États-Unis.

Le mérite principal de la collection est d’avoir constitué un ensemble d’œuvres baroques italiennes et allemandes – le groupe de ces dernières est sans doute inégalé hors d’Allemagne – remontant aux débuts de la peinture à l’huile. Toutefois, les choix pour la présente exposition ont plutôt porté sur des toiles plus récentes

Les chefs-d’œuvre peu connus
Samuel H. Kress, aidé d’un marchand de tableaux florentin, le comte Alessandro Contini-Bonacossi, s’était fixé pour objectif de réunir les œuvres des peintres italiens les plus représentatifs du XIVe au XVIIIe siècle. Samuel H. Kress, en 1935, a souhaité exposer ces toiles, alors en majeure partie italiennes, dans un musée qu’il ouvrirait sur la Cinquième Avenue, à New York, mais la National Gallery, qui venait d’ouvrir ses portes à Washington, l’a persuadé de lui en faire don, tout en se réservant le droit d’opérer un choix préalable. La collection a pris de l’ampleur pendant la guerre, où le marché de l’art était devenu d’une richesse inimaginable, aux États-Unis. Rush Kress, le frère de Samuel, put alors tout à la fois en élever le niveau et en élargir la répartition. Or, si la National Gallery continuait à avoir une option de faveur, son conservateur-en-chef, John Walker, n’appréciait guère la peinture baroque italienne "décadente" des XVIIe et XVIIIe siècles.

Voilà pourquoi nombre d’œuvres furent expédiées "en province". Il est bien dommage pour la National Gallery qu’elle ne puisse plus récupérer certaines œuvres refusées par John Walker, et parmi elles, un magnifique Pompeo Batoni, Le Triomphe de Venise, appartenant au musée de la Caroline du Nord, deux superbes Bellotto, Le Marché à Pirna, conservé à Houston, et Entrée de palais, qui vient d’El Paso, les deux plus beaux Baccicio, L’Action de grâces de Noé et Le Sacrifice d’Abraham, du musée d’Atlanta, ou encore l’une des réussites d’Horace Vernet, La Marchesa Cunegonda Misciattelli avec son enfant et la nourrice, du musée de l’université d’Arizona, à Tucson.

Le musée du Louvre a bien voulu prêter pour l’actuelle exposition un superbe Mola, "Herminie pansant les blessures de Tancrède après le combat d’Argante", que la fondation Kress avait innocemment acheté en 1953 à un marchand parisien, Jean Neger, avant de l’offrir au De Young Memorial Museum, à San Francisco, en 1961. Ce tableau avait disparu vers 195O du Palais de l’Elysée, où il était déposé depuis 1875. San Francisco l’a rendu à Paris en 1986.

Après Raleigh, jusqu’au 24 avril, l’exposition ira au musée des Beaux-Arts de Houston (22 mai -14 août), au musée d’art de Seattle (17 sept.- 20 nov.) et enfin, au De Young Memorial Museum de San Francisco (17 déc.- 4 mars 1995).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : Chefs-d’œuvre de la peinture baroque

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