Louvre

Quel avenir pour le jubé de Bourges ?

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1994 - 579 mots

Les vestiges du jubé de Bourges seront réunis, le temps d’une exposition, au Louvre. La question de leur présentation définitive reste cependant toujours posée.

PARIS - L’idée de présenter le jubé de la cathédrale de Bourges au Louvre est née de la volonté de Fabienne Joubert, professeur à l’Université de Dijon – qui a consacré sa thèse à ce monument – et de Jean-René Gaborit, conservateur général, chargé du Département des sculptures au Louvre. S’appuyant sur les recherches historiques et archéologiques les plus récentes, ces deux commissaires ont conçu une véritable exposition-dossier. La précédente présentation de cette œuvre date de 1962, à l’instigation d’André Malraux, lors de l’exposition "Cathédrales". Une évocation qui resta figée pendant quelque trente ans.

Construit au milieu du XIIIe siècle, à l’entrée du chœur de la cathédrale de Bourges, long de 18 mètres et haut de 6,80 mètres, le jubé est détruit en 1757. Les chanoines de Bourges décident "d’embellir" et de mettre au goût du jour le chœur de la cathédrale. Le jubé médiéval est alors mis à bas et ses matériaux réutilisés dans les nouveaux aménagements confiés au sculpteur Michel-Ange Stodzt. En 1850, lors de nouvelles transformations, les onze reliefs du jubé gothique illustrant des scènes de la Passion du Christ, de l’Enfer et de la Trahison de Judas sont exhumés. Découverte spectaculaire, accompagnée bientôt de celle du relief central du Calvaire dans l’École des Frères de la doctrine chrétienne de Bourges. Ces éléments épars furent dispersés entre la crypte de la cathédrale, le Palais Jacques Cœur à Bourges et le Louvre. L’architecte diocésain Paul Gauchery, au XIXe siècle, a réalisé la première tentative d’inventaire et de restitution du jubé. Ses travaux constituent le fondement de toutes les études ultérieures. Aujourd’hui, il reste à choisir une présentation définitive.

Hostilité du clergé
En effet, s’il a été question un moment de remettre le jubé à son emplacement initial, l’idée rencontra l’hostilité du clergé local qui envisageait difficilement d’être coupé des fidèles. Par ailleurs, l’état du jubé nécessiterait la création pure et simple des parties manquantes, en tenant compte d’une documentation lacunaire portant sur certaines parties seulement. Dans ces conditions, plusieurs hypothèses ont été proposées. La présentation dans un musée de l’Œuvre, défendue par Jean-René Gaborit, consiste à construire un monument moderne à côté de la cathédrale. Bien que soumis aux Monuments historiques, ce projet n’a toutefois jamais vu le jour. Le ministère de la Culture et la direction du Patrimoine ne souhaitent pas créer de précédent et devoir accorder à toutes les cathédrales de France les crédits nécessaires à la réalisation d’un musée de l’Œuvre. En outre, cette proposition, requérant un concours d’architecture et pouvant entraîner des projets plus ou moins dérangeants, déclencha tollé et polémique. L’ultime solution – et peut-être la plus frileuse ! –, la présentation permanente du jubé dans la crypte de la cathédrale, recueille, pour l’heure, la majorité des suffrages.

"Le jubé de Bourges".
Musée du Louvre - Aile Richelieu - Entrée par la pyramide.
Du 29 avril au 29 août 1994, tous les jours sauf le mardi, de 9h à 17h15 (21h15 les lundis et mercredis).
Tel: 40 20 51 51
Catalogue édité par la Réunion des musées nationaux, sous la direction scientifique de Jean-René Gaborit. Env. 80 francs.
Le Département des sculptures propose, parallèlement, un colloque international, ouvert au public, "Sculpture hors contexte", sous la direction scientifique de Jean-René Gaborit, qui permettra aux amateurs de mieux cerner les difficultés muséographiques auxquelles se sont heurtés les organisateurs de l’exposition.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : Quel avenir pour le jubé de Bourges ?

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