Au Louvre

Achille-Etna Michallon : une résurrection

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1994 - 469 mots

Achille-Etna Michallon : ce nom hors du commun évoque un artiste mal connu, voire oublié, pourtant célèbre et admiré en son temps. Le Louvre nous propose, à partir du 11 mars la première exposition monographique consacrée à ce talentueux paysagiste français.

PARIS - C’est autour des collections du musée – il s’agit ici d’une exposition-dossier – que s’articule cette manifestation du département des Peintures, à laquelle s’associe le département des Arts graphiques. Elle mettra en lumière une partie du très important fonds du Louvre (une trentaine d’huiles et plus de sept cents dessins), essentiellement formé par la collection du comte de l’Espine, lui même amateur et proche de Michallon.

On y découvrira l’importance de cet artiste qui, bien que fauché en pleine jeunesse, n’en constitue pas moins un lien essentiel entre Valenciennes et Corot, dans la tradition du paysage classique héritée de Poussin. Michallon est en effet l’un des maillons incontournables de l’évolution du paysage en France. Chez lui, la dualité entre la réalité (le paysage de plein air, croqué sur le vif) et l’idéal (paysage historique et paysage recomposé) apparaît comme une constante. Le commissaire, Vincent Pomarède, a opté pour un parti thématique : l’apprentissage et les Prix de Rome, le voyage en Italie, les tableaux de Salon, l’évolution et l’apport de Michallon à la peinture de paysage. Ce choix coïncide avec la chronologie de l’artiste.

L’exposition est également une réhabilitation du paysage recomposé, tant décrié par les Impressionnistes. Elle tente en outre d’éclairer la méthode de travail du peintre en offrant autour des œuvres du Louvre (et notamment les trois grandes compositions de la Mort de Roland, du Thésée poursuivi par les Centaures et du Paysage inspiré de la vue de Frascati), dessins préparatoires, études, œuvres de comparaison, qui proviennent aussi de collections publiques diverses, françaises et étrangères. Tous les genres auxquels Michallon a pu s’essayer sont évoqués : paysage historique bien sûr – au sein duquel le thème de l’arbre tient une place importante – très nombreuses études de paysages, de lumière et de costumes, tant à l’huile que dessinées (Michallon fut un infatigable dessinateur). Le parcours amène de cette façon le visiteur à s’interroger sur l’avenir de la peinture de paysage après 1820 et sur l’hypothétique évolution de l’œuvre – inachevé – de Michallon : réaliste, imaginaire ou romantique ?

L’exposition est dense (110 numéros), mais aérée par des ruptures de rythme (alternance d’huiles et de dessins) et de couleur (bichromie de vert et de brun).

Un mot sur le catalogue qui, en l’absence de bibliographie conséquente sur cet artiste, prend des allures de monographie et d’ouvrage de référence. En effet, outre plusieurs essais et des notices techniques, il comportera un bref catalogue raisonné des œuvres localisées.

Achille-Etna Michallon, 11 mars - 13 juin, Musée du Louvre, Pavillon de Flore. Catalogue, 184 p, 230 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : Achille-Etna Michallon : une résurrection

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