Un tour des galeries : Londres

Par Roger Bevan · Le Journal des Arts

Le 1 mai 1994 - 1077 mots

Mark Wallinger expose avec Antony Reynolds.

La Frith Street Gallery, cinq ans après sa fondation par Jane Hamlyn dans un hôtel particulier du XVIIe au sud de Soho Square, ouvre deux nouvelles salles d’exposition, situées au rez-de-chaussée et au sous-sol d’un immeuble adjacent. La réputation de la galerie repose sur sa promotion du dessin contemporain et des œuvres sur papier. Ce type d’expositions continuera à occuper une place importante. Mme Hamlyn inaugure les nouvelles salles par une exposition de tableaux récents de Callum Innes (du 5 mai au 18 juin), le peintre britannique qui a exposé au ICA en 1992, et de Juan Usle, le peintre espagnol qui figura dans “Mundazas” à la Whitechapel Art Gallery. Par contre Alec Gregory-Hood prend sa retraite et ferme la New Roman Gallery. Il avait déjà dû quitter Bruton Place pour un petit bureau dans Dover Street, quand son association avec James Mayor et David Grob fut dissoute en 1991. Au cours de presque trente années de carrière, Alec Gregory-Hood a découvert et fait connaître un nombre remarquable de peintres anglais contemporains, parmi lesquels Michael Craig-Martin, Bridget Riley, Sean Scully, Antony Green et Phillip King. Il continuera à gérer leurs affaires depuis sa nouvelle adresse, 54 Stamford Court dans Goldhawk Road.

Gérard Faggionato, ancien directeur du département d’art contemporain chez Christie’s, a ouvert une nouvelle galerie. Au début de l’année, il a inauguré Faggionato Fine Arts, au second étage du 180 New Bond Street, le siège social londonien de Boucheron, et on peut y voir sa première exposition, des photographies de Barbara Ess (jusqu’au 20 mai). Faggionato vendra également des œuvres d’art moderne et contemporain.

À Dering Street, Anthony Reynolds propose “The Full English”, une nouvelle exposition de Mark Wallinger, la cinquième depuis sa sortie des Beaux-Arts en 1986 (jusqu’au 14 mai). Elle présente deux nouvelles œuvres qui évoquent le caractère britannique et son attitude vis-à-vis de la sexualité, la pudibonderie et l’exhibitionnisme. L’une des œuvres est une grande sculpture d’un couple d’acteurs, coulés dans la résine et revêtus au-dessus des genoux d’un déguisement de cheval de pantomime, ajoutant un élément de dérision à “A Real Work of Art”, son projet d’art conceptuel concernant un cheval que l’on entraîne pour la prochaine saison des courses de plat. Comme le suggère le titre de cette œuvre, Behind You, les deux acteurs semblent engagés dans un acte homosexuel. Elle occupe le rez-de-chaussée de la galerie, à côté d’une immense photographie d’une foule d’amateurs de football se rendant à Wembley, pour le récent match international Angleterre-Pologne. On aperçoit dans la foule le drapeau anglais portant le nom de l’auteur.

Mark Wallinger est l’un des six artistes participant à Every Now and Then (jusqu’au 21 mai), qui se tient dans les locaux de Richard Salmon à South Edwardes Square. L’exposition est organisée par Peter Cross, administrateur de Rear Window, la galerie itinérante créée par Juliet Steyn et Alex Sainsbury, avec Peter Cross, en 1992, et dont le siège social est une boutique d’Holborn. Les autres participants sont Glenn Brown, Morgan Doyle, Jonathan Parsons, Joao Penalva et Nicole Ward-Jouve.

Annely Juda expose de nouvelles sculptures de Roger Ackling (du 12 mai au 18 juin). Utilisant un verre grossissant et les rayons solaires, l’artiste brûle de fines bandes horizontales à la surface de petits fragments de bois flotté.

Les portraits d’Andy Warhol des années soixante-dix et quatre-vingt sont exposés chez Anthony d’Offay (jusqu’au 28 mai). L’exposition des photographies d’Andy Goldsworthy, organisée par le marchand de l’artiste, Michael Hue-Williams, se poursuit chez Grob jusqu’au 27 mai. On peut voir une sculpture en pierre dans la vitrine du 15 Cork Street, la nouvelle salle ouverte par Hue-Williams, et un troisième lieu d’accueil pour l’exposition a été négocié à court terme. Il s’agit de l’ancien siège londonien de la boutique de mode Gucci, le superbe immeuble à façade de verre situé au 27 Old Bond Street, où Goldsworthy a construit une installation d’arches de pierre reposant sur du sable. Il expose également une série de dessins de boules de neige.

Dans Cork Street, Waddington présente une exposition d’ensemble du cycle de l’Hourloupe de Dubuffet : peintures, œuvres sur papier et sculptures réalisées entre 1961 et 1974 (du 12 mai au 11 juin). La galerie Victoria Miró expose jusqu’au 13 mai quatre nouvelles œuvres et une sélection de dessins de Stephen Willats. Cette exposition a pour titre Random Life et seul le hasard dicte le choix des œuvres.

Dans d’autres galeries du West End, Lefevre présente jusqu’au 12 mai une troisième et dernière exposition sur les décors de scène d’Edward Burra créés pour la représentation à Covent Garden de Carmen (1946) et de Don Quichotte (1950). Marlborough expose de nouveaux tableaux d’Avigdor Arikha (du 6 mai au 4 juin). De récents tableaux et une vidéo de Susan Hiller sont exposés chez Gimpel (jusqu’au 14 mai) ; c’est la seconde partie d’une exposition qui s’est tenue au Freud Museum dans le nord de Londres (jusqu’au 24 avril) et qui comprenait des fioles de verre contenant les cendres d’œuvres qu’elle avait brûlées.

Pour la Serpentine Gallery, Damien Hirst a organisé une exposition qu’il a intitulée “Some Went Mad... Some Ran Away” (du 4 mai au 5 juin). Parrainée par la marque de crèmes glacées Häagen-Dazs, elle présente quinze artistes contemporains du monde entier : Ashley Bickerton, Sophie Calle, Angus Fairhurst, Kiki Smith, représentée par “Virgin Mary”, personnage en cire colorée, et Hiroshi Sugimoto. Hirst lui-même expose Ammonium Biborate, une grande et nouvelle peinture mouchetée et Away from the Flock, un agneau conservé dans du formol et présenté dans un cube de verre et d’acier.

Dans l’East End, la Whitechapel Open se tient deux fois l’an à la Whitechapel Art Gallery ainsi qu’à Atlantis près de Brick Lane (du 6 mai au 26 juin). Cette opération concerne 250 artistes locaux dont les œuvres ont été sélectionnées par la directrice Catherine Lampert, les organisateurs d’expositions James Peto, Christine Borland (artiste de Glasgow) et le peintre Sheila Girling. Un événement supplémentaire, l’East London Open Studios, durant lequel les artistes locaux ouvrent leurs ateliers aux visiteurs, a été organisé (pour tous renseignements au sujet des visites en autobus le week-end ou accompagnées d’un guide à £ 2 (18 F), téléphoner de Paris au (19) 44 71 377 50 15). Purdy Hicks présente une troisième exposition de Michael Finch, qui vit, depuis 1992, près de Paris (du 20 mai au 18 juin). Ses nouvelles peintures s’inspirent des paysages découverts en voiture ou en train entre Senlis et Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : Un tour des galeries : Londres

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