Moscou

Les projets de la Galerie Guelman

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 mai 1994 - 492 mots

La première exposition en Russie des œuvres d’Andy Warhol et la seconde de Joseph Beuys ont eu lieu non pas dans un musée, mais dans la galerie privée moscovite de Marat Guelman. On y a vu 9 dessins de Beuys de la série Leonardo da Vinci, Code de Madrid, et cinq peintures sur soie de Warhol, de la série Alter ego, en provenance de la galerie new-yorkaise Ronald Feldman.

MOSCOU - La galerie Guelman est considérée comme l’une des plus "occidentales" de Moscou, bien que, comme bien des choses en Russie, la galerie et son propriétaire ne répondent pas aux normes étrangères habituelles et fassent preuve d’originalité. Guelman a trente-trois ans, et s’occupe, dit-il, de "business" d’art depuis cinq ans. Il a ouvert sa propre galerie il y a trois ans et demi, et a organisé trente-cinq expositions dans son propre local, quatre dans d’importantes salles d’exposition de Moscou, et sept à l’étranger. Le prix des peintures de ses artistes se maintient entre 7 000 et 14 000 dollars, (40 000 et 80 000 francs) et celui des dessins entre 300 et 700 dollars (1 700 et 4 000 francs).

Mais le cadre de sa profession est trop étroit pour lui. Il est connu comme l’auteur de "super projets". L’un d’entre eux, intitulé Conversion, et conçu en commun avec le Comité russe de la Défense, a déjà été réalisé à Moscou. Selon Guelman, le budget du projet suivant : Être russe, acheter russe, d’ici la fin de cette année, coûtera 600 millions de roubles, ce qui dépasse quelque peu le budget que le ministère de la Culture de Russie consacre cette année à l’art contemporain. L’idée de base du projet est de s’appuyer sur le patriotisme pour lancer une mode nouvelle, et rechercher une identité russe, ce qui, d’après Guelman, est aujourd’hui le problème le plus actuel de l’art russe contemporain.

La Bosnie et l’art postsoviétique
Cette année, Guelman entreprend la réalisation d’un autre projet qui, d’après lui, sera l’une des entreprises les plus importantes marquant les rapports mutuels entre l’art et la réalité à la fin du XXe siècle. Dmitri Vroubel, l’un des leaders de l’art russe postsoviétique, connu pour sa fresque du mur de Berlin, a commencé à travailler à une série de tableaux qui seront des illustrations du Nouveau Testament. Comme auparavant, Vroubel utilisera des photographies en guise de matériaux. Cette fois-ci, il se basera sur des photos des horreurs de la guerre de Bosnie. Expliquant son projet, Guelman dit : "Nous qui appartenons au monde postcommuniste, nous comprenons peut-être mieux que les autres ce qu’il y a derrière les massacres de la fin de ce siècle. Le communisme est la dernière utopie chrétienne. L’idée communiste a-t-elle discrédité l’idée du christianisme ? D’une façon ou d’une autre, nous portons la responsabilité du fait que le vide idéologique engendre l’énergie du séparatisme. Le Nouveau Testament, illustré par Vroubel, obligera les gens à réfléchir sur ce paradoxe, comme sur beaucoup d’autres choses."

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : Les projets de la Galerie Guelman

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