Mai à Drouot

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1994 - 931 mots

Beaucoup de livres, un stradivarius et la succession du surréaliste Marcel Jean.

PARIS - Un mois de mai maigrichon à Drouot, caractérisé surtout par un nombre de ventes de livres de moyenne importance. Le 6 mai, Mes Beaussant et Lefèvre mettront sous le marteau la bibliothèque (quelque 150 volumes), ainsi que les souvenirs de Raymond Souplex, l’acteur qui incarnait à la télévision le commissaire Bourrel dans Les Cinq Dernières Minutes. En dehors de la carte de police factice utilisée dans la série, (estimée entre 1 500 et 2 000 francs), les amateurs pourront enchérir pour les œuvres complètes d’auteurs tels qu’Alphonse Daudet, Anatole France et Henry de Montherlant, et pour des lettres autographes adressées au comédien par des personnalités aussi diverses que Colette et Marcel Aymé.

Le 6 mai, Me Dominique Ribeyre mettra en vente des livres anciens, dont des incunables, des livres illustrés du XVIe au XVIIIe siècle et des livres illustrés modernes avec des reliures décorées de Chadel, Cretté, Levitzky et Maylander, entre autres. La vente sera complétée par des livres ayant appartenu à Elvire Popesco, avec des dédicaces d’auteurs, dont Jean Cocteau.

Le 9 mai, Mes Laurin, Guilloux, Buffetaud, Tailleur tiendront une vente de livres illustrés modernes et de livres anciens. Parmi les premiers, La Prose du Transsibérien de Blaise Cendrars, La fin du monde de Sonia Delaunay, L’Enchanteur pourrissant d’Apollinaire et Le Corbeau d’Edgar Poe, traduit par Mallarmé et illustré par Manet. Pour les livres anciens, un exemplaire des Liaisons dangereuses de Laclos en marocain de l’époque, un ensemble d’œuvres de Gérard Nerval, et des poèmes autographes d’Apollinaire.

Le 25 mai, Me Jacques Tajan mettra en vente des livres rares anciens et modernes, dont des incunables, des livres illustrés et des éditions originales des XVIIIe et XIXe siècles ainsi que certains livres ayant appartenu à Elvire Popesco. La même étude vendra le 18 mai les monnaies de la collection Manuel Canovas. Elle organise le 26 et 27 mai une vente d’objets et meubles Haute Epoque et le 27 mai, une vente de dessins anciens de Hubert Robert, Trinquesse, Redouté, Parrocel et Delacroix.

Flacons à parfum et boîtes en or
Pour faire suite à la vente en janvier de plus de 20 000 volumes de la librairie de Pierre Poisot – grand lettré, alpiniste, gourmet et bibliophile –, Mes Audap, Solanet, Godeau, Velliet disperseront le 27 mai les quelque 3 000 livres de sa très éclectique bibliothèque personnelle : on y trouve, entre autres, des ouvrages sur le Dauphiné, la Franche-Comté, les voyages, la médecine, les sciences anciennes et occultes, la gastronomie, ainsi que des atlas, des éditions rares de Rabelais et des études sur la vie du curé de Meudon.

Dans le domaine de l’art contemporain, Me Catherine Charbonneaux vendra le 30 mai une "exceptionnelle collection" comprenant une vingtaine d’ouvrages de 1925 à 1970 signés Henri Michaux, René Char, P.A. Benoît, André Breton, illustrés de gravures originales et estimés entre 1 000 et 6 000 francs. La vente comprendra aussi un ouvrage de Freud, Moïse et le Monothéisme, illustré de dix gravures, signées, de Dali, et estimé 30-40 000 francs.

Le 4 mai, Mes Pescheteau, Badin, Ferrien mettront aux enchères presque trois cents "précieux objets de vitrine" : plus de quatre-vingts miniatures sur ivoire et porcelaine des XVIIIe et XIXe siècles, estimées entre 2 000 et 15 000 francs, des étuis, cachets, flacons à parfum et boîtes en or. Une boîte ovale en or émaillé jaune sur fond guilloché par le maître-orfèvre Blerzy, vers 1770, est estimée entre 120 000 et 130 000 francs, une collection d’objets en nacre vers 1830 autour de 120 000 francs.

Pour les collectionneurs des arts décoratifs des années cinquante, Mes Oger et Dumont disperseront le 9 mai un ensemble de meubles, objets et tapisseries réalisés par Mathieu Mategot, qui s’est particulièrement intéressé à l’emploi du métal perforé et laqué.

Le 11 mai, Me Christian Delorme annonce une vente d’affiches françaises et étrangères sur de multiples thèmes par, ou d’après des artistes tels que Bonnard, Helleu, Savignac, Steinlen, Vallotton, Vuillard et Toulouse-Lautrec, dont Le Divan japonais de 1893 est estimé autour de 60 000 francs.

Un stradivarius estimé 5,5 millions de francs
Mes Millon et Robert se mettront au diapason le 15 mai, au Palais des Congrès, pour la vente d’une centaine d’instruments de musique, dont un violon par le plus mythique des facteurs, Antonio Stradivari, dit Stradivarius, qui en a fabriqué quelque 1 100, dont 400 sont encore entre des mains privées. Celui qui sera vendu le 15, sur une estimation de 5,5 millions de francs, est du modèle "Longuet" de 1696. Parmi les autres lots, trois violons italiens du XVIIIe siècle par J.B. Rogeri, J.B. Gabrielli et J.A. Gagliano, trois violoncelles français de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, par Vuillaume, Chardon père et fils et Pierre Hel, et un violoncelle italien du début du XXe siècle par Pedrazzini.

Me Boisgirard vendra le 20 mai la succession de l’artiste surréaliste Marcel Jean, dont Jacques Prévert disait "Né à La Charité-sur-Loire, dans la Nièvre, peut-être aurait-il pu tout aussi bien naître à Poil ou à La Machine, dans la même zone, départementalement au lieu de théologalement." Parmi les lots, des eaux-fortes, dessins et gouaches de Marcel Jean, estimés entre 1 000 et 6 000 francs, des compositions de Jean Arp, estimées autour de 50 000 et 100 à 130 000 francs et des œuvres d’Oscar Dominguez (Exacte sensibilité, une huile de 1937 estimée 400-500 000 francs et un objet, Ouverture ou objet de 1936, estimé 120-150 000 francs), avec qui il a travaillé à Barcelone avant la guerre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : Mai à Drouot

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