Prague

La première foire internationale d’art contemporain s’annonce mal

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1994 - 496 mots

Manque de préparation et coûts élevés découragent les exposants.

PRAGUE - La première foire internationale d’art contemporain organisée à Prague, qui se tiendra du 12 au 15 mai au Palais de la culture de la ville, s’annonce sous de sombres auspices. Baptisé, "L’Art à Prague, foire internationale de l’art pour l’Europe centrale et orientale", elle se présente comme un événement pour les galeries et les artistes d’Europe centrale et orientale. Mais de tous les pays de l’Est, seule la République Tchèque est présente avec une unique galerie privée, la galerie Spicka de Prague. L’aspect international de la foire se réduit, pour l’instant, à la participation des Editions du Getty Museum et à celle de la Réunion des Musées Nationaux. Il est vrai que "L’Art à Prague" coïncide avec la Foire internationale du livre et le Festival des écrivains, qui en est à sa quatrième édition. Ces deux manifestations, dont la réputation n’est plus à faire, attirent les foules. Leur succès est dû en grande partie à leurs organisateurs, Michael et Hannah March qui dirigent Avencourt Exhibitions Ltd, dont le siège est à Londres mais qui a des bureaux à Prague, Moscou, Saint-Pétersbourg, Bucarest, Sofia et Cologne. Or c’est précisément le même couple qui préside aux destinées de la foire d’art contemporain. Pourquoi, cette nouvelle foire ne bénéficierait-elle pas de leur savoir-faire ?

Une méconnaissance de leur part du monde des arts plastiques, et des galeries en particulier, un manque d’informations aux éventuels participants, ainsi qu’un coût trop élevé pour les exposants semblent être les principales causes d’un probable échec. "Je n’ai jamais entendu parler de cette foire", déclare Jan Cerny, directeur de la galerie MXM qui représente beaucoup d’artistes contemporains importants en République Tchèque. Même écho chez John Altrichter de la galerie Pallas, spécialisée en art moderne et contemporain tchèque, qui réalise 90% de son chiffre d’affaires à l’exportation. En fait, beaucoup de galeries ont seulement eu connaissance de l’existence de ce projet lorsque The Art Newspaper les a interrogées sur leur éventuelle participation. Quant au coût minimal de location d’un espace d’exposition – plus de mille dollars –, il est jugé exorbitant par les galeries. "Un tel tarif exclut d’emblée les galeries tchèques", estime Blanka Jirackova, directrice de la revue Atelier. Cependant, Hanna March estime que "l’Art à Prague représente un succès, dans la mesure où elle est la première foire dans ce domaine". Elle pense que la manifestation se développera dans les prochaines années.

Néanmoins, pour cette première édition, "L’Art à Prague" peut s’appuyer sur de solides expositions organisées par les grandes institutions d’Etat, comme la Galerie nationale, le Musée national, le Musée des beaux-arts tchèque, le Musée des arts décoratifs et le Musée national des techniques. La Commission européenne – qui a accordé son parrainage à la manifestation – a organisé une exposition de photographies intitulée "Les places d’Europe", qui sera présentée à travers le pays pendant six mois. Elle est accompagnée d’un symposium sur la préservation et la conservation des œuvres d’art.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : La première foire internationale d’art contemporain s’annonce mal

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