Un projet ambitieux pour les musées de Venise

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1994 - 702 mots

Le nouveau maire de Venise, Massimo Cacciari et son assesseur à la culture, Gianfranco Mossetto, viennent de redéfinir dans un projet présenté le 7 avril, la carte du potentiel muséal de Venise et sa lagune. Le projet s’articule autour de trois pôles principaux : les grands musées de la place Saint-Marc, Correr et Palais ducal, puis la Ca’Rezzonico et les musées de la lagune (relance du musée de Burano pour la broderie, de Murano pour le verre), complété par un circuit écologique qui incluerait les îles de Pellestrina, Cavallino, et de Torcello.

VENISE - Le musée Correr et le palais des Doges abriteront les expositions d’art de leurs fonds. Le musée Correr s’agrandira de l’aile napoléonienne du palais, puis occupera ultérieurement – lorsque les assurances générales auront emménagé dans de nouveaux locaux – les Procuratorie Vecchie. Le musée disposera alors d’un espace de 30 000 m2. On pense déjà à un nouvel accrochage des collections du Musée Correr. Un comité international de conservateurs des grands musées sera constitué au mois de juin prochain pour définir une politique et un projet culturel. Un concours sera lancé pour la réorganisation des espaces.
Le Palais des Doges et le Musée Correr envisagent pour l’avenir des espaces communs pour exposer leurs collections permanentes.

La pointe de la Douane de mer
Les expositions temporaires seront organisées à la Pointe de la Douane de mer, lorsque la mairie de Venise récupérera les locaux occupés par le Ministère des finances, mais il semble qu’une concession ait été accordée à la Fondation Guggenheim.

Dans son rapport, l’adjoint à la culture mentionne les coûts importants que représente l’acquisition des nouveaux espaces des Procuratorie Vecchie et de la Pointe de la Douane de mer. Mais il semble assuré des répercussions économiques de cette opération de mise en valeur du patrimoine historique. Il entend lancer un emprunt international. En revanche, on peut disposer de fonds pour la restauration du pavillon italien, dans les "Giardini" de la Biennale, envisagé comme le pivot de l’art contemporain. On envisage de l’ouvrir toute l’année, pour des stages et des expositions temporaires. On pense également récupérer l’espace des Corderies de l’Arsenal, propriété de la marine militaire. Le pavillon italien devra assumer les fonctions de musée d’art moderne dès que l’on aura transféré les collections actuellement en dépôt à la villa Pesaro, dont la destination future n’est pas encore arrêtée.

Un projet franco-italien
Les travaux de la Ca’Rezzonico sont presque achevés. La programmation culturelle serait établie en collaboration avec la Réunion des musées nationaux. Ce projet d’échanges et de coproductions ne se limiterait pas à la peinture, mais incluerait la musique, le théâtre et la littérature.

Les musées de la lagune
Les musées consacrés à l’artisanat traditionnel du verre à Murano et de la dentelle à Burano seraient réaménagés. Sur l’île de Palestrina le Musée d’histoire naturelle deviendrait le Musée de la lagune et de la nature ; un aquarium serait ouvert sur l’île de Cavallino. Ce circuit écologique de la lagune prévoirait des sentiers botaniques sur les îles. Ces initiatives sont destinées principalement à un public de touristes et de scolaires.

Vers une meilleure gestion
Une réorganisation de la gestion des musées est prévue. Trois groupes sont définis : les musées gérés par la commune, musées d’art antique et d’art contemporain, avec un potentiel de visiteurs d’un million de visiteurs pour le premier et de 200 000 pour le second ; les musées gérés par la ville en collaboration avec des organismes privés, avec un potentiel de visiteurs de 50 000 à 60 000 par an comme la villa Rezzonico ; enfin, les musées privés, petits musées comme la villa Goldoni et le palais Mocenigo, centre des tissus. Le musée juif dans le ghetto de Venise, qui enregistre 10 000 visiteurs par an, est un modèle de bonne gestion dans cette catégorie.

Venise espère ainsi offrir à ses visiteurs des possibilités culturelles mieux définies ainsi que des circuits mieux adaptés, et améliorer grâce à cela le nombre d’entrées dans ses musées. Cet espoir se fonde sur l’exemple de Florence : la ville accueille 5 millions de visiteurs par an, dont 3 millions découvrent ses musées. Venise reçoit également 5 millions de touristes, mais deux millions seulement visitent ses musées.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : Un projet ambitieux pour les musées de Venise

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