New York

La nouvelle Foire internationale des beaux-arts sous de bons auspices

La liste des exposants et la qualité des œuvres exposées annoncent un événement d’importance

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1994 - 1085 mots

Quelque soixante-dix marchands internationaux, dont les plus grands, vont participer à la nouvelle Foire internationale des beaux-arts qui se tient du 13 au 17 mai à New York. Le prix moyen d’un stand sélectionne d’emblée les exposants : 16 500 dollars (97 500 francs), soit un peu plus que celui d’un bon emplacement à Grosvenor House (Londres) l’an passé.

NEW YORK - En choisissant de se cantonner au domaine de l’amateur éclairé – tableaux, dessins et aquarelles des maîtres anciens et du XIXe siècle ; sculptures et médailles européennes ; tableaux et aquarelles américains –, la foire laisse augurer un haut niveau de qualité.
La majorité des galeries se trouve dans les sections "Tableaux de maîtres anciens" et "Dessins et aquarelles de maîtres anciens", suivies de près par la section "Art du XIXe siècle". Parmi les noms les plus éminents, on relève Colnaghi, Agnew’s, Hazlitt, Saint, Sainty Matthiessen, Bob Haboldt et Patrick Perrin ; Danny Katz et Alex Wengraff ouvrent la rubrique "Sculptures".

Trois grandes sections regroupent des galeristes célèbres
Environ trente participants viennent de New York et d’autres galeries américaines (y compris des marchands qui ont des succursales européennes). Les autres se répartissent entre Londres, Paris, Amsterdam, Munich, Hambourg, Munster et Salzbourg. Plusieurs grands noms présentent des œuvres dans deux ou trois sections, soulignant les liens qui existent entre elles et qui peuvent contribuer à l’intérêt du visiteur. C’est peut-être pour respecter ces liens que les organisateurs ont décidé de ne pas diviser l’espace par catégories – comme à Maastricht par exemple – mais de mélanger les stands. Quel que soit leur prestige, les marchands d’art soulignent avec insistance qu’ils présenteront des œuvres abordables pour les collectionneurs plus modestes. Neal Fiertag, de Paris, est spécialisé dans les dessins et la sculpture des XVIIIe et XIXe siècles français ; on trouvera sur son stand une étude à la craie pour un tableau de Winterhalter des collections royales anglaises, mais ses prix démarrent à 3 500 dollars (20 710 francs). Dans la section "Sculpture", Alex Wengraff a des médailles à partir du même prix et de petits tableaux à partir de 17 000 dollars (100 500 francs) ; David et Constance Yates ont des médailles du XIXe siècle à partir de 1 000 dollars (5 900 francs). David Jones, de Paris, présentera des dessins de maîtres anciens – dont un carton de Mengs récemment découvert et une tête masculine par Guido Reni – mais ses prix débutent à 5 000 dollars (30 000 francs).

Tableaux, sculptures, dessins, des meilleures signatures
Plusieurs participants ont compris l’engouement des Américains pour Barbizon, comme la Galerie d’Orsay, de Paris (qui présente aussi des orientalistes, des pompiers, et des œuvres de la Belle Époque) ; Schiller & Bodo, de New York (œuvres de Corot, Harpignies et Daubigny, mais aussi Gérôme, Sorolla et Raffaelli) ; Thomas Colville, de New Haven (qui présente également des peintres américains, dont les néo-impressionnistes Theodore Robinson et Henry Hubbell).

On a remarqué depuis l’année dernière que les Américains achètent de nouveau des impressionnistes et la foire a de nombreux stands où l’on peut admirer les meilleures signatures : Renoir (dont la Jeune Femme arrangeant sa chemise), Manet, Pissarro et Morisot chez Hammer Galleries, de New York ; Pissarro, Degas, Sisley, Seurat, Vuillard et d’autres (dont une toile nabi de Bonnard récemment exposée à Orsay) chez JPL Fine Arts, de Londres ; Caillebotte (dont La Seine à Argenteuil, jadis dans la collection de Renoir), Forain et Morisot chez Hopkins Thomas, de Paris. Ce dernier stand présentera aussi un marbre blanc de Rodin, Éveil d’Adonis, de 1889. Les œuvres annoncées chez les marchands de maîtres anciens indiquent un respect général des tendances et des prix. Peu de choses en matière d’objets, avec l’accent mis sur le baroque italien, dont un nombre surprenant d’œuvres religieuses, plus des toiles des XVIIe et XVIIIe siècles français.

M. Roy Fisher, de New York, a apporté une Libération de saint Pierre de Salvator Rosa, récemment découverte, et un séduisant couple de Nymphes de Crespi, dans leurs cadres bolonais d’origine. Piero Corsini proposera un très grand retable de Procaccini, La Trahison du Christ, étroitement apparenté à deux autres tableaux de même taille, aujourd’hui à Sheffield et Edimbourg. Trafalgar Galleries, de Londres, présentent Les Évangélistes Marc et Luc par Matthias Stomer, une Déposition de croix par Bassano, une Crucifixion par Philippe de Champaigne et une Vierge par Carlo Dolci. Dans un registre plus léger, mais de grande qualité, on trouvera sur le stand d’Alex Wengraff un Paysage avec chasseurs par Magnasco, Le Corps de garde par Van Loo, Diane et Actéon par Louis Galloche, et Apollon et Hyacinthe par Carlo Filippo. Parmi les découvertes récentes proposées chez Arnoldie-Livie’s, signalons une Allégorie du printemps par Gerard Honthorst, huile sur toile récemment exposée au Centraal Museum d’Utrecht.

Chez les marchands de sculpture
Danny Katz a décidé d’offrir un vaste éventail d’œuvres, mais toutes de très haute qualité : une paire de chenets par Aspetti, un groupe Thésée et le Minotaure par Bayre, un portrait de jeune fille par le néo-classique irlandais John Hogan, et une version du Spinario par Severo de Ravenne. La galerie avait d’abord eu l’intention de présenter aussi des tableaux de maîtres anciens mais, se trouvant placée entre Richard Feigen et Emmanuel Moatti, elle a finalement décidé de se concentrer sur sa spécialité.

Parmi les marchands de dessins
Thomas Le Claire (de Hambourg) propose plusieurs œuvres importantes : le Paysage classique au coucher du soleil, avec Mercure et Battus, par le Lorrain, est une étude préliminaire pour le tableau qui se trouve à Chatsworth ; la Descente de croix par Watteau est dérivée d’une composition de Bassano. Le stand de Bruno de Bayser présente une étonnante étude de chats, préparation pour l’illustration des Chats de Champfleury.

Hazlitt, Gooden et Fox, de Londres, seront présents dans plusieurs catégories : tableaux et dessins de maîtres anciens, tableaux et dessins du XIXe siècle français, quelques tableaux et dessins anglais. On y verra une paire de dessins par Ligozzi, une sanguine par Boucher (étude préparatoire pour le Daphnis et Chloé de la Wallace Collection) et un superbe Portrait d’un Anglais à Rome par Hugh Douglas Hamilton. Les prix vont de 10 000 à 100 000 livres sterling (88 000 à 880 000 francs).

L’importance de cet événement new-yorkais est renforcée par plusieurs expositions qui se tiennent en ville au mois de mai. Colnaghi, Hazlitt (avec une exposition de Katrin Bellinger) et Emmanuel Moatti (qui expose à la galerie Jack Kilgore) sont tous présents à la foire et dans la ville même.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : La nouvelle Foire internationale des beaux-arts sous de bons auspices

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