Drouot

L’union fera-t-elle la force ?

Un projet de fédération d’études parisiennes

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1994 - 552 mots

Le président Joël-Marie Millon poursuit un projet de fédération d’études parisiennes pour faire face à la concurrence anglo-saxonne.

PARIS - Lors d’une assemblée générale le 7 avril, le conseil de surveillance de Drouot a voté la poursuite d’un projet visant à fédérer une majorité des soixante-dix études parisiennes, avec l’aide de capitaux extérieurs, dès que l’entrée de ceux-ci aura été autorisée par le gouvernement. Vieux serpent de mer pour les uns, projet réaliste et plein d’avenir pour les autres, son but est de regrouper les commissaires-priseurs parisiens et de consolider leurs positions pour faire face à la concurrence de Sotheby’s et de Christie’s, dans l’hypothèse où ceux-ci obtiendraient l’autorisation d’exercer en France.

"Il s’agit de permettre à Drouot de racheter des études pour les fédérer, pour qu’il y ait une gestion verticale. Le regroupement est essentiel, et ne peut pas marcher sans une véritable organisation financière", nous a affirmé le président de Drouot, Me Joël-Marie Millon.

"On a réussi à faire de Drouot un nom qui a une valeur culturelle. Tout est réuni maintenant pour que les commissaires-priseurs de Paris deviennent partenaires – ou concurrents."
La prochaine étape du projet sera donc une analyse financière de ce que Me Millon appelle "le poids économique de Drouot", et la création, à plus long terme, d’une entité, "Drouot expertise", qui réunirait, sous une forme qui reste à déterminer, commissaires-priseurs et experts.

"Il faut que la majorité des soixante-dix études de Paris participent à cette future fédération. Certaines des plus grandes sont déjà prêtes à s’y joindre. C’est un projet d’avenir, mais qui doit se réaliser vite. Il faut se préparer pour l’arrivée des maisons anglo-saxonnes de façon à moins craindre l’avenir", nous a dit Me Millon.

Le lapin ne pointe que les oreilles
Aucune date n’a été fixée pour finaliser ce projet de fédération, mais Me Millon espère recueillir l’adhésion de ses confrères avant la fin de l’année. Les commissaires-priseurs parisiens que nous avons interrogés affichent envers le projet de Me Millon une attitude d’optimisme prudent – et un certain attentisme.
Selon Me Francis Briest, "il y a une atomisation de la profession qui est trop importante, ce qui ne veut pas dire trop de commissaires-priseurs, mais pas suffisamment d’entités solides. Je suis favorable à tout ce qui favorise la notoriété parisienne ; j’aime faire partie de tout ce qui est dynamique et réaliste. Mais Drouot n’est qu’une association, pour l’instant. J’attends de voir quelle sorte de lapin va sortir du chapeau. Il ne pointe que les oreilles pour l’instant".

Optimisme et prudence, chez Me Jean-Louis Picard : "Au début des années soixante, Etienne Ader avait prévu de regrouper les commissaires-priseurs par groupes de dix. Mais l’idée de Me Millon va plus loin. C’est une idée qui mérite d’être creusée. Ensemble, nous pourrions arriver à une qualité de vente capable de rivaliser avec les maisons anglo-saxonnes à Londres, à Monte-Carlo et à New York. Nous pourrions faire un nombre important de ventes magnifiques dans bien des domaines", nous a-t-il confié.

Quant à Me Jacques Tajan, il répond : "Est-ce que les confrères sont mûrs pour ça ? Je ne le pense pas. Regrouper, oui, mais dans quelles conditions ? Tout cela reste très flou. Entre un vœu pieux qui donne l’impression qu’on bouge et un projet réaliste, il y a un grand pas à franchir."

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : L’union fera-t-elle la force ?

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