Analyse

Accompagner les jeunes pousses

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 22 juin 2010 - 506 mots

Après la dernière cuvée plutôt réussie du Salon de Montrouge, le Palais de Tokyo s’associe au Musée d’art moderne de la Ville de Paris pour offrir son panorama des jeunes artistes français les plus prometteurs sous le titre très série télé « Dynasty ».

Les collectionneurs ont vite compris l’intérêt de regarder de près ces événements proches des radio-crochets ou de la Star Academy. « Ce qui m’a surpris cette année, c’est l’arrivée d’une quarantaine de collectionneurs de l’Adiaf [Association pour la diffusion internationale de l’art français] le jour du vernissage. Plus des deux tiers des artistes présentés ont vendu, confie Stéphane Corréard, directeur du Salon de Montrouge. Les collectionneurs se sont fait plaisir avec des œuvres à 1 000-1 500 euros sans mettre à mal leur portefeuille. Ils se sont dit qu’il fallait acheter avant que ces artistes n’entrent dans des galeries. Certains ont même été moteurs vis-à-vis des galeries en leur faisant des pressions amicales pour qu’elles aillent voir certains artistes. Ils ont pour une fois l’occasion de découvrir avant les galeries, alors qu’habituellement ils viennent dans un deuxième temps. »

Les galeries ont pourtant l’habitude de faire leur marché dans de tels raouts. Aussi bien Hervé Loevenbruck que Benoît Porcher ont acheté cette année des pièces de Fabien Souche à Montrouge. D’autres ont intégré les artistes à leur programme. Ainsi Théo Mercier et Marion Tampon-Lajarriette, intronisés l’an dernier à Montrouge, ont-ils été exposés dans la foulée respectivement chez Gabrielle Maubrie et Dix9. 

Après avoir été montrée chez Jean Brolly, Farah Atassi vient d’intégrer la galerie Xippas. Dans la fournée 2010, Mathieu Cherkit bénéficiera d’une exposition chez Jean Brolly, tandis qu’Aurore Pallet devrait figurer dans une exposition de groupe chez Claudine Papillon.

Les artistes de « Dynasty » ont pour une bonne part d’entre eux déjà rejoint des galeries. Le duo Louise Hervé et Chloé Maillet a fait l’ouverture de la galerie Marcelle Alix l’an dernier. Cette dernière les a aussi exposées en janvier dans le cadre de l’échange « Berlin-Paris ».

L’univers énigmatique de Benoît Maire et le corps-à-corps avec les matériaux de Stéphanie Cherpin figurent chez Cortex Athletico à Bordeaux. Maire a même joui cette année d’un « Art Statements » à la Foire de Bâle après avoir été adoubé sur la foire off Liste. Jouant sur un réalisme que le fantastique et l’étrange viennent miner, le peintre Armand Jalut a été montré à plusieurs reprises par la galerie Michel Rein. À l’affiche chez Balice Hertling, Oscar Tuazon bénéfice d’un écho important dans le milieu des curateurs et des collectionneurs pointus. Achetée par François Pinault, la jeune Camille Henrot présentée par Kamel Mennour est nominée pour le prix Marcel Duchamp 2010. Un buzz surprenant accompagne déjà le travail de Raphaëlle Ricol, actuellement exposée chez Polad-Hardouin. Le catalogue de l’exposition a même été financé partiellement par la Fondation François Pinault. Que les institutions, après avoir célébré les vieux routiers de l’art français, misent enfin sur l’émergence est salutaire. Reste à espérer que musées et marché sauront accompagner ces jeunes pousses sur la durée.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°328 du 25 juin 2010, avec le titre suivant : Accompagner les jeunes pousses

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