Art moderne

Barnes : la tournée continue

Le juge Stefan accorde deux étapes supplémentaires

Par David d'Arcy · Le Journal des Arts

Le 1 mars 1994 - 513 mots

Alors que les « Chefs-d’œuvre de la Fondation Barnes » triomphent à Tokyo, un juge de l’État de Pennsylvanie a autorisé l’exposition itinérante à étendre son périple au Kimbell Art Museum de Fort Worth (Texas) et à l’Art Gallery of Ontario de Toronto. Après son ouverture à Washington, elle avait fait étape au Musée d’Orsay, où 1,5 million de visiteurs l’avaient découverte, record absolu de fréquentation pour une exposition en France.

MERION, PENNSYLVANIE - Cette décision clôt un chapitre de la bataille judiciaire qui émaille la tournée des "Chefs-d’œuvre de la Fondation Barnes", pour laquelle il a fallu révoquer une disposition du testament du fondateur, Albert Barnes. Celui-ci excluait le prêt d’œuvres d’art. Les adversaires de cette révocation s’étaient élevés contre les deux nouvelles étapes de Fort Worth et de Toronto, affirmant que le transport mettrait en danger les tableaux. Le juge Louis B. Stefan, du Tribunal du Comté de Montgomery, a pris en compte l’argument avancé par les responsables de la Fondation Barnes, selon lequel cette dernière avait besoin de fonds pour financer les restaurations de son musée de Merion. Il a ordonné que la Fon­dation Barnes utilise uniquement ces revenus pour la restauration du musée, et non pas pour consolider son capital entamé par trois années de batailles judiciaires. Cependant, il s’est opposé à l’exposition du tableau les Poseuses de Seurat à Fort Worth et Toronto.

Rendre compte des revenus
Dans sa décision, rendue le 2 février, le juge a également ordonné à la Fondation Barnes de rendre compte des revenus de l’exposition itinérante tous les trois mois. Le président de la fondation, Richard Glanton, n’a voulu révéler aucun chiffre sur la vente des catalogues, la commercialisation des calendriers, posters et autres articles, ainsi que sur le marché passé pour la reproduction des tableaux sur CD produits par Continuum, firme créée par le fondateur de Microsoft.

Les responsables du Kimbell Museum et de l’Art Gallery of Ontario (AGO) ont exprimé leur soulagement. Chacun de ces deux musées avait versé un dépôt d’un million de dollars pour figurer au calendrier de la tournée. Le Kimbell Museum paiera 3 000 000 de dollars à la Fondation Barnes pour pouvoir exposer les tableaux du 24 avril au 14 août. L’AGO versera 3 200 000 dollars pour exposer les œuvres (sept.- déc. 1994). Les deux musées, ne possédant pas de collection postimpressionniste, espèrent des records d’affluence.

La National Gallery of Art de Washington, organisatrice de la tournée Barnes, avait chargé un expert de se rendre à Tokyo pour examiner les tableaux de la collection. Celui-ci déconseilla d’exposer le Seurat, mais considéra que l’état des autres tableaux s’était amélioré en dépit du voyage en Europe et au Japon, "grâce à des conditions de présentation, dans les lieux d’exposition bien supérieures à celles de la Fondation Barnes." Un restaurateur indépendant a mis cette découverte, pour le moins surprenante, sur le compte de pressions politiques s’exerçant au sein de la National Gallery.

L’architecte Robert Venturi a déclaré que les travaux n’avaient pas commencé au musée de la Fondation et ne seraient pas terminés avant deux ans et demi.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : Barnes : la tournée continue

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